«J'ai défilé avec Besseghier jusqu'à 3 h du matin pour fêter la qualification de l'Algérie» Une fois n'est pas coutume, Moussa Coulibaly connu pour sa timidité a accepté de nous ouvrir son cœur pour nous parler des événements qui ont marqué son long passage au Mouloudia. Avant de tirer sa révérence, nous avons sollicité la coqueluche des Chnaoua pour un long entretien avec plein d'anecdotes. * Avant toute chose, un mot sur le trophée que vous a remis le directeur du Buteur et d'El Haddaf en guise de récompense pour les cinq saisons passées au Mouloudia… Je suis hypercontent de recevoir des mains de votre directeur un autre trophée après celui que j'ai reçu lors du Ballon d'Or d'il y a deux saisons. C'est un geste qui me touche énormément. * Alors Moussa vous devez être très déçu à quelques jours de votre départ définitif de l'Algérie… C'est avec beaucoup d'émotion que je vais quitter le Mouloudia après cinq ans passés dans ce club. Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma déception de ne pas pouvoir continuer l'aventure avec mon équipe qui a un bon coup à jouer cette saison. Je leur souhaite de tout cœur de remporter le titre. * Est-ce que vous avez une rancune envers le président de la FAF, Raouraoua, pour avoir instauré une réglementation qui interdit à tout joueur étranger de se produire dans le championnat algérien ? Pour être franc, je ne peux reprocher au président de la FAF de chercher à tirer le football algérien vers le haut. Il ne faut pas oublier que si l'Algérie s'est qualifiée au Mondial, c'est en parti grâce à lui. Pour moi, c'est peut-être une bonne chose car cela va m'inciter à partir, car je ne l'aurai jamais fait de mon plein gré. Ça aurait été très difficile pour moi de quitter le Mouloudia. * Parlons un peu des années que vous avez passées au Mouloudia. Quel est votre plus beau souvenir ? C'est simple, mon plus beau souvenir, c'était lors de la première finale de Coupe d'Algérie que nous avons remportée face à l'USMA. Une victoire qui est intervenue après 23 ans de disette. * Ne pensez-vous pas que lors de cette finale, vous avez disputé votre meilleur match avec les Vert et Rouge ? Effectivement, c'était mon meilleur match. Ce jour-là, rien ne pouvait nous arriver tellement on avait envie de brandir ce trophée qui fuyait le club depuis des années. * Que vous a dit à cette occasion le président de la République, M. Bouteflika ? Je garde un tee-shirt signé des mains du Président qui m'avait félicité pour ma belle prestation. Il m'a dit aussi que l'Algérie et le Mali sont des pays frères. Il m'a aussi souhaité la bienvenue. C'est un moment chargé en émotion que je n'oublierai jamais. * Et votre plus mauvais souvenir ? Mon expulsion face à l'ESS qui n'était pas méritée. C'était d'ailleurs Benouza qui avait officié ce match qui s'est joué à Sétif. * En cinq ans, combien de fois avez-vous été expulsé au juste ? Quatre fois. Deux en championnat face à l'ESS et lors de le deuxième finale de la coupe face à l'USMA. Une fois en Coupe de la CAF face à Kawra United et une autre fois en Coupe arabe face à El Koweiti. * Vous avez inscrit six buts sous les couleurs du MCA dont un d'anthologie avec cette frappe des 40 mètres qui avait trompé Zemmamouche qui joue depuis au Mouloudia. Est-ce qu'il vous arrive d'évoquer avec lui les buts que vous lui avait marqués ? Non pas du tout. Mais c'est sûr que ce but que j'ai inscrit au stade du 5-Juillet est le plus beau dans toute ma carrière. * Qu'avez-vous à dire de Zemmamouche qui a retrouvé une place en sélection nationale ? Zemma mérite amplement sa place. Il a apporté un plus à l'équipe. Il faut le voir aux entraînements, c'est vraiment un bosseur qui se donne à 300 %. * Pensez-vous que Ouamane pourra assurer l'intérim alors qu'il n'a pas disputé la moindre minute depuis le début du championnat ? Ouamane, quand il est concentré et quand il veut, est capable à lui seul à faire basculer une rencontre. Rappelez-vous de ce fameux match face au CRB au stade du 20-Août au cours duquel Réda avait tenu en échec les attaquants du Chabab. Personnellement, je suis convaincu qu'il pourra tenir la baraque en l'absence de Zemma. * En tant que défenseur, quel est celui avec lequel il y avait une très grande complicité ? Bouacida est un joueur très talentueux qui est fort