Bentayeb : « C'est Serrar qui aurait ordonné de nous massacrer » Alors qu'il voulait à tout prix terminer la saison le 21 mai pour permettre à l'équipe nationale de bien se préparer, Mohamed Raouraoua vient d'être contrarié par ce match ESS – CABBA qui n'a finalement pas eu lieu. Comme dan ce genre d'affaires, il y a toujours deux versions selon ce qu'on soit du côté de Bordj ou de Sétif. Tous les joueurs Bordjiens que nous avons contactés hier étaient unanimes pour dire que l'accueil qui leur a été réservé a été des plus hostiles. Ils parlent de trois joueurs et d'un dirigeant agressé à l'entrée du stade du 8-Mai devant un Serrar souriant et un service d'ordre passif. Considérant que leurs vies étaient en danger, les dirigeants du CABBA ont décidé de faire demi tour et de rentrer chez eux. A Sétif, on parle d'un scénario prémédité pour ne pas jouer le match. C'est le président de l'Entente qui l'a dit alors que l'entraîneur Aït Djoudi est convaincu que les Bordjiens avaient peur de prendre une raclée. Ce derby des Hauts plateaux présenté comme une affiche a finalement accouché d'une souris. Du pain du la planche pour la ligue. A. C. Serrar : «C'est un film » Le président de l'Entente dément en bloc les accusations des dirigeants et des joueurs du CABBA, et nie que l'équipe de Bordj eut été agressée à son arrivée. « Le service d'ordre qui a été mis en place était plus important que celui qui assuré la sécurité lors de la finale de la coupe arabe. Ils n'ont jamais été agressés et ils n'ont aucun blessé. C'est un film qu'ils ont imaginé, et ils ont fait tout ce scénario pour ne pas jouer », nous a déclaré le premier responsable de l'ESS. S. B. Aït Djoudi : « Ils ont eu peur » De son côté, l'entraîneur Aït Djoudi n'est pas allé par trente six mille chemins pour qualifier l'attitude des Bordjiens de peureux, « Ils ont eu tout simplement peur. Ils auraient perdu au moins par trois buts à zéro, et pour éviter la raclée, ils ont monté ce scénario ». S. B. Bentayeb : « C'est Serrar qui aurait ordonné de nous massacrer » * Apparemment, vous avez été victimes d'un vrai guet-apens à Sétif. Que s'est-il passé au juste ? Je n'aurais jamais cru qu'un jour je vivrai cela dans un stade de football. C'était un enfer au sens propre du mot. On nous a attaqués avec toutes sortes d'armes blanches, couteaux, barres de fer, bâtons et je ne sais quoi d'autres. On a failli y laisser notre vie. Nous ne devons notre salut qu'au Bon Dieu, car personne ne s'est interposé pour nous protéger, même pas les quelques policiers qui assistaient à la scène en spectateurs, comme s'ils avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir. * Expliquez-nous comment et quand vous avez été attaqués ? En descendant de notre bus, et dès que nous avons franchi le portail pour nous rendre aux vestiaires, nous avons été surpris par un groupe de supporters sétifiens qui nous attendaient dans le couloir. Nous n'avons pas eu le temps de réaliser cela quand ces supporters nous ont attaqués sauvagement, avec, comme je vous le disais, des couteaux, barres de fer et bâtons. C'était un vrai guet-apens, on a essayé de nous défendre comme on pouvait. Puisqu'ils étaient nombreux et armés, nous avons pris la fuite pour remonter dans le bus en tentant de nous protéger par nos sacs. * Nous avons appris qu'il y a eu des blessés parmi vous… Oui, les blessés les plus graves sont notre dirigeant Nadjib, qui a reçu un coup de couteau au visage, et mon coéquipier Houari, qui a été frappé avec une barre de fer, également au visage. Les autres souffrent d'hématomes un peu partout. Moi, j'ai été roué de coups, je crois que j'ai une entorse à l'orteil, mais ce n'est rien par rapport aux autres. Mais toutes ces blessures ne sont rien comparativement à la cruauté de la scène. * Et le service d'ordre dans tout cela ? Il n'y a pas de service d'ordre. Il y avait cinq ou six policiers passifs qui regardaient en spectateurs. Ils étaient complices. Nous n'avons ramené avec nous que nos sacs d'équipement, pensant que nous allions jouer un match de football. On ne pensait pas qu'on allait à la guerre. C'était pire que Ghaza. L'équipe visiteuse, surtout dans un match pareil, devrait être protégée et entourée par un cordon de sécurité, non ? Il n'y avait rien de cela, tout a été orchestré et prémédité à l'avance. * Et les dirigeants de l'ESS ? Vous rigolez ou quoi ? Quels dirigeants ? Ce sont eux qui ont ordonné à leurs supporters de nous attaquer. Serra était sur les lieux. Il nous regardait le sourire aux lèvres. Il allait et venait sans lever le petit doigt pour arrêter le massacre. C'est honteux de sa part. Et puis, s'il y a vraiment un conflit entre les supporters de deux clubs, quel est notre tort, nous les joueurs. Qu'est-ce que nous leur avons fait ? Désormais, je ne vois plus l'ESS comme avant, ni ses dirigeants. Ils ne sont pas dignes de leur place actuelle au classement, ni des Coupes arabes qu'ils ont gagnées. Ils ne les méritent pas. Et aujourd'hui, je suis convaincu d'une chose : ils ont eu peur de nous, ils étaient incapables de nous battre et c'est pour cela qu'ils ont voulu nous intimider. Je suis sûr que si nous avions joué le match, nous les aurions battus. Nous sommes plus forts qu'eux et cela, ils le savent, sinon ils n'auraient jamais dû employer des moyens sauvages pour nous faire peur. Entretien réalisé par Basset M.