Les formations politiques souffrant d'un manque d'adhérents et de sympathisants ne proposent pas de programmes consistants à même de susciter l'intérêt des citoyens, ont relevé des responsables de certains partis politiques. Ce désintérêt affaiblit la base militante, donc électorale, des partis «peu attractifs» notamment à l'approche des élections législatives, suscitant de nombreuses craintes de formations «en défaut d'attaches avec le peuple». La force d'un parti se mesurant au nombre de ses adhérents, plusieurs responsables approchés par l'APS expliquent l'incapacité de formations politiques, de par leur inertie, à drainer des adhérents. Pour le secrétaire général du mouvement En-Nahda, M. Fatah Rebiai, les partis politiques dont il est question n'apparaissent qu'occasionnellement, à la faveur d'échéances électorales pour s'éclipser tout de suite après l'annonce des résultats. Peu convaincus par les performances de leur «groupe», les adhérents préfèrent prospecter d'autres espaces donnant lieu ainsi au nomadisme politique. Un tel phénomène n'est toutefois pas dénué de visées, la véritable motivation étant dans la plupart des cas de se retrouver en tête des listes électorales au détriment des idées et programmes, a encore soutenu M. Rebiai pour qui les partis «doivent orienter dès le début leur intérêt vers les véritables militants». Il a par ailleurs imputé le retrait de confiance et l'exclusion au sein de certains partis à «l'absence de règles de l'action démocratique y compris l'alternance, par les urnes, aux postes de responsabilité». Le secrétaire général du mouvement Islah, M. Hamlaoui Akkouchi explique le peu d'intérêt des citoyens pour les partis par les «conflits» enregistrés au sein des formations, soulignant la nécessité d'accorder la priorité aux programmes susceptibles de servir la société. Souvent, a-t-il dit, dans ces «va et vient» d'un parti à l'autre les auteurs sont à l'affût d'opportunités à l'approche de chaque rendez-vous électoral pour se placer en tête de liste. De son coté, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), M. Miloud Chorfi estime que «l'inconsistance de certaines formations politiques résulte d'une crise interne qui menace leur capacité de composer avec les évènements et les derniers développements enregistrés sur la scène politique». Les cas d'exclusion enregistrés, ça et là, au sein des partis alimentent «une mauvaise habitude» contre laquelle il convient de lutter par la consécration «d'une gestion démocratique transparente à même d'éviter d'éventuelles secousses ou mouvements de redressement», a-t-il ajouté. Le nomadisme politique, habitude qui refait surface à l'approche de chaque échéance électorale, émane selon M. Chorfi, d'»une inconscience politique qui fait que la personne court après les postes et les intérêts conjoncturels». Pour sa part, M. Kamel Meddi, chargé de l'Information au Mouvement de la société pour la paix (MSP) a imputé le désintéressement des citoyens pour les programmes des partis politiques, en grande partie à l'absence de locaux de ces partis notamment dans les wilayas de l'intérieur du pays. «Le citoyen accorde généralement beaucoup d'importance à son image et à l'impact qu'elle pourrait subir s'il venait à adhérer à tel ou tel parti, d'autant qu'il trouve les programmes de tous les partis sont identiques», a estimé M. Meddi précisant toutefois que «le citoyen ne devrait pas être mis à l'écart, mais plutôt contribuer à défendre les idées auxquelles il croit». «Ce sentiment de désintéressement remonte aux années du parti unique lorsque seul un groupe bien défini de citoyens était autorisé à y adhérer», a fait savoir M. Meddi ajoutant qu'avec l'avènement du pluralisme politique, «l'adhésion aux partis s'est faite de manière anarchique». Pour lutter contre ce phénomène qui entrave sérieusement la pratique démocratique, M. Meddi préconise aux médias de mener des actions d'orientation en vue d'inciter les citoyens à jouir de leur «droit de cité». Par ailleurs, M. Djelloul Djoudi, un des dirigeants du Parti des travailleurs (PT) a affirmé que «les conflits internes qui opposent les responsables de l'ancien parti unique ont un impact négatif sur les citoyens qui refusent d'adhérer à d'autres partis» qualifiant ce «boycott» de «danger qui guette les formations politiques à l'approche des prochaines échéances». Pour M. Djoudi, ces conflits et la course pour les postes «nourrissent la déliquescence politique et limitent les idées et l'imagination politique», autant de facteurs à même de contribuer à enrichir l'action politique en Algérie. M. Kassa Aissi chargé de la communication au parti du Front de libération nationale (FLN), estime, pour sa part, que «la majorité des partis ne possèdent pas de programmes et sont à l'affût des rendez-vous électoraux pour surgir». Les anciens partis sont, de leur coté, appelés à «moderniser leur discours et leurs méthodes de travail avant qu'ils ne soient dépassés et ne perdent les moyens de leur politique», a-t-il conclu.