Intégrer les points de vue des agriculteurs du grand sud algérien dans la construction de la demande en eau agricole et son évolution, c'est la une des recommandations à l'issue d'une réunion sur la mise en œuvre du programme de développement dans les wilayas sahariennes qui s'est tenue hier au siège du ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Madr). Cette rencontre coprésidée par Rachid Benaïssa, et Hocine Necib, respectivement ministre de l'Agriculture et du Développement rural et ministre des Ressources en Eau, a vu la participation des directeurs des services agricoles (DSA) des wilayas concernées et les organismes et institutions des deux secteurs et visait en fait de tracer les objectifs communs aux deux départements ministériels. Il a été aussi question de se concerter sur la démarche à adopter pour mener à terme le plan d'action élaboré par le Madr. Un programme qui, selon Rachid Benaïssa, a fait l'objet d'un recentrage. Il annoncera à ce titre que les plans d'action de trois grands programmes de développement intégré de l'agriculture saharienne seront prochainement mis en place. A cet effet, M. Benaïssa a demandé aux responsables en charge des deux secteurs au niveau des dix wilayas du Sud de présenter, dans les 15 jours à venir, les plans d'action de l'exécution de ces trois grands programmes. Le premier porte sur l'aménagement et la préservation des parcours sahariens, des espaces qui représentent la plus grande partie du Sahara. Il s'agit, selon M. Benaïssa, de construire notamment des puits et des forages d'abreuvement des cheptels, essentiellement camelin et ovin, ainsi que la réalisation d'unités d'approvisionnement en alimentation et de santé animale. Le deuxième programme porte sur la préservation et le développement de l'agriculture oasienne qui compte réaliser, entre autres, des actions de réhabilitation du système d'irrigation ancestral des oasis, dont les fameux «Foggara» qui caractérisent la distribution de l'eau pour l'agriculture dans le Touat et le Gourara. Quant au troisième programme, il vise le développement d'une agriculture d'entreprise avec la création de nouvelles exploitations agricoles grâce à la mise en valeur de terres. L'objectif est d'augmenter la production agricole à même d'approvisionner les unités de transformation des produits agricoles. Pour réaliser ces projets, les deux secteurs «doivent travailler en synergie et en concertation avec les populations locales», a souligné M. Benaïssa, rassurant les responsables locaux de la disponibilité des moyens financiers. Près de 100 milliards de dinars seront mobilisés par les deux secteurs pour des projets dans les régions du Sud. Le ministère de l'Agriculture a accordé aux services agricoles et Conservations des forêts des 10 wilayas un financement au titre du programme complémentaire triennal 2012-2014 qui vise la création de 115 000 emplois. «Il faut que les responsables du secteur soient à l'avant-garde», a dit M. Benaïssa à l'adresse des cadres de son secteur. Ce programme triennal compte aussi réaliser, d'ici l'année prochaine, une superficie agricole irriguée de 385 538 hectares (ha) supplémentaires. Outre la création d'emplois, la réalisation de ces programmes permettra aux wilayas du Sud de porter leur taux de contribution à la production agricole nationale à 30% à moyen terme contre 18,3% actuellement. M. Necib a souligné pour sa part que son secteur avait mobilisé en 2012 une enveloppe de trois milliards de dinars destinée à l'irrigation dans le Sud en plus de six milliards de dinars dans le cadre du Fonds de développement du Sud pour la réalisation des puits et forages. «Le secteur (hydraulique) s'engage pleinement pour la mise en œuvre de ces programmes», a-t-il affirmé. Le ministre a indiqué que son département venait de prendre des décisions pour la réalisation de plusieurs projets en faveur du développement de l'agriculture saharienne. Il a cité la réalisation de champs de captage des eaux de l'albien à Biskra notamment où les agriculteurs continuent à irriguer avec l'eau douce superficielle. Il s'agit aussi de réaliser des mini-stations d'épuration des eaux usées dans les zones oasiennes. Le secteur de l'hydraulique va publier incessamment un arrêté ministériel pour confier à l'Office national d'irrigation et drainage les opérations d'entretien et d'épuration de l'Oued Righ à El Oued, a indiqué M. Necib. Ce dernier a mis en exergue le potentiel des eaux épurées qui sera mis aussi à la disposition du secteur agricole pour les périmètres de l'arboriculture fruitière. Notons qu'à propos de la difficulté des agriculteurs du Sud d'obtenir une autorisation de forage, le responsable de l'Agence nationale des ressources hydriques a tenu à faire savoir que «l'appréhension d'autorisation de forage a été levée». Une nouvelle bien accueillie par les présidents de Chambre de l'agriculture des wilayas du grand sud. Z. A.