Les dirigeants de la Corée du Nord ont ordonné hier des préparatifs en vue de frappes de missiles vers le continent américain et les bases des Etats-Unis dans le Pacifique, en réponse à des vols d'entraînement de bombardiers furtifs B-2, accroissant les craintes d'escalade dans la péninsule. L'ordre, diffusé lors d'une réunion d'urgence pendant la nuit avec les hauts commandants de l'armée, répond aux vols des B-2, capables de transporter des armes nucléaires, lors des manœuvres conjointes américano-sud-coréennes qui se déroulent actuellement, a déclaré le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un. En cas de provocation «téméraire» des Américains, les forces nord-coréennes «devront frapper sans pitié le continent américain (...), les bases militaires du Pacifique, y compris Hawaï et Guam, et celles qui se trouvent en Corée du Sud», a déclaré Kim, selon l'agence officielle Kcna. La Russie a peu après mis en garde contre des «actions unilatérales» qui risquent de faire «perdre le contrôle de la situation». «Nous pouvons perdre le contrôle de la situation, elle s'engage dans la spirale d'un cercle vicieux», a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. La Chine, allié de Pyongyang «a appelé les parties concernées à faire des efforts conjoints pour détendre la situation». Des dizaines de milliers de militaires et de civils nord-coréens ont défilé hier dans le centre de Pyongyang pour manifester leur soutien à la décision de leur dirigeant. «Ressortons les armes et les bombes!», ont-ils scandé, le poing levé, en réclamant une «frappe sans pitié» contre les Etats-Unis. Pyongyang ne dispose pas de la technologie permettant de tirer des missiles sur des cibles aussi lointaines, estiment toutefois certains experts. Mais, selon une source militaire sud-coréenne anonyme citée par l'agence Yonhap, «une nette hausse» des mouvements de véhicules et de personnes a été détectée sur les sites de lancement de missiles côté nord-coréen. Kim Jong-Un a estimé que les vols des bombardiers étaient bien plus qu'une simple démonstration de force et qu'ils équivalaient à un «ultimatum (des Américains) montrant qu'ils voulaient déclencher à tout prix une guerre nucléaire». Jeudi, les Etats-Unis ont annoncé que deux bombardiers furtifs B-2 avaient survolé la Corée du Sud, lors de sessions d'entraînement, soulignant ainsi l'engagement américain aux côtés de son allié, la Corée du Sud. Washington ne rend que rarement publics ses vols d'entraînement de B-2, un appareil redoutable conçu pour des missions spéciales de bombardement stratégique à haute altitude (jusqu'à 15 000 m) derrière les lignes adverses. Réputé indétectable, volant autour de la vitesse du son, il peut emporter jusqu'à 18 tonnes d'armement conventionnel ou nucléaire. Washington a indiqué une nouvelle fois être «prêt à faire face à toute éventualité» en provenance de la Corée du Nord. Pyongyang s'est gardé de fermer le site industriel de Kaesong, situé côté Nord à quelques km de la frontière intercoréenne et exploité par les deux pays. R. I.