Pour faire face à la demande croissante d'électricité, le groupe Sonelgaz a mis en œuvre un programme d'investissement colossal, baptisé «plan d'urgence permanente». Le programme permettra de mettre près de 12 000 mw sur le réseau d'électricité à l'horizon 2017, réaliser 13 000 km de lignes HT et 150 000 km de lignes de distribution. «Notre plan à pour but de réduire les désagréments qu'ont vécus les Algériens durant l'été dernier en axant les efforts sur la distribution d'électricité qui était à l'origine des coupures en 2012, et en renforçant les capacités de production et de transport», a affirmé hier le P-dg de Sonelgaz, M. Noureddine Bouterfa. M. Bouterfa, qui s'exprimait à la Radio nationale, a précisé que le plan d'urgence en question touche l'ensemble du territoire national. Il a été élaboré, selon ce responsable, à partir de l'examen de la situation de l'année précédente et de l'évaluation de la demande prévue pour l'été 2013, dont la croissance est estimée à 18%. Ce taux va se maintenir jusqu'en 2015, avant de décroître pour atteindre en 2017 une moyenne de 14 à 14,5%. Cette évolution de consommation d'électricité sera tirée principalement par un très fort taux de pénétration des climatiseurs, qui avoisinera 1,5 climatiseur par foyer. Ainsi, il est prévu dans le cadre du plan d'urgence permanente, le renforcement du réseau de distribution d'électricité en Algérie de plus de 7 000 nouveaux postes transformateurs, et ce avant l'été prochain. L'objectif, selon l'invité de la chaîne III, est de «réduire les coupures d'électricité durant l'été». M. Bouterfa a précisé, à ce titre, que 80% des postes prévus par ce programme seront mis en service avant la fin du mois de mai 2013, alors que le reste devrait s'achever au mois de juin prochain. Ces postes seront accompagnés de nouveaux ouvrages de transport d'électricité, nécessaires pour une bonne qualité de distribution. Pour cela, le même plan d'urgence prévoit la réalisation de 170 ouvrages, 80 lignes de haute tension (HT) ainsi que 90 postes HT, pour renforcer le réseau de transport. Ces nouvelles infrastructures sont destinées essentiellement à renforcer le réseau national, dont les capacités de production seront augmentées de 2 400 mégawatt (mw) sur le réseau interconnecté du nord du pays et 200 mw au Sud, notamment dans les régions isolées de Tindouf, Tamanrasset, Illizi, Djanet, In Amenas, etc. Cette puissance additionnelle sera assurée par des investissements nouveaux, notamment avec l'entrée en production de la centrale de Koudiet D'raouch (1 200 mw), par le retour des anciens groupes en entretien à M'sila et Jijel, mais aussi par l'acquisition «en urgence» de 600 mw en turbines à gaz mobiles. Selon le P-dg de Sonelgaz, ces capacités seront suffisantes pour satisfaire la demande d'électricité pour l'été 2013. Selon M. Bouterfa, les projets de production de quelque 4 000 mw sont en cours d'exécution, alors que les projets de 8 000 mw sont en appels d'offres. Doté de 3 000 milliards de dinars (plus de 40 milliards de dollars) à l'horizon 2022, ce programme inclut également la fabrication d'une partie des équipements énergétiques en Algérie, et s'accompagne aussi de la réalisation d'un complexe industriel pour la fabrication de turbines à gaz et à vapeur. Ces investissements «colossaux ne seront pas sans impact sur Sonelgaz et ses filiales, car ce Groupe doit trouver les solutions nécessaires pour rembourser les sommes destinées à couvrir le coût de ses projets», selon M. Bouterfa. Ces projets sont financés par des prêts bancaires, garantis par le Trésor public, indique M. Bouterfa, qui estime que les tarifs d'électricité actuels ne peuvent pas assurer le remboursement de ces investissements, ajoutant que «tôt ou tard, la tarification d'électricité sera revue à la hausse». «Je ne crois pas qu'on arrivera à l'incapacité de remboursement. Nous avons connu dans le passé des situations aussi difficiles, et l'Etat a trouvé les moyens par la restructuration de Sonelgaz et l'augmentation des tarifs. Un jour ou l'autre, ça sera peut être la combinaison des deux», a-t-il estimé. B. A.