La visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Ghardaïa est d'une importance capitale. Les inaugurations et inspections seront autant de stations qui illustreront la volonté de l'Etat de redonner à la ville sa dimension et son statut de plateforme économique régionale. Ghardaïa, porte du désert, trait d'union entre le Nord et le Sud du pays. C'est une position stratégique par laquelle la pentapole se définissait depuis sa fondation par les Rostémides. Les pistes des caravanes d'antan ont été remplacées par les routes, les caravansérails par les hôtels, le comptoir commercial par une zone industrielle, mais la ville s'est toujours adaptée pour demeurer un pôle attracteur pour le commerce et le tourisme, un secteur qu'elle su développer et promouvoir même à l'étranger, tant et si bien qu'elle a réussi à obtenir la programmation d'un vol direct Paris-Ghardaïa-Tamanrasset dans les années 1980. Mais la crise multidimensionnelle et l'insécurité qui l'accompagnera chasseront les touristes et réduiront l'activité économique quasi autarcique. Dès lors, le chômage et les fléaux sociaux venant dans son sillage plongent de larges franges de la société dans l'incertitude et font ressurgir la vieille belligérance Chaamba-Mozabites qui, souvent et pour une broutille, débouche sur des affrontements. L'instabilité qui a été entretenue et instrumentalisée par certains partis et parties, a ainsi hypothéqué le devenir et le développement économique de Ghardaïa. D'où l'importance de la visite de M. Sellal qui, d'emblée, a mis le doigt sur la nécessité d'aller de l'avant en accordant au savoir et aux sciences la place qu'ils méritent. Il «faut changer les mentalités et la vision des jeunes concernant les spécialités proposées dans le secteur de l'enseignement supérieur et accorder plus d'importance aux spécialités liées aux technologies modernes comme les mathématiques et les sciences exactes», dira-t-il. La wilaya de Ghardaïa, qui «a un avenir industriel et commercial, a besoin de telles spécialités», arguera le Premier ministre. Un changement de mentalités doit aussi s'opérer dans les relations entre les deux communautés qui ne peuvent continuer à entretenir des griefs séculaires. Car, en laissant s'exprimer les rancœurs héritées du passé, elles ne font qu'entretenir l'instabilité et l'insécurité, premières ennemies du développement et de la prospérité. En se laissant aller à la violence, elles ne font que scier la branche sur laquelle elles sont assises toutes les deux, et leurs descendances. L'Etat s'efforce, par tous les moyens, y compris la force de la loi, d'aplanir les différends pour rétablir la stabilité propice à l'investissement. Des programmes de développement, des projets structurants et des aides sont accordés dans tous les secteurs pour permettre à Ghardaïa de redevenir cette plaque tournante régionale. Et elle a les potentialités nécessaires. Mais ni l'Etat ni le Premier ministre ne peuvent changer les mentalités pour amener Chaamba et Mozabites à travailler main dans la main pour le développement de leur région. C'est leur défi. Eux seuls peuvent le relever, et gagner la partie. H. G.