Le discours politique du président François Hollande prononcé jeudi devant les membres des deux chambres du Parlement algérien, dans lequel il a évoqué «les souffrances» infligées à l'Algérie par le colonialisme, n'a pas fait l'unanimité de la classe politique française. «Historique» pour certains, «hémiplégique» pour d'autres, ce discours a été différemment apprécié. Ainsi, Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche estime ainsi que c'est «un discours historique sur l'Algérie». «Le chef de l'Etat a su trouver les mots justes (...) pour parler avec lucidité et objectivité à la fois au peuple algérien et au peuple français. Il a dessiné les contours d'un chemin de réconciliation et d'avenir pour la France et l'Algérie, fondé sur la connaissance d'une histoire partagée, en rappelant l'importance qu'il porte à la jeunesse pour lever l'espérance d'un véritable partenariat euro-méditerranéen». Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Harlem Désir, a salué lui aussi, «les déclarations historiques» de François Hollande, à Alger, estimant que le président français «a su trouver les mots pour évoquer le caractère injuste et brutal de la colonisation française en Algérie et les souffrances qu'elle a imposées au peuple algérien». «Il ne s'agit pas de repentance mais de lucidité sur l'histoire commune de la France et de l'Algérie. Ce langage de courage et de vérité est la condition pour que les peuple algérien et français puissent porter un regard apaisé sur le passé et se tourner vers des projets qui doivent les lier dans un avenir commun», a estimé Harlem Désir. «Ce discours est aussi un message fort adressé à nos concitoyens d'origine algérienne. La France se grandit et rayonne par un tel acte de réconciliation», a-t-il ajouté. L'eurodéputé du MoDem, Robert Rochefort, également vice-président de la délégation du Parlement européen avec les pays du Maghreb juge le discours de François Hollande de «probablement historique sur le fond par le fait que des mots justes ont été prononcés, des mots d'équilibre qui reconnaissent des choses, mais ne vont pas trop loin quand on parle de repentance ce qui aurait pu être exagéré». «Sur la question des visas, j'espère que les choses se normaliseront, et je suis convaincu que pour les décennies qui viennent, l'Algérie et la France sont deux partenaires qui devront totalement conjuguer leurs efforts», a observé l'eurodéputé, Robert Rochefort. Pour le parti communiste français (PCF), «François Hollande, devant le Parlement algérien, a fait -en termes mesurés- un pas en avant dans la reconnaissance de la vérité sur le colonialisme français en Algérie, en rappelant les violences, les massacres et les tortures qui ont marqué la politique coloniale». «Même s'il est nécessaire de dire que la France reconnaît les souffrances infligées au peuple algérien par la colonisation, François Hollande n'est cependant pas allé au bout de ce qu'il fallait faire : reconnaître la responsabilité de la France dans les crimes d'Etat et les pratiques inhumaines qui ont caractérisé ce que fut la politique coloniale», a nuancé le PCF. «C'est bien de responsabilité historique dont il s'agit et non de -repentance-», relève le parti communiste, ajoutant que «François Hollande a fait la moitié du chemin nécessaire». A droite, en revanche, on regrette «une vision partisane et hémiplégique de l'Histoire». Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, considère que François Hollande a prononcé un discours «hémiplégique sur l'histoire des relations franco-algériennes, cédant encore une fois à la repentance, oubliant de prendre l'histoire dans sa globalité». Dans la même foulée, et selon le Front national (FN), «si François Hollande se défend de tomber dans la repentance, c'était pourtant l'exacte tonalité de son discours».