De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Du triple concerto pour violon, violoncelle et piano, op 56 de Ludwig Van Beethoven au clin d'œil symphonique au répertoire algérien et local (andalou) arrangé par Sid Ahmed Bali (Ya Bahi El Djamel), l'Orchestre symphonique national (OSN), dirigé par le maestro Japonais Hikotaro Yazaki, directeur du Tokyo City Philharmonic, a régalé son public lors du concert qu'il a présenté, samedi soir au Théâtre régional de Constantine. Sous la baguette du chef d'orchestre, les portées ont été admirablement interprétées par les instrumentistes algériens de l'OSN dont les prouesses ont montré leur capacité de rendre brillamment les opus des grands compositeurs. Le public présent en nombre dans la salle a révélé instinctivement son penchant pour la musique classique. Le théâtre que le malouf n'a pu remplir à craquer ces derniers temps a renoué avec les spectacles à guichets fermés grâce à L. V. Beethoven. Un autre goût et une autre perspective pour la musique se sont dessinés, l'espace d'un concert, à Constantine. Organisée dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance du pays, la soirée sera riche en sonorités, avec, en prime, ce concerto qu'on dit le moins joué et le moins connu de Beethoven. Nuance ! L'opus 56, «humaniste et universel» comme le qualifient les mélomanes, se place entre l'Héroïque opus 55 et la sonate Appassionata opus 57. Il requiert un trio fougueux et de surcroît expressif. Ce sera les solistes Atsuko Watanabe au violon, Nao Shamaoto au violoncelle et Jum Kanno au piano. Les trois s'alternent pour faire ressortir le génie de Beethoven. Le violoncelle prédominait le trio qui jouait dans une symbiose totale qui ne laisse point de place au souffle, si ce n'est un soupir, l'autre note mystère du compositeur. La seconde partie du spectacle sera réservée aux œuvres du compositeur japonais Tokuhide Niimi, au grand bonheur des quelques compatriotes présents au théâtre et aussi aux mélomanes qui découvrent pour la première fois cette suite, The forest dances, qui est dédiée aux enfants du monde entier. Pizzicato aux violons entrecoupaient l'œuvre avant que celle-ci ne se dégage en intégrale dans une harmonie consonante, apaisante. Chaque fin de mouvement est ponctuée par la reconnaissance du public qui s'exprime par une ovation. L'orchestre enchainera avec une suite Karelia, Op 11 du compositeur finlandais Jean Sibelius (1865-1957). Les percussions caractéristiques de base conférées à cette suite laissaient le triangle et les cymbales jaillir en soutenant une mélodie furtive, voire précipitée pour un autre renvoi. Toujours sublime. La dernière interprétation a mis le théâtre en parfaite harmonie. Ya bahi el djamel «symphonisé», donnera la dimension universelle du répertoire national. «C'est une musique qui répond aux critères d'orchestration. Elle est gaie et ses arrangements sont fascinants», nous dira M. Hikotaro qui clôturera sa prestation avec deux extraits du terroir local. Bellahi ya hamami et Aachak mamhoune boucleront la boucle, après le passage sublimissime de Beethoven, en compagnie de l'Orchestre symphonie national sous la baguette de Yazaki. «Ah… Mozart ? Ça sera pour la prochaine fois», nous dira Yazaki à la fin de sa brillante orchestration. Dynamique, méticuleux et attentif aux détails qui font ressortir l'âme des instruments, le maestro, qui en est à sa cinquième apparition avec l'Orchestre national, dira qu'«il existe beaucoup de volonté au sein de la formation et c'est un plaisir de travailler avec elle». Concernant le niveau de l'Orchestre national symphonique, par rapport aux diverses formations avec lesquelles il a travaillé ou qu'il connait, le maestro estime que l'OSN «doit travailler davantage en art. Il n'existe pas d'œuvre finie. Construire un orchestre nécessite un long travail. Travailler régulièrement». «10 ans sont requises pour mettre en place un orchestre, une demi-heure avec un mauvais chef suffirait pour le casser», a-t-il expliqué.