Un rapporteur du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a accusé, hier, la Corée du Nord de crimes contre l'humanité, énumérant toute une série de violations commises par ce pays devant ce forum des Nations unies à Genève. L'Indonésien Marzuki Darusman, ancien ministre des Affaires étrangères, a indiqué devant le Conseil des droits de l'Homme, qui a une réunion à Genève jusqu'au 22 mars, avoir identifié neuf types de violations, très préoccupantes, des droits de l'homme, comme le fait de priver la population de nourriture, les tortures, les disparitions forcées, les détentions arbitraires, les camps de prisonniers et l'absence de liberté d'expression. «Je crois que beaucoup, si ce n'est tous ces neuf cas de violations identifiés par mon rapport peuvent être considérés comme des crimes contre l'humanité à l'encontre de la population», a déclaré M. Darusman en présentant son rapport sur la situation en Corée du Nord. Il a également lancé un appel à la constitution d'une commission d'enquête internationale sur les droits de l'Homme en Corée du Nord, un pays qui a refusé de manière répétée de coopérer avec lui et d'autres enquêteurs des Nations unies. Le Japon et l'Union européenne devraient proposer une résolution au Conseil, demandant la création d'une telle commission. Le mois dernier, le Haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme, Mme Navi Pillay, avait dénoncé la situation «déplorable» régnant en Corée du Nord, indiquant que la mise en place d'une commission d'enquête était «attendue depuis longtemps». La Corée du Nord a rejeté hier ces critiques, par la voix de son ambassadeur auprès des Nations unies, M. So Se Pyong, qui a déclaré que M. Darusman faisait partie de la ligue des «forces hostiles», aux côtés du Japon, de l'UE et des Etats-Unis. «Soyons clairs, les violations de droits identifiées dans ce rapport n'existent pas», a-t-il déclaré. «Le gouvernement de la République démocratique de Corée va continuer à protéger les droits de l'Homme et les libertés fondamentales de son peuple» a-t-il ajouté. La Corée du Nord a été soutenue devant le Conseil des droits de l'Homme par la Chine dont le délégué a déclaré que la création d'une commission d'enquête ne ferait qu'«aggraver les tensions» dans la péninsule coréenne. L'Iran, Cuba et le Venezuela ont également critiqué ce plan, appelant au dialogue, et non à la dénonciation, et accusant les pays occidentaux de double langage.