Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
L'état dans lequel se trouve le secteur du tourisme dans la wilaya d'Annaba n'est guère reluisant malgré les petites améliorations enregistrées ces dernières années et qui pourraient être le point de départ d'une véritable relance. En effet, la quarantaine d'hôtels dont dispose la 4e ville du pays, mis à part trois grands établissements implantés au chef-lieu de wilaya, n'est pas à vrai dire digne de représenter le secteur au vu de la qualité des services qu'elle propose. Des hôtels de seconde zone, des personnels sans formation, un accueil pour le moins inapproprié et des services défaillants, voire inexistants, pour des prix qui frôlent l'indécence. Ces établissements qui tiennent beaucoup plus des bouges, des auberges et des dortoirs collectifs d'antan, n'ont rien à voir avec l'hôtellerie moderne et les normes admises, même dans les petits hôtels où le minimum des services est assuré. On est encore à l'âge de pierre de l'hôtellerie. Saleté ambiante, lits vétustes et brinquebalants, draps et couvertures à la couleur douteuse et sentant le moisi, mobilier datant du siècle dernier, portes et fenêtres qui ferment difficilement, escaliers étroits, pas d'ascenseur, un semblant de service de chambre et un personnel aussi aimable qu'une porte de prison caractérisent ces pseudo hôtels. La dégradation du secteur du tourisme à Annaba a atteint un degré tel que les deux hôtels les plus en vue, en l'occurrence, le Seybouse international (ex Plazza) et El Mountazah de Séraïdi, ont été déclassés passant respectivement à 4 et 3 étoiles au lieu de 5 et 4 qui leur avaient été attribuées au départ. Les investisseurs du secteur, confrontés à des difficultés de disponibilité de terrains et à des tracasseries administratives sont découragés et se détournent des projets qu'ils comptaient réaliser dans la région. Pourtant, cette région est connue pour ses potentialités touristiques : sites naturels paradisiaques, sables dorés sur des kilomètres de plages sur lesquelles viennent mourir les vagues de la mer méditerranée, baie paradisiaque de Chétaïbi qui fait rêver bien des tour-operators, forêts de chênes zen s'étendant à perte de vue et surplombant une mer au bleu azur qui invite et enchante le visiteur… Tous ces atouts peuvent changer la donne et booster le tourisme dans la wilaya, pour peu que les infrastructures touristiques existantes soient remises à niveau avec bien sûr de nouveaux investissements dans le secteur. Il y a bien eu en 2006, l'émirati Sidar qui avait projeté de construire un complexe touristique d'envergure internationale et qui devait investir dans le projet 500 millions de dollars pour la réalisation d'un hôtel grand standing sur la baie de Sidi Salem à une dizaine de kilomètres à l'Est du chef-lieu de wilaya ainsi qu'un grand centre commercial au cœur de la ville. La superficie censée accueillir ce dernier projet, en l'occurrence la place du 19 juin située à quelques centaines de mètres de l'hôtel Seybouse, a été cédée à l'investisseur qui avait exigé de la commune un accès à partir du boulevard du 1er Novembre mais ledit accès passe par la bibliothèque centrale qu'il fallait démolir. Cette exigence s'était heurtée au refus catégorique d'une partie des élus qui n'admettaient pas la disparition de cette structure culturelle, l'autre camp soutenait la proposition. Aussi des débats houleux avaient suivi et une commission instituée pour trancher la question. Puis ce fut l'abandon pur et simple du projet et la place du 19 juin est restée telle quelle, abandonnée à son triste sort.
Perspectives de développement du secteur Le premier indicateur venu conforter le secteur moribond du tourisme à Annaba est la visite que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait effectuée au début du mois de février dernier, une visite qui avait été en quelque sorte salvatrice puisque M. Sellal avait donné le coup d'envoi d'une série de mesures visant à ressusciter ce secteur dans la région. En effet, la fameuse place du 19 juin a vu la pose de la première pierre du Sheraton Annaba, un hôtel 5 étoiles comportant 2 sous-sols et comptant 20 étages s'étalant sur une superficie totale de 42 200 mètres carrés. Ce grand hôtel mettra à la disposition des touristes 201 chambres, des appartements et des suites grand standing, en plus d'un parking à ciel ouvert d'une capacité de 255 véhicules, avec la possibilité, en haute saison d'utiliser un des sous-sols comme aire de stationnement pour 51 autres véhicules. Toutes les commodités dignes d'un 5 étoiles y seront installées et le personnel qui y sera affecté sera hautement qualifié pour s'acquitter de toutes les prestations proposées par l'établissement. Les travaux de réalisation de ce projet qui coûtera 13 milliards de dinars seront confiés à la Société d'investissement hôtelière (SIH) et à une entreprise chinoise avec un délai qui ne saurait excéder décembre 2014. Les retombées économiques de cette infrastructure auront un impact positif sur le chômage dans la région puisque près de 500 emplois directs seront créés, sans compter les centaines d'autres postes d'emploi indirects. L'artisanat sera, lui aussi, boosté puisque les ventes des articles locaux symbolisant les traditions de la région d'Annaba connaitront certainement une progression significative, ce qui induira une activité complémentaire. La visite de M. Benmeradi, ministre du Tourisme, le 24 février dernier à Annaba a consacré cet élan salvateur puisque le secteur du tourisme sera renforcé par la réalisation dans les zones d'expansion touristique à Oued Bakrat et à Chétaïbi de trois hôtels classés 3, 4 et 5 étoiles ainsi que cinq ensembles résidentiels de haut niveau, le tout d'une capacité d'accueil de 1 824 lits avec toutes les commodités standardisées et conformes aux normes admises. Ces réalisations créeront à terme plus de 5 000 emplois permanents et stimuleront l'activité économique de ces deux localités qui recèlent des sites naturels d'une rare beauté. Deux autres infrastructures hôtelières importantes de grand standing viendront s'ajouter au parc hôtelier de la wilaya, il s'agit de deux hôtels 4 étoiles chacun d'une capacité cumulée de 600 lits et 59 bungalows, tout cela dans un environnement naturel où sera aménagé un parc de loisirs d'une superficie de 11 540 mètres carrés. La visite d'inspection et de travail du ministre avait donné lieu à la signature d'un protocole d'accord entre le Groupe Benouhaiba, propriétaires des hôtels Sabri et Rym El Djamil et le Groupe libanais Golden Tulip représenté par Amine Moukarzel, pour un partenariat durable visant à l'amélioration de la mise à niveau du système de gestion. L'hôtel Sabri a été rebaptisé à cette occasion Le Golden Tulip et Rym El Djamil est, lui, devenu Le Tulip Inn. La relance et la revalorisation du secteur du tourisme passera aussi par la mise à niveau des hôtels Seybouse (Annaba) qui sera classé 5 étoiles, El Mountazah (Seraïdi) 4 étoiles, El Mourdjane (El Kala), Mermoura et Hammam Chellala (Guelma), 3 étoiles, tout cela pour un investissement total de 9 milliards de dinars.