Photo : M. Hacène De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Le logement se conçoit, se livre, se multiplie d'année en année mais les listes des demandeurs s'allongent : la résorption de l'habitat précaire continue de peser lourdement.La capitale de l'Est porte mal son nom surtout en évoquant un héritage empoisonné légué par les responsables qui se sont succédés à la tête du secteur de l'habitat et de l'urbanisme. Un véritable dilemme pour les collectivités locales et surtout pour la population, qui en souffre. Pourtant le nombre de logements livrés ou réalisés enregistré à Constantine donne le tournis. Paradoxe : plus on en livre, plus on en demande. Et du coup, les listes ne parviennent pas à être apurées en dépit des diverses formules de souscription ! Entre anciennes (Aadl, LSP) et nouvelles options (LPA, logement rural), les souscripteurs aspirent à des délais de réalisation raisonnables et les pouvoirs publics locaux mettent l'accent sur la qualité des ouvrages en chantier. Ainsi les multiples entreprises publiques et privées qui soumissionnent à travers les douze communes où sont inscrits les projets sont sommées de s'astreindre aux cahiers des charges sous peine de voir les marchés leur glisser entre les mains. La cadence est somme toute respectée, a-t-on signalé du côté de la Dlep. Même son de cloche chez les entrepreneurs en charge des projets en cours. Alors que sur un autre registre le ton étant plutôt à l'appréhension à cause des pénuries récurrentes des matériaux de construction. Ce qui pèsera lourd sur le coût final et le portefeuille du citoyen.
Grand décalage entre les dates de notification et le démarrage des projets Le logement promotionnel aidé (LPA), option introduite par le gouvernement pour résorber la demande et ainsi le flux des familles en difficultés, nourrit les espoirs des postulants dès lors que c'est l'ultime recours, compte tenu de leurs faibles moyens, pour entrevoir un toit. Mais le pari n'est pas gagné malgré les multiples souplesses étatiques. La problématique du foncier pose problème dans beaucoup d'endroits. Il faudra dégager des assiettes, en plus, les procédures administratives de notification des projets prennent beaucoup de temps, de l'avis d'un gestionnaire, ce qui retarde le lancement des travaux et plonge, par ricochet, le citoyen demandeur dans l'impatience. A Constantine le quota LPA consacré au public s'élève à 14 000 unités, réparties sur les différentes communes, dont 8 650 logements pour la daïra de Constantine. Un maximum. La demande ne cesse de s'accroître au point de faire naître des doutes sur les multiples opérations de relogement et les attributions antérieures. On ne peut plus clair sur la situation alarmante du secteur à Constantine. A titre d'exemple on citera parmi les entreprises retenues pour l'exécution du LPA, l'Office de promotion et de la gestion immobilière (Opgi) qui entamera les travaux lors du premier trimestre 2013. Lesquels travaux porteront sur la réalisation de 2 000 logements sur le site Aïn Nahas, 250 et 1 500 appartements de type F3 à Bekira et à la nouvelle ville Massinissa. La population qui bénéficiera de la première phase du projet est celle de Constantine (2 500 lgts), du Khroub (1 000 lgts) et de Hamma Bouziane (250 lgts). La troisième ville du pays n'en finit pas avec sa sempiternelle problématique d'éradication des habitations précaires. Elle peine à assainir une liste de demandeurs, qui remonte à des décennies. Certes des astuces ont été trouvées afin de responsabiliser les habitants de quartiers défavorisés en impliquant la population dans la confection des listings et dans le choix des sites de transfert. Mais la grogne demeure persistante à chaque livraison de quota. Dans ce contexte d'ailleurs les pouvoirs publics, après prospection, ont jugé utile d'accorder des programmes supplémentaires à la wilaya de Constantine pour mettre fin à cette situation contraignante. Toutefois, certains projets avancent à la cadence de tortue, d'où le cumul des retards. La résorption de l'habitat précaire dans cette wilaya demeure le cheval de bataille des collectivités locales. Une situation des contrats pour la résorption de l'habitat précaire (RPH), en 2011-2012, fait état de 5 250 logements partagés entre Ali Menjeli, Bekira, Khroub et Aïn Abid, avec respectivement 3 850, 500, 450 et 450 unités. Alors que le programme quinquennal 2010-2014 pour le même type de logements prévoit 16 900 unités qui seront réalisées à Ali Mendjelli, Aïn Nahas, Bekira et Zighoud Youcef. Les marchés sont en cours de finalisation rassurent les responsables du secteur. Au plan du coût il faut savoir que celui du logement, sans terrain, avoisine les 2 800 000 DA, et que l'apport personnel est de 600 000 DA, avec une aide étatique se situant entre 400 000 et 700 000 DA en fonction du salaire du postulant. Le crédit bancaire peut atteindre les 1 800 000 DA. En somme Constantine demeure toujours avide de quotas supplémentaires en matière de logement «étatique social» tant les listes des souscripteurs, toutes catégories confondues, sont entachées d'anomalies.