A L'école des jeunes aveugles de Constantine, l'acte inhumain n'a pas de limite et certains agents et, malheureusement, certains de leurs responsables également n'ont aucune conscience. Ce qui se passe au sein de cette école, et qui ne vient d'être matériellement éventé que dans la matinée d'hier, est sidérant. Le manège peut sans doute avoir duré depuis longtemps compte tenu de la vulnérabilité des jeunes pensionnaires de l'école, lesquels à ce stade de la situation doivent saisir pleinement celle (vulnérabilité) de leurs parents au point d'endurer des souffrances et ne pas leur en parler et encore moins en faire part aux enseignants qui les encadrent au sein de l'établissement. De quoi s'agit-il et quelle est cette situation qui plus que l'émotion qu'elle peut susciter, incite à avoir de la haine pour ceux qui sont censés protéger ces jeunes handicapés. La réponse nous est venue du secrétariat de wilaya du Snapap Constantine qui nous a invité au cours de la matinée d'hier à assister au témoignage d'un enfant dont nous nous devons de garantir l'anonymat en raison des mesures de rétorsion qui pourraient être prises contre lui. Cette personne que nous nommerons G.H. est venue confirmer un procédé qui avait cours au sein de l'école jusqu'à la semaine écoulée. Ce procédé consistait en l'affamement des pensionnaires dont la ration alimentaire du déjeuner était délibérément réduite et la ponction opérée servie sous forme de sandwich au dîner. Ce qui, a priori, même condamnable pourrait n'être qu'un moindre mal si ledit sandwich n'était pas remis par le cuisinier contre monnaie sonnante et trébuchante (100 dinars) aux enfants. Dès que l'information est parvenue à M. Djebassi, le SG du Snapap, celui-ci n'a pas hésité à prendre langue avec le directeur de l'établissement, en l'occurrence M. Chiad, qui l'assura en vérifier l'authenticité sauf que comble du paradoxe il en informera le cuisinier lequel rectifiera totalement son comportement, s'évertuant tout de suite après à servir un repas copieux en guise de diner tout en prenant le soin de filmer à l'aide de son téléphone mobile la nature du repas. Tout cela pour quelle raison se demanderait le lecteur ? Tout bonnement pour constituer un alibi et anticiper sur toute action à son encontre et donc de couper de fait l'herbe sous les pieds de ses accusateurs. Aussi innocents soient-ils. Quoiqu'il en soit G.H. nous narrera dans les détails tout le manège dont était accusé le responsable de la cuisine même s'il ne pouvait pas, et pour cause, attester de l'enregistrement des séquences du diner depuis que la rumeur menaçait de devenir une vérité. Pour l'élève «cette situation dure depuis le troisième trimestre de l'année écoulée. Tout nous est vendu, même le chewing-gum. Le cuisinier achète des pommes de terre et prépare des frites qu'il nous cède à 50 dinars». Des propos graves d'ailleurs entendus et tout autant consignés par une consœur d'un quotidien arabophone. A la question que nous avons posée à notre interlocuteur sur le retard mis pour dénoncer cette situation, il nous répondra «qui osera croire un enfant ? Ensuite je ne voulais pas mettre dans la gêne mes parents». Edifiant ! Cela étant nous nous sommes encore rapproché de personnes très proches de l'établissement qui nous confirmerons que «parfois ils étaient abordés par des jeunes non-voyants qui leur demandaient à manger parce que la veille ils n'ont eu qu'une soupe servie sans pain, sinon des gaufrettes et que maintenant ils ont vraiment faim». C'est dire jusqu'ou a pu aller l'ignominie du cuisinier, lequel vraisemblablement jouit d'une protection interne, «de l'économe et du magasinier» nous dira un agent sur place. En dernier ressort, nous avons pris attache téléphoniquement avec le directeur de wilaya de l'action sociale, en l'occurrence M. Boukachabia, lequel a préféré nous orienter sur le directeur de l'établissement au motif que lui-même était «sur la route en train de conduire». Notre interlocuteur persistera sur le propos malgré le fait que nous lui rappelions qu'il avait été officiellement saisi par le secrétaire de wilaya du Snapap sur le sujet pour l'ouverture d'une enquête en urgence. Toutefois, en début d'après-midi nous sommes parvenus à avoir également au téléphone M. Chiad, le directeur de l'établissement, qui considère «qu'il serait prématuré de faire des déductions hâtives sur des propos d'enfant. Cela étant, nous avons mis sous surveillance la personne concernée et nous prendrons les mesures conséquentes dès lors que nous disposerons d'arguments sérieux», «est-ce à dire que parce qu'il s'agit d'enfants faudrait-il automatiquement en déduire que leurs propos prêteraient à doute ?», lui avons-nous rétorqué, «ce n'est pas ce que je voulais dire sauf qu'il faudrait prendre des précautions sur une affaire aussi sensible. Cela serait criminel si c'était la réalité». Nous ne le lui faisons pas dire. Quoiqu'il en soit, M. Djebassi est décidé à aller le plus loin possible dans ce qu'il considère comme le plus grand scandale émaillant la vie de la DAS, qui est pourtant habituée aux dépassements de tous genres, tout en espérant que la ministre de la Solidarité nationale dépêche une inspection à ce sujet tout comme il souhaite une similaire action de la part du wali de Constantine.