Les universitaires qui sont intervenus lors du débat organisé, hier, par le quotidien El Moudjahid au sujet des élections locales, étaient unanimes à se sentir interpellés par la propension prise par le nombre de bulletins nuls enregistrés au terme des locales du 29 novembre. Pour l'universitaire Mhand Berkouk, «il faut bien méditer pourquoi on se retrouve avec un tel nombre de bulletins nuls». Un avis que partage l'enseignant Makhlouf Sahel pour qui, «le nombre est très important». «Jusqu'à présent, nous ignorons les raisons qui ont donné ce nombre», a-t-il ajouté. Une façon de dire qu'une explication scientifique est attendue de la part des spécialistes. A propos du taux de participation, M. Berkouk évoque une stabilisation en se basant sur une comparaison avec les dernières consultations électorales. M. Sahel préfère, pour sa part, parler d'un recul dans la participation. Il se réfère, contrairement à Berkouk, aux taux de participation enregistrés lors des élections de 1997. Il a noté, à ce propos, que «les conditions du scrutin n'étaient pas favorables à l'époque. Mais cela n'a pas empêché les citoyens de se rendre aux urnes». Par les chiffres, le taux de participation en 1997 était de 62% contre 42% pour la joute de 2012. Dans son analyse de la carte politique imposée par les résultats, M. Sahel a mis en évidence le maintien du statu quo. Pour lui «la carte politique n'a pas changé» comme l'illustre la prédominance du binôme FLN-RND. La montée du MPA du ministre Amara Benyounès et celle des Indépendants auront néanmoins constitué le «fait nouveau» produit par le vote du 29 novembre. Et entre les performances du FLN, RND et la montée du MPA et des Indépendants, il y a une série de «reculs confirmés» que M. Sahel a énuméré à l'occasion. Il a cité «le recul confirmé des islamistes, celui des partis du traditionnel courant démocratique et celui des partis de la gauche». Pour le cas des islamistes, le conférencier fera remarquer qu'il s'agit d'une curieuse évolution «comparativement à ce qui se passe dans la région», allusion faite à l'accession des islamistes au gouvernement en Tunisie et au Maroc. Est-ce à comprendre que seuls les partis du pouvoir sont immunisés contre tout recul ? Pour M. Sahel, «il y a un problème dans le discours véhiculé par ces partis politiques. Peut être que c'est parce qu'ils n'arrivent pas à captiver la majorité silencieuse. Mais cela concerne aussi les partis ayant enregistré des avancées». A. Y.