Comme prévu, la motion de censure contre le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a bien été déposée mardi au bureau d'ordre de l'Assemblée nationale constituante (ANC) par Samir Taïeb et Ali Bencherifa. Il faut savoir que c'est une première en Tunisie, dans le monde arabe et même dans l'ensemble des démocraties actuelles. La mention de censure, rappelons-le, a été signée par 77 constituants, le quorum étant de 73 signatures. Elle a été initiée par l'opposition suite aux déclarations du président de la République provisoire au Qatar, rappelle-t-on. “Tous les députés signataires font partie de l'opposition. Aucun constituant de la Troïka n'a signé la motion de censure à l'exception de Nafissa Wafa Marzouki, dissidente de la Troïka, qui a renforcé les rangs des démocrates", précise Karima Souid, constituante du Bloc démocratique et assesseur du président de l'ANC, chargée de l'information, de la communication et de la relation avec les médias. Les formations politiques signataires de la motion sont notamment Al Massar, Al Joumhoury, Nida Tounès, Al Wated, Al Moubadara, l'Alliance démocratique, le Parti républicain maghrébin, le Parti de la réforme et de la fidélité et les indépendants. Dans le texte exposant les motifs de cette motion de censure, 77 signataires parmi les représentants du peuple ont, en effet, exprimé leur profond étonnement et surprise à propos des déclarations de Moncef Marzouki, président de la République provisoire, en marge de sa visite à l'Etat du Qatar où il avait affirmé que “l'opposition en Tunisie est à l'agonie face à la Troïka". Il a en outre évoqué “la guillotine pour la gauche laïque si elle tentait d'arriver au pouvoir", peut-on lire encore dans le texte de la motion. “Ces déclarations s'inscrivent dans une rupture claire avec les valeurs démocratiques et l'alternance pacifique au pouvoir. Ce, alors qu'elles ne correspondent pas à l'éthique propre à la fonction de la magistrature suprême. Les signataires relèvent, par ailleurs, que les propos du Dr Marzouki qui prétend qu'il est le président de tous les Tunisiens incarnent le principe de la division entre les membres d'un peuple uni, obéissant à une logique de campagne électorale précoce. Ces déclarations faites dans un pays étranger qui sont de nature à émettre dans le monde des signaux négatifs sur la société tunisienne médiane, raisonnable et ouverte sur les standards universels constituent un frein à la consécration de la paix sociale requise aujourd'hui afin de mener à son terme le processus transitoire, en organisant des élections libres et objectives". I. O. Nom Adresse email