La campagne électorale est aujourd'hui à son douzième jour et elle peine toujours à s'emballer tant le désintéressement semble s'être installé. Hormis les partis qui ont des bases militantes, capables de mobiliser leurs militants et autres sympathisants, les autres prétendants aux élections locales trouvent tout le mal du monde à remplir les salles pour y animer les meetings. Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs changé de fusil d'épaule en préférant le contact direct avec les citoyens aux discours dans des salles fermées. Cedésintéressement, une étude du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle l'explique par «une campagne terne». Par la voix de la sociologue Nouria Remaoun qui était hier l'invitée de la rédaction de la Chaîne 3, le centre estime que «les discours sont toujours les mêmes, les programmes sont généralistes, peu différenciés et surtout émaillés de surenchères». C'est à juste titre que la sociologue s'est interrogée sur la spécificité des nouveaux partis, en plus du FLN et du RND, s'ils soutiennent tous le programme du président de la République. Selon Mme Remaoun, les raisons de la désaffection des électeurs par rapport aux précédentes joutes électorales s'expliquent par la manière avec laquelle les partis agissent, menant ainsi à une crise de confiance entre eux et les citoyens. Il y a un sérieux problème de crédibilité, affirme l'hôte de la radio qui a également pointé du doigt le nomadisme politique. Elle citera une enquête menée par le Crasc en 2007 dans la région ouest du pays qui a révélé que sur les «39 élus qui ont été interviewés, 18 ont changé de parti». Ce qui décrédibilise les élections. La sociologue estime que «plus que les questions politiques, ce sont les problèmes sociaux qui préoccupent les citoyens». Aussi conseille-t-elle aux candidats et à leurs partis politiques d'avancer des propositions concrètes qui s'adaptent aux réalités locales et des stratégies qui s'inscrivent dans la durée et non pas de revenir à la charge conjoncturellement, c'est-à-dire à chaque rendez-vous électoral. Entretemps, candidats et responsables de partis ont repris hier leur bâton de pèlerin pour tenter de trouver preneur avant la fin de la campagne. F. A.