Rappelant la complexité de sa tâche, l'ex-chef de la diplomatie algérienne a indiqué à l'issue de sa rencontre au Caire avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, qu'il est “ au seul service du peuple syrien". Lakhdar Brahimi a commencé sa mission hier dans la capitale égyptienne par une réunion avec le secrétaire général de la Ligue arabe, au nom de laquelle et conjointement avec l'Organisation des Nations unies, il a été désigné comme envoyé spécial pour la crise syrienne. Le nouveau médiateur international a estimé, une nouvelle fois, qu'il avait “une mission très difficile" à mener mais qu'il n'avait “pas le droit" de la refuser. “Je réalise que c'est une mission très difficile, mais je pense que je n'ai pas le droit de refuser d'apporter une aide au peuple syrien", a-t-il souligné devant les journalistes. Lakhdar Brahimi a confirmé qu'il comptait se rendre en Syrie “dans les prochains jours" pour “y rencontrer des responsables et des gens de la société civile, (...) dans la capitale et à l'extérieur". Il a déclaré “espérer" rencontrer le président Bachar Al-Assad, mais a ajouté qu'à ce stade il “ne savait pas" si cela serait possible. Faisant référence aux deux institutions qui l'ont mandaté, la Ligue arabe et l'ONU, l'ancien chef de la diplomatie algérienne a précisé : “Je suis au seul service du peuple syrien (...). Je pense que les Nations unies et la Ligue arabe n'ont pas d'autre intérêt que celui du peuple syrien." De son côté, le secrétaire général de l'organisation panarabe a affirmé que la mission de paix de M. Brahimi était “presque impossible", tout en se déclarant confiant sur la capacité de l'émissaire international de la mener. Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lancé hier un appel devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU pour que les auteurs de “crimes de guerre" en Syrie soient jugés. “Nous devons nous assurer que toute personne, des deux côtés, qui commette des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou autres violations des droits de l'homme internationaux ou du droit humanitaire soient traduits en justice", a-t-il dit lors de l'ouverture de la 21e session du Conseil, réuni pour trois semaines à Genève. Lors des débats ultérieurs, plusieurs pays ont soutenu l'appel du chef de l'ONU. La haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a pour sa part dénoncé les crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Syrie, et demandé “une enquête immédiate et approfondie" sur le massacre de Daraya où plus de 500 corps ont été découverts. “Je demande au gouvernement d'assurer un accès complet et sans entrave à la commission d'enquête indépendante" de l'ONU, a-t-elle déclaré. Elle a par ailleurs dénoncé “l'utilisation d'armes lourdes par le gouvernement et le bombardement de zones peuplées". “Je crains qu'ils puissent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité", a dit Mme Pillay, qui a aussi dénoncé les “violations commises par les forces anti-gouvernementales". Ban Ki-moon s'est dit “profondément troublé par les bombardements aériens de civils par les forces du gouvernement" syrien, ainsi que par “l'augmentation des tensions interconfessionnelles, la détérioration de la situation humanitaire". Il a également dénoncé le fait que les deux parties aient choisi “la force" plutôt que “le dialogue" et a invité toutes les parties impliquées à soutenir les efforts du nouvel émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui est arrivé dimanche au Caire, première étape d'une mission de paix, après dix-huit mois de violences meurtrières ayant plongé le pays dans la guerre civile. M.T