Les derniers incendies n'ont pas été sans conséquences sur la production céréalière. L'Algérie devra même importer du blé. Et pour cause, les prévisions annoncées hier sont moins importantes que celles de juin dernier. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a en effet revu hier les prévisions de production à la baisse (4 millions de quintaux (qx) en moins par rapport au chiffre donné en juin dernier). Le département de Benaïssa tablait en effet sur une production oscillant entre 56 et 58 millions de quintaux. Mais, selon les derniers chiffres, la production pour la campagne 2011-2012 devrait se situer autour de 52 millions de quintaux.Jugeant la récolte «assez bonne», le ministre dira : «Début juin nous avons annoncé qu'on ferait entre 56 et 58 millions de quintaux. Maintenant, on est en train de parler de 52 millions quintaux en raison de la canicule et également des incendies qui ont touché quelques parcelles» de terres agricoles. Et d'ajouter : «Les derniers chiffres dont je dispose situent la production entre 52 et 54 millions de quintaux. Les confirmations sont en cours». Si les chiffres ne sont pas encore confirmés, la décision de l'Algérie d'acheter du blé sur le marché international est déjà prise. Une question d'anticipation selon le ministre, lequel estime «précipitée» l'annonce du directeur de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), M. Noureddine Kehal, en juin dernier, portant sur l'arrêt des importations du blé dur et de l'orge pendant cette campagne. Benaïssa explique le recours au marché international par la canicule et les annonces de la flambée des cours du blé. En d'autres termes, il s'agit, selon l'invité de la Chaîne III, d'achats anticipés dont le but est d'assurer la sécurité de l'approvisionnement du pays. «Il ne s'agit pas de question d'humeur mais plutôt d'actions stratégiques structurées», a-t-il tenu à préciser, rappelant par la même occasion les annonces concernant la flambée des prix. «Quand il y a des annonces de ce genre (hausse des cours Ndlr), il faut d'abord savoir si elles sont fondées ou simplement conjoncturelles. Nous sommes les premiers à réagir dans le monde, nous avons réagi en l'espace de un à deux mois», a-t- il dit.Pour rappel, en août dernier, l'Oaic avait acheté 500 000 tonnes (T) de blé dur pour couvrir les besoins du début de l'année 2013. Cette opération est intervenue après celle de juin dernier portant sur l'importation de 600 000 T de blé tendre au prix de 286 dollars/T contre un prix actuel de 350 dollars/T. En plus des céréales, l'Algérie devrait recourir par ailleurs à des importations d'appoint de pomme de terre pour faire face à une éventuelle rupture des stocks et à la spéculation sur le prix. «Une éventuelle autorisation d'importation, qui sera conjoncturelle, servant à casser la spéculation et dont les quantités seront limitées et soumises à un contrôle de qualité», a déclaré Benaïssa à ce sujet avant de souligner : «La décision sera prise en fonction de l'évolution et avec les professionnels de la filière, pour éviter toute spéculation», a-t-il précisé. Ces importations d'appoint ne doivent pas dépasser les 2% de la production actuelle, qui avoisine les 4 millions de tonnes par an et sera confiée à des importateurs reconnus. Mais, pour le moment, la prudence est de rigueur : «Nous devons être vigilants, nous devons protéger la production nationale et ne pas la remettre en cause mais nous devons également éviter toute spéculation», a-t-il noté dans le même sillage démentant la baisse des stocks.En terme de croissance, les prévisions sont également à la baisse. Ce sera un taux à un seul chiffre. Le ministre table en effet sur un taux de 7% en 2012, en baisse par rapport au 10,5% réalisés en 2011. S. I.