Dans une période de crise mondiale qui continue d'aligner les faillites, les scandales à coups de milliards, qui fait grimper les taux de chômage au sein de récessions d'envergure, il y a des initiatives qui colorent un peu le paysage. La SPA Dahli, en lançant le mégaprojet Alger Médina témoigne, à coup sûr, de l'existence en Algérie d'entreprises et d'entrepreneurs qui ont de l'envergure et qui osent investir dans un pays ayant la réputation, parfois justifiée, d'être prisonnier de la rente pétrolière et d'une bureaucratie qui peut venir à bout de nombreuses volontés susceptibles d'investir et de redonner la confiance indispensable à un bon climat d'affaires. Le groupe Dahli lance un emprunt obligataire à hauteur de 8,3 milliards de dinars, imitant ainsi Cevital qui avait lancé un emprunt de ce type, dont les fruits commencent à être visibles. Le pays a donc de véritables managers qui gèrent des entreprises au-dessus de la moyenne et qui ne se tournent pas automatiquement par un réflexe pavlovien vers l'Etat pour entreprendre, se diversifier et prétendre au haut de gamme dans des domaines ciblés et rentables à terme. Le projet en question peut, dans la foulée, donner du souffle à la Bourse d'Alger qui, il faut bien le constater, n'offre que peu de lisibilité pour atteindre la réputation et la crédibilité des grandes places financières qui font le rayonnement des pays où elles activent. En fait, l'opération Alger Médina qui est une première pour ce qui est des standards internationaux, à côté de quelques hôtels grand standing, se place comme une éclaircie dans un décor urbain national caractérisé par la laideur, la saleté et un délabrement décrits chaque jour par la presse privée. Le tourisme peut y trouver son compte dans un environnement où les éléments basiques (toilettes propres et éclairées) n'existent pas dans la majorité des lieux publics, dans l'impunité absolue. Parallèlement, un autre projet de qualité a été présenté à Oran, managé par la société SNASCO et l'EPLF. Ces annonces, qui auront des plus-values assurées à tous les niveaux, sont d'éventuels annonciateurs de visions nouvelles et modernes pour ce qui est d'un renouveau au profit d'un urbanisme qui, à ce jour, confine des institutions à travailler dans d'anciennes casernes ou dans des cadres physiques qui datent des siècles du laid. L'autre versant attendu, sinon espéré, lorsqu'il s'agit de projets lourds et coûteux, concerne la culture et ses espaces. Des complexes cinématographiques, des salles de danse, des temples dédiés aux concerts avec tous les aménagements techniques pilotés par l'informatique dans des décors modulables et escamotables peuvent être tout aussi rentables que l'hôtel, la restauration et les grandes surfaces commerciales. Sur ce versant, les pouvoirs publics, tout en respectant les initiatives privées et en les aidant pour le foncier et les procédures administratives, peuvent émettre des suggestions d'ordre culturel dans les cahiers des charges, afin d'irriguer le territoire par ce qui manque cruellement : les infrastructures et entreprises culturelles qui reviennent pour une grande part à l'investissement rentable privé. Ce qui n'a rien à voir avec l'ouverture d'une boutique qui porte la marque d'un séchoir, d'un fard à paupières ou d'un khôl venu d'ailleurs avec quelques paires de ciseaux. Malgré la crise, il y a des éclaircies. A. B.