Israël affiche un mépris total pour la communauté internationale qui a applaudi la reprise des négociations pour la relance du processus de paix au Moyen-Orient. Ce mépris qui sera certainement béni par les Etats-Unis qui ne feront rien contre leur allié stratégique, s'exprime à travers l'appel d'offres publié par le ministère israélien du Logement pour 1 000 nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie et El Qods-Est. Est-il superflu de rappeler que les dernières négociations en date ont été sapées par la volonté d'Israël de continuer à construire des colonies dans les territoires occupés, aussi bien en Cisjordanie qu'à El Qods-Est. Au moment où ces négociations reprennent non sans difficultés, l'Etat hébreu décide de construire de nouvelles colonies pour judaïser davantage des régions en Cisjordanie et plus particulièrement El Qods-Est habité en majorité par des Palestiniens. Manifestement, Israël vise deux objectifs : faire capoter les négociations qui devront reprendre mercredi prochain et mettre en difficulté l'autorité palestinienne si elle n'annule pas le rendez-vous de mercredi prochain, en signe de protestation contre la décision israélienne. La première réaction qui n'engage pas la présidence palestinienne est venue, hier, à travers les propos du négociateur palestinien Mohammad Chtayyeh. Pour ce dernier, l'appel d'offres prouve qu'Israël «n'est pas sérieux sur les négociations et a l'intention, par ses activités denses de construction dans les colonies, de détruire les bases d'une solution appelée de ses vœux par la communauté internationale qui vise à établir un Etat palestinien dans les frontières de 1967». Selon M. Chtayyeh, cet appel d'offres constitue une nouvelle preuve qu'Israël veut participer aux pourparlers «de façon à servir au mieux ses propres intérêts». Chtayyeh a enfin décrit l'appel d'offres comme «un nouveau fait accompli» qu'Israël mettait en place pour «déterminer les négociations dans le sens qui lui convient». Le négociateur palestinien a également demandé aux Etats-Unis de prendre position «clairement et fermement» pour mettre un frein à ces «attaques israéliennes en Cisjordanie, et particulièrement à Jérusalem». Mais Israël a une autre logique, celle que les Etats-Unis connaissent pourtant mais ne font aucune pression pour la modifier : «Aucun pays au monde n'accepte de diktats d'autres pays sur les endroits où il peut construire ou pas», a déclaré le ministre du Logement Uri Ariel, avant d'ajouter : «Nous allons continuer de mettre des appartements sur le marché et de construire partout dans le pays.» Il faut comprendre que pour ce ministre israélien, son pays englobe la Cisjordanie et El Qods-Est. Cette conviction n'est pas seulement celle des militants du parti nationaliste religieux Foyer Juif, mais aussi celle de beaucoup d'Israéliens qui ne croient pas à la solution à deux Etats, et refusent le retour aux frontières de juin 1967. Hier, Mahmoud Abbas a rencontré à Ramallah le médiateur américain Martin Indyk, qui lui a réaffirmé le soutien des Etats-Unis dans ces négociations qui doivent aboutir à un accord de paix d'ici neuf mois, selon l'objectif fixé par le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Que fera Washington face à cette attitude provocatrice d'Israël ? Lior Amihai, de l'ONG israélienne anticolonisation La Paix Maintenant, a pour sa part estimé que si les négociations échouaient en raison des constructions dans les colonies, l'Etat hébreu pourrait se trouver dans une position plus défavorable qu'avant la reprise des discussions directes. «Nous devons appuyer et encourager les négociations», a-t-il ajouté. «C'est vraiment dommage que le gouvernement choisisse de placer des obstacles sur la voie». Si Israël venait à reculer et à renoncer à la construction de ces mille logements de la discorde, il trouverait facilement un autre subterfuge pour gagner du temps. Une crise gouvernementale fait partie des stratégies qu'adopte souvent Israël pour échapper à la critique internationale. A. G.