Une tragédie humanitaire se déroule à nos portes, au Sud, dans une zone immense qui comprend 8 pays, du Tchad à l'Est jusqu'au Sénégal à l'Ouest où des populations sont en train de crier famine. Manque d'eau, MTH (le paludisme et le choléra), sont le lot quotidien de quelque 340 000 refugiés, qui ont fui les zones de combat dans le nord du Mali, où sévissent les groupes armées islamistes, Ansar Eddine et le Mujao, pour s'entasser dans des camps de refugiés en Algérie, au Niger, en Mauritanie, au Burkina-Faso. Cette situation vient compliquer davantage celle des populations des pays d'accueil, déjà mal en point à cause de la sécheresse qui y sévit, pour la troisième fois en 10 ans, de maigres récoltes, de l'inflation des prix des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux, et de la multiplication de conflits. Ce son,t en tout, quelque 10 millions de personnes qui ont actuellement besoin d'une aide d'urgence. Mûes par ce désastre humain, les organisations humanitaires en appellent à la solidarité de la communauté internationale. Le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés(HCR) lance un signal d'alarme, face à ce qu'il qualifie de « l'une des urgences humanitaires les plus négligées au monde» et clame la faiblesse des ressources face aux besoins croissants des réfugiés indiquant que, sur un appel de fonds d'un montant de 153 millions de dollars, le HCR n'a reçu que 49,9 millions.«Quand vous avez plus de 250 000 personnes arrivées dans des zones semi-désertiques de pays sans littoral, avec d'énormes problèmes logistiques, quand ces pays eux-mêmes sont confrontés à des défis exceptionnels non seulement en matière de développement mais aussi dans leur capacité à nourrir leur propre population, il est évident que toutes les ressources que nous pouvons trouver restent longtemps inférieures aux besoins auxquels nous sommes confrontés», a déploré le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, affirmant que la crise des réfugiés maliens, est l'une des urgences les plus négligées au monde. Depuis le début du conflit en janvier, plus de 250 000 Maliens se sont réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger, tandis que 167 000 autres sont des déplacés à l'intérieur même du pays. Outre cette crise régionale, les pays du Sahel font partie des pays déjà menacés par la crise alimentaire. Une situation qui n'est pas pour arranger les problèmes de refugiés de la guerre, entassés dans des camps de fortune. Autant de personnes qui ne semblent pas bénéficier de l'élan de solidarité souhaité en dépit des signes de détresse lancés par divers organismes. Le HCR rencontre des difficultés pour couvrir les besoins des réfugiés. Malgré quelques dons, l'agence pour les réfugiés n'a reçu jusqu'à présent qu'un tiers des fonds nécessaires pour aider les Maliens réfugiés. Sur un appel de fonds d'un montant de 153 millions de dollars, le HCR n'a jusqu'ici reçu que 49,9 millions de dollars, soit 32,4%. Le gouvernement américain a contribué à hauteur de 27 millions de dollars pour aider les réfugiés maliens. Le chef du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), António Guterres, en visite en Côte-D'ivoire, a voulu attirer l'attention de la communauté internationale sur la crise humanitaire que le conflit au nord du Mali a provoquée. Il dira aussi espérer convaincre les pays donateurs de prendre des mesures positives en faveur des réfugiés maliens et des pays qui les accueillent, à savoir la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso. Quelques semaines plus tôt, c'était Michel Olivier Lacharité, responsable des programmes Médecins sans frontières (MSF), qui attirait l'attention de la communauté sur la situation d'un million d'enfants qui souffrent de malnutrition dans le Sahel suite, notamment, à la même crise malienne. Un nombre qui n'a jamais été aussi important, avec une estimation de l'Unicef de 2 millions d'enfants mal nourris sur l'année 2012.Le Programme alimentaire mondial (PAM) affirme avoir apporté une assistance alimentaire aux personnes déplacées, internes et aux réfugiés au Mali, en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger dans le cadre de son opération régionale d'urgence au Sahel qui vise à venir en aide à environ 9,6 millions de personnes touchées par la crise. La nouvelle opération régionale d'urgence du PAM prévoit d'atteindre plus de 300 000 déplacés, internes et 255 000 réfugiés. Le PAM, qui est en train d'évaluer attentivement la situation sécuritaire au Mali, notamment dans le nord du pays où ses activités ont été perturbées, indique que «dès que les activités auront repris, le PAM compte mettre en place une opération d'urgence pour soutenir 1,02 million de personnes en 2012». «Depuis la prise et l'occupation des régions du nord du Mali par des groupes rebelles armés, la situation humanitaire ne cesse de se détériorer.» C'est le constat, que fait l'US/AID, un organisme humanitaire du gouvernement américain qui a débloqué, au titre de l'année 2012, 68 millions de dollars (avec un rajout de 10 millions de dollars) d'aide humanitaire au profit des populations nécessiteuses du Mali victimes du conflit au Nord et de la crise humanitaire à grande échelle dans le Sahel. L'Algérie, pour sa part, a été parmi les premiers pays à avoir consenti aux pays voisins du Sud, une aide multiforme sous la forme d'un don alimentaire de 10 millions de dollars, mettant en place un véritable pont aérien ayant permis aux organisations humanitaires notamment le Croissant-Rouge algérien(CRA), avec le concours de l'ANP, d'acheminer des denrées alimentaires de première nécessité vers le mali , le Niger et la Mauritanie. A. R.