Photo : M. Hacène Par Abdelkrim Ghezali L'abstention n'a finalement pas été aussi énorme que le laissait penser la manière dont la campagne électorale s'est déroulée. Le désintérêt pour la campagne n'a pas confirmé le comportement des citoyens face aux urnes. Ce taux de participation, qui a dépassé la barre des 40% pour les APC et APW, peut s'expliquer par la forte participation des partis à ces élections et par la venue de nouveaux sigles dont certains comme le MPA ont fait la surprise. En effet le parti d'Amara Benyounès a fait une percée fulgurante et supplanté des formations comme le MSP et son Alliance, le FFS, le PT et le RCD. En s'imposant comme troisième force politique, le MPA bouscule la carte politique. En terme, de voix obtenues, le MPA se classe avec un peut plus de cinq-cent-mille voix, derrière le FLN avec plus de deux millions de voix et le RND avec plus d'un million de voix. Ce dernier a fait mieux que le FLN puisque qu'il a gagné quinze communes par rapport aux locales de 2007. Le FLN, même s'il domine la majorité, a perdu deux sièges par rapport à sa performance de 2007. Les grands perdants de cette consultation électorale sont les islamistes qui, en dépit de leur alliance, n'ont pas réussi à convaincre et ont même perdu six communes par rapport à leur score de 16 communes en 2007. Le FNA n'a pas fait mieux puisqu'il a perdu aussi six communes sur les quinze qu'il contrôlait pendant le mandat qui s'achève. Le FFS a aussi légèrement reculé puisqu'il a perdu une commune alors que le RCD en a gagné une par rapport à 2007. Enfin les indépendants et El Fadjr El Jadid ont réalisé de bonne performances avec 17 communes pour les premiers et 6 communes pour le second. Ces résultats reflètent, à travers l'important taux d'abstention (55,73% pour les APC et 57,06% pour les APW), le déficit de confiance des citoyens en ces institutions de base et intermédiaires censées être au service de la collectivité et dont le bilan est négatif. La majorité des électeurs s'interroge sur l'utilité des APC et des APW lorsque ces dernières ne disposent pas de prérogatives leur permettant d'agir et de décider sans se référer aux chefs de Daïras et aux walis. En d'autres termes, la réforme des codes communal et de wilaya est en deçà des attentes. Le centralisme politique et économique explique, d'une part, l'incapacité des collectivités locales à jouer leur rôle d'institutions de base de l'Etat et, d'autre part, le désintérêt des électeurs quant à leur renouvellement. Si les collectivités locales sont les laissées-pour-compte de l'Etat, elles ne peuvent servir d'école de démocratie ni de pierre angulaire de l'Etat de droit. Pour preuve, aucun chef de parti ne se porte candidat pour gérer une commune ou pour présider aux destinées d'une wilaya. Sous d'autres cieux, le président de la République passe par la commune et la région avant de devenir député. Manifestement, l'apprentissage de la politique et de la gestion des affaires publiques en Algérie, n'a aucune utilité.