Hollande a trouvé la parade à Alger. Il a parlé de la vérité sur les crimes coloniaux sans rendre justice aux victimes de 132 ans d'occupation. Le voyage du président français à Alger aura été en fin de compte une bonne affaire pour la conscience de la France officielle qui dénonce les crimes coloniaux sans s'en repentir. Hollande est resté à mi-chemin et n'a pas pu aller jusqu'au bout de sa logique en raison des pesanteurs franco-françaises et des lobbies des nostalgiques de l'Algérie française qui sont puissants dans l'Establishment français. Le magazine Le Point s'interroge à ce propos : «François Hollande a-t-il su par son discours d'Alger puis de Tlemcen (…), apaiser les uns sans froisser les autres ? L'équation était difficile, mais il jouissait d'un tel crédit en arrivant dans le pays que l'exercice est au moins en partie réussi». Louisette Ighil Ahriz, l'une des victimes des affres du colonialisme a réagi au discours de Hollande : «Hollande avait prévenu en arrivant à Alger, qu'il n'est pas là pour la repentance. Donc une reconnaissance des souffrances engendrées par la colonisation mais pas d'excuses. Mais c'est déjà ça». Pour une partie de la presse et de l'opinion françaises, François Hollande a soldé les comptes de la France avec l'Algérie. Pour la majorité des Algériens, les déclarations de Hollande constituent un pas positif mais reste en deçà des attentes. Il ne suffit pas de reconnaitre les crimes coloniaux et les souffrances des Algériens pour apaiser les mémoires. Car, en fait, la France n'a jamais nié ses crimes coloniaux. L'indélicatesse de la loi de février 2005 qui parlait des «bienfaits de la présence française en Algérie», cache mal la reconnaissance implicite des méfaits du colonialisme. Les vérités de François Hollande sont connues et les historiens des deux rives en ont révélé les plus monstrueuses. Hollande a toutefois manqué de courage pour regarder le peuple Algérien dans les yeux et lui demander pardon. Un jour peut-être ! A. G.