La pièce de théâtre l'Autre de l'association Ibdaa El Djazaïr d'Oran a été présentée samedi dernier au palais de la culture Moufdi Zakaria, mais en l'absence de public. Adaptée par Mohamed Missoum du roman le Neveu de Rameau du philosophe français Denis Diderot et interprétée par le duo Abdallah Nemiche et Amine Missoum, qui en est également le metteur en scène, la pièce traite des conflits internes de l'être humain. Du genre théâtre expérimental, ce spectacle, qui a décroché le prix de la meilleure interprétation masculine en avril dernier au Festival international du théâtre amateur francophone Fiesta à Perm (Russie), s'est déroulé sur une scène nue, car considérant le décor comme un acteur passif, en l'éliminant, on «dirige» l'observateur, le spectateur, vers l'essentiel dépouillé de tout accessoire, tout en l'invitant à faire jouer son imagination pour «meubler» le propos et créer l'ambiance. Hélas, pour l'Autre il n'y eut ni de décor ni de spectateurs. Pour Amine Missoum, la cause principale de l'absence du public est les mauvaises médiatisation et communication des organisateurs de cette troisième édition du Festival national du théâtre professionnel. Déplorant cet état de fait, il ajoutera que «toutes les pièces programmées» au palais de la Culture depuis le début du festival ont vécu le même sort, à savoir «jouer sans public», a-t-il expliqué, en s'interrogeant cependant sur les autres raisons de cette déficience. En fait, aux lacunes de l'organisation qui sont avérées tant en programmation qu'en médiatisation, s'ajoute le problème de l'inexistence de moyens de transport de et vers le palais de la Culture, problème que nous avons déjà évoqué, qui décourage tout déplacement. Il en est de même avec le problème du stationnement qui vous fait réfléchir par deux fois avant de décider d'aller au spectacle au TNA ou ailleurs. Evidemment, les organisateurs n'ont pas pensé à demander, exceptionnellement, l'établissement d'une desserte, comme ça se fait partout ailleurs. Ainsi, quand bien même on aurait un bon programme et une bonne organisation, on ne garantit pas pour autant l'afflux du public. Qu'en serait-il alors quand l'organisation laisse à désirer !? La réponse est donnée par le sort réservé au spectacle de l'association Ibdaa El Djazaïr qui a fait les frais de cette mauvaise gestion de la culture. Car on ne peut accuser cette association d'être responsable de son malheur. Son palmarès parle pour elle. La troupe a décroché plusieurs distinctions, dont le prix du meilleur spectacle lors du 11ème Festival de théâtre pour enfants à New Delhi (Inde, novembre 2007), celui du meilleur spectacle au Festival 2007 du théâtre amateur à Mostaganem, ainsi que ceux de la meilleure scénographie lors du Festival de théâtre universitaire à Monastir (Tunisie) et du Festival de théâtre pour enfants à Arzew. H. G.