Moncef Marzouki devra à son retour de Turquie répondre à une conviction de l'Assemblée nationale constituante tunisienne (ANC). Cette dernière aurait avalisé une lettre qui déposerait le chef de l'Etat tunisien. Une lettre qui sera soumise à une séance plénière dont la date sera fixée ultérieurement après avoir reçu le chef d'Etat tunisien actuellement. «Des membres du bureau de l'Assemblée constituante viennent d'être chargés d'élaborer un rapport sur la lettre d'exemption contre le président Marzouki avant de soumettre cette dernière à la plénière», a confirmé hier à l'Agence de presse chinoise l'assesseur du président de la Constituante chargé de l'information. Selon la même source, le quorum de 73 signatures a été déjà atteint, bien que deux députés du parti «Pétition populaire» aient auparavant retiré leurs signatures de ladite lettre d'exemption déposée le 16 avril dernier et qui a recueilli finalement 77 signatures. Si Marzouki venait à être déposé par l'ANC, ceci annoncerait un nouveau cycle d'instabilité au pays. Les Tunisiens, qui surnomment leur chef de l'Etat le «Tartour», pour indiquer qu'il n'a aucun pourvoir, ne voudraient, tout de même pas le voir remplacé par un responsable d'Ennahda. Est-il vraiment nécessaire de changer de Président ? Compte tenu des pouvoirs qu'il a, son remplacement, affirme-ton, ne changera pas grand-chose. Cette motion, croient savoir certains Tunisiens, pourrait être un coup monté pour mettre Jebali. Un remplacement qui favoriserait le mouvement Ennahda et lui permettrait d'exercer la magistrature suprême. Une occasion idoine de lui faire marquer quelques points avant sa prochaine probable candidature. Les partisans de cette thèse soutiennent leur postulat par le mode d'élection du président. Il a été convenu, depuis la chute du régime de Ben Ali, que le président de la République est désigné par l'ANC. Cette dernière est à majorité islamiste. Ennahda n'aura selon les mêmes analystes aucun mal, à mettre son candidat à la magistrature suprême. Pour d'autres observateurs de la scène politique tunisienne le mouvement Ennahda a tout intérêt à garder Moncef Marzouki au pouvoir. Le moment idoine de le lâcher n'étant pas encore à l'ordre du jour, les islamistes voudraient garder Marzouki à son poste et le soumettre à la même pression qu'il subit depuis sa prise de fonction il y a deux ans. M. N.