Photo : M. Hacène De notre correspondant à Constantine A. Lemili
Une grève se profile au niveau des établissements spécialisés mère-enfant, de Sidi-Mabrouk, et pédiatrie, de Mansourah. Elle aurait pu avoir lieu jeudi passé sachant qu'elle se serait déroulée en respect des dispositions réglementaires (préavis), sauf qu'elle a été ajournée sine die. Les syndicalistes du Snapap ayant tout d'abord obtenu l'adhésion du corps médical à leur action, ce qui n'est pas des moindres, et ensuite ayant jugé opportun d'accorder un délai à l'Administration pour accorder un tant soit peu d'importance à une situation dont la gravité risque de conduire au point de non-retour.Ce point de non-retour constituerait déjà en le refus d'admission de toute patiente sur le point d'accoucher dont la wilaya d'origine serait autre que Constantine. Ce qui d'emblée serait irrationnel pour un secteur dont la mission est de porter assistance à autrui, quoique la réalité de tous les jours justifie amplement cette attitude. Nous en donnons pour exemple, l'établissement mère-enfant dont les capacités d'accueil sont de 68 lits et qui en accueille près de 130. Dès lors, il est facile de déduire dans quelles conditions sont admises et vivent des patientes auxquelles, justement, les meilleures garanties de séjour devraient en principe être offertes et pour cause l'acte médical lui-même et les conséquences a posteriori dont, essentiellement, la prise en charge du nouveau-né qui, est-il besoin de le souligner, vient à la vie, toutes proportions gardées, presque dans un cloaque. Matériels et équipements désuets, personnel réduit, voire très réduit comparativement aux nombres de personnes hospitalisées, effectifs non renouvelés suite au départ de 35 agents en cours d'année et de 12 autres prochainement, nos interlocuteurs dont le Pr Sellahi sont catégoriques : «Il est impossible de continuer à cette cadence et il devient pour le moins alarmant et choquant de constater que des établissements disposant d'espaces spécialement aménagés et d'équipements modernes, voire de pointe, pour la gynécologie et l'obstétrique modernes continuent de multiplier les évacuations vers le nôtre au motif qu'ils manqueraient de gynécologues. Franchement, est-ce notre problème si la carte sanitaire n'est pas rationnelle, que d'une manière globale les effectifs, entre médecins et paramédicaux, soient mal répartis, que la formation marque le pas pour ne pas dire qu'elle n'existe plus, que la hiérarchie administrative sectorielle dans les autres wilayas n'assume pas ses responsabilités et encore moins son devoir.»Grande et justifiée semble donc être la réaction du personnel de l'établissement mère-enfant dont les représentants s'évertuent depuis plusieurs mois à sensibiliser le directeur de wilaya de la santé à leurs difficultés. En vain, en fait. D'ailleurs le même responsable a la triste réputation d'évacuer les questions d'un revers de la main de ne pas répondre aux sollicitations des journalistes dès lors qu'ils abordent avec lui toute question relative au secteur dont il a la charge, et plus particulièrement s'il s'agit de choses qui fâchent. «Bien entendu, l'Administration aura toujours la latitude d'arguer la présence de 5 gynécologues au sein de l'établissement mais faudrait-il encore qu'elle précise que ces derniers travaillent par rotation, car il ne faudrait pas oublier qu'ils ont autant besoin de repos, voire de répit au même titre que n'importe quel autre personnel.» A ce sujet, le Pr Sellahi affirme sa «disponibilité à assurer la présence de cinq ou six résidants qu'il encadrerait au cours de leur activité, mais ce ne sera qu'une solution intermédiaire car l'essentiel consiste au retour aux normes. C'est-à-dire arriver à héberger et prendre en charge au maximum 70 parturientes, afin de leur consentir les conditions idoines à l'accouchement». Rappelons enfin que l'EHS Khroub, situé à 16 km du chef-lieu de wilaya, dispose d'une soixantaine de lits dans un cadre exceptionnel, une nurserie moderne, sauf que ledit espace est régulièrement désert. La dernière fois que l'opportunité nous a été donnée de le visiter, il s'y trouvait une patiente…originaire d'une autre wilaya (Khenchela). En fait, il n'y a pas que l'EHS Khroub, les plus importantes communes limitrophes seraient dans le même cas de figure. En attendant ce sont le CHU et l'EHS mère-enfant de Sidi-Mabrouk qui servent d'amortisseurs à un formidable dysfonctionnement aux antipodes duquel se situe la direction de wilaya de la santé publique.En conclusion, «la grève qui devait se dérouler jeudi passé n'a été que reportée», nous dira M. Djebassi, secrétaire de wilaya du Snapap. La menace restera planante malgré la démarche entreprise par le directeur de l'EHS de la contrarier par une plainte déposée auprès de la justice. Ce qui en réalité n'est qu'un acte de pure forme. Sans plus.