«Un projet de décret exécutif définissant le modèle type du document tenant lieu de facture pour l'acheteur est en cours de préparation, en concertation avec tous les départements ministériels concernés», annonce le ministère du Commerce. Ce document concernera toute vente de biens ou prestations de services effectuées entre les distributeurs, dont les importateurs de biens pour la revente en l'état, les mandataires, les maquignons et les chevillards, ainsi que les activités de services, d'artisanat et de la pêche. Et l'acheteur est tenu de le réclamer dès la réalisation de la vente ou de la prestation de services. «L'objectif est de baliser le circuit de distribution, notamment des produits frais par l'élimination des nombreux intermédiaires entre le producteur et le mandataire et la mise en place d'un circuit classique : producteur-grossiste-détaillant, ce qui permettra d'influer sur les prix […]. Actuellement, ce sont les intermédiaires qui font augmenter les prix. Nous aspirons, à travers cette démarche, de lutter contre la spéculation pour que les prix ne subissent pas de fortes augmentations», expliquera un responsable du ministère. Ainsi, cette nouveauté permettra, selon ce responsable, de garantir la traçabilité des produits, et par conséquent facilitera l'appréciation de sa qualité et la surveillance du circuit qu'il suivra avant de parvenir au dernier maillon de la chaîne, le consommateur. A ce stade, l'annonce est de nature à insuffler un peu d'espoir chez ce consommateur déchiqueté, écartelé, saigné à blanc, par les faiseurs de prix. Juste un brin d'espoir. Car, aucun Algérien qui connaît son administration, n'ajoutera foi aux promesses et/ou engagements, de quelque nature qu'ils soient, venant d'en haut. Plus d'une fois, il a fait l'amère expérience de lois votées et promulguées qui n'ont jamais trouvé leur chemin vers l'application. La désorganisation et la déstructuration du marché ne datent pas d'hier. L'informel et l'économie parallèle ne sont que des dénominations puisqu'ils sont tout aussi réels que l'économie réelle. Ce sont même ces activités qui constituent les maillons les plus déterminants dans les chaînes de distribution des produits les plus demandés sur le marché, ça va du ciment jusqu'au médicament, en passant par le fer, les légumes, la viande. Ils influent sur la courbe des prix qu'ils font monter et descendre à leur guise. Ce système commercial est rodé et a ses règles que personne n'arrive à démonter. Tous ces dispositifs de contrôles censés, si ce n'est le mettre à plat, amoindrir ses effets pour le moins, sont bridés par différents freins qui vont du manque de moyens jusqu'à la complicité au sein même de l'administration. Aussi, le doute quant aux effets du document-facture est-il permis. Souvenons-nous de cette histoire de chèque que l'Etat voulait imposer pour toutes les transactions commerciales excédant 5 000 dinars et que ce même Etat a enterré sans aucune raison valable. Qu'on le ressuscite, et on pourra dès lors commencer à parler d'un début d'organisation du commerce et du marché en Algérie. H. G.