Si l'Algérie est inattaquable sur l'opération menée jeudi sur le site de la base gazière de Tiguentourine, elle a néanmoins échoué lamentable dans la gestion politique et médiatique de cette attaque terroriste sans précédent en raison de l'importance stratégique du site attaqué et du nombre de personnes prises en otages. L'agression s'est faite sur le sol algérien, à ce titre, et conformément aux principes intangibles de la souveraineté nationale, aucune autre force étrangère ne pouvait être autorisée à y intervenir. A ce propos, l'Algérie n'a pas à rougir. Si elle refuse d'intervenir au Mali, elle ne peut admettre qu'une puissance étrangère envoie ses forces spéciales pour libérer les otages. Cependant, si cette position est indiscutable, la manière dont l'Etat a géré cette crise au plan médiatique et politique est un autre échec. Depuis l'annonce par des médias étrangers de l'attaque terroriste contre l'installation gazière de Tiguentourine, l'opinion publique nationale était livrée au matraquage médiatique de chaînes satellitaires et de sites électroniques qui ont fait dans la propagande, dans la désinformation et la manipulation à volonté. Les Algériens ne savaient pas à quel saint se vouer. Les plus avertis n'ont pas échappé à la panique et au stress que généraient les thèses fantaisistes de pseudo spécialistes des questions sécuritaires, du Maghreb et du terrorisme. Le décor d'une telle campagne médiatique est planté depuis l'intervention française au Mali. Cette intervention qui s'est faite dans la précipitation, visait en premier lieu à discréditer la démarche algérienne qui consistait, à travers les négociations, à provoquer une décantation politique dans le nord Mali et à isoler les groupes terroristes du Mujao et d'Aqmi afin que leur mise hors d'état de nuire se fasse sans aucune menace sur la sécurité des populations civiles maliennes. Des «spécialistes» des questions géostratégiques comme le rédacteur en chef de France 24 qui est d'origine algérienne, s'est permis de dire sur une chaîne française que la présence de terroristes d'Aqmi dans le nord Mali, arrange l'Algérie, estimant que le fait que le centre de décision terroriste se soit déplacé des monts de Kabylie vers le Sahel, était une aubaine pour l'Algérie. Pour cet «analyste», cet état de fait explique les raisons du refus de l'Algérie de toute intervention au Mali au risque de voir les terroristes affluer vers le sud algérien. La thèse développée par Athmane Tazghart semble être partagée par certains milieux politiques français et maliens. D'où le soupçon légitime de ce qui se cache derrière cette attaque terroriste contre In Amenas, le nombre d'otages pris et dont l'issue ne pouvait être que dramatique. L'Algérie fait face depuis l'offensive politique de la France pour une intervention militaire au Mali, à une campagne médiatique visant à l'affaiblir diplomatiquement et politiquement et à réduire son rôle régional en raison de ses positions antiguerre. L'absence d'une stratégie médiatique algérienne et de relais communicationnels publics crédibles a été ressentie à maintes reprises mais a lourdement pesé sur l'opinion nationale lors de cette crise sécuritaire d'In Aménas. La voix de l'Algérie semble éteinte dans ce brouhaha médiatique Occidental où l'Algérie a été présentée comme une République bananière à laquelle des puissances adressent des mises en garde et dont elles exigent des informations sur le déroulement de l'opération militaire contre les preneurs d'otage. L'Algérie ne semble pas disposer d'experts ni d'analystes à même de répondre aux interrogations et inquiétudes des Algériens. Cette situation de black-out et de silence des médias lourds sur un événement qui a mobilisé les médias du monde entier, a été exacerbée par les déclarations contradictoires de deux ministres de l'Etat algérien sur la provenance du groupe terroriste qui a attaqué les installations gazières d'In Amenas. La presse algérienne en dépit de sa diversité, s'est avérée le parent pauvre de l'information nationale. Ses sources sont celles-là mêmes qui manipulent, qui désinforment et qui font la propagande de thèses anti-algériennes. A ce propos, les terroristes, au-delà de l'échec de leur opération de prise d'otages, ont mené une opération médiatique réussie grâce à leurs relais et à leur sens de la communication. Ce déficit chronique en communication et en stratégie médiatique est une faille grave dans le système algérien alors que la guerre et la paix se font et se défont par les médias. A. G.