dans le jeu aérien ; mais dans le jeu au sol, il est souvent en difficulté. Zeddam, à mon avis, est plus complet. Dans un grand jour, Hamza est infranchissable. * La rencontre face à la Fiorentina reste le match référence pour Bouacida et pour toute l'équipe. Qu'en pensez-vous ? Kamel avait réussi ce soir-là à museler Luca Toni, ce qui n'est pas rien. C'est ça Bouacida, il est capable du meilleure lorsqu'il est s'agit de se retrouver face à de grands joueurs, et capable du pire comme ça été le cas face à l'USMB. Un match qui est intervenu quelques jours seulement après celui face aux Italiens. Kamel a souvent un problème de concentration, c'est ce qui lui a joué des tours dans sa carrière. Un mot sur le jeune Bedbouda qui est en train de réaliser une grande saison… Brahim devrait tout faire pour partir à l'étranger car il a un énorme potentiel technique et physique. * Est-ce que vous avez été surpris par le fait de voir Bouchama se produire au poste de récupérateur ? Pas du tout. Nacim est le poumon de l'équipe au milieu du terrain, il me fait rappeler mon copain Diakité qui est cependant plus technique. * Après votre départ, pensez-vous que Khedis pourra vous remplacer ? Je suis persuadé qu'il pourra le faire. Il a tout pour réussir. Il faut seulement lui faire confiance. * Le renouveau du Mouloudia n'est-il pas lié, selon vous, au recrutement judicieux réalisé par la direction du club ? A mon avis, cette année, le Mouloudia a réussi son meilleur recrutement depuis des années. Attafen, Zemma et Derrag ont apporté un grand plus à l'équipe avec leur talent, leur jeunesse et leur fraîcheur. Derrag me fait rappeler Younès à ses débuts au Mouloudia. * Durant ces cinq années, quels sont les joueurs avec lesquels vous aviez le plus d'affinité ? (Sourire) Boumechra, qui me taquine souvent, Belaïd, Bouguèche et Besseghir, sans oublier Sidibé qui est comme un frère pour moi. * Est-il vrai que vous surnommez Besseghier Mascara ? (Très grand sourire) Effectivement, façon à moi de le taquiner. * On croit savoir que vous avez suivi les deux matches qualificatifs pour le Mondial entre l'Algérie et l'Egypte avec Besseghier et d'autres potes à vous… Rien ne vous échappe apparemment. J'ai suivi les deux matches avec Besseghier, c'était l'hystérie à la fin du match de Khartoum. Aussitôt, nous sommes sortis pour défiler. Je suis rentré chez moi vers les coups de 3h du matin. Je vous raconte à cette occasion une petite anecdotique. Il y avait des joueurs du Mouloudia qui ont rejoint directement les entraînements après avoir passé une nuit très mouvementée. * Ce défilé doit vous rappeler celui du Mouloudia en 2006 ? Ça y ressemble quelque peu. Je n'oublierai jamais ce défilé dans le bus à Aïn Benian jusqu'à Bab El Oued. Ce sont des moments que je ne oublierai jamais. * Il y aura lors de la CAN un face-à-face entre le l'Algérie et le Mali. A qui votre cœur va-t-il pencher ? Il penchera pour mon pays ce qui est tout à fait logique. Je pense que l'Algérie a des chances d'aller au bout de la CAN. Pour moi, l'Algérie est l'un des favoris pour décrocher le titre. * N'êtes-vous pas déçu de ne pas avoir été retenu pour cette CAN par le sélectionneur Keshi ? Je ne vous cache pas que je garde toujours espoir de retrouver la sélection nationale. * Ne pensez-vous pas que le fait de jouer dans le championnat algérien vous a pénalisé ? Il est clair qu'au Mali la majorité des joueurs qui composent la sélection évoluent dans les grands clubs européens. Il est donc très difficile pour un joueur qui joue en Algérie ou dans un pays du Maghreb de gagner des galons. * Etes-vous en contact permanent avec les joueurs de la sélection ? Comme vous le voyez vous-même, Diakité vient de me téléphoner du Qatar où il effectue un stage avec la sélection nationale. * Le Stade Malien vient de remporter la Coupe de la CAF face à l'ESS. Est-ce que vous vous y attendiez à ce que Sétif chute alors qu'il avait une avance de deux buts ? Je savais que le Stade Malien allait l'emporter même si sa mission paraissait impossible. Avec cette équipe lorsqu'elle évolue chez elle, tout devient possible. * Changeons complètement de sujet. Je voudrais évoquer un peu votre pote Bouguèche qui a terminé la phase aller au rang de meilleur buteur alors qu'il était sur le point d'être libéré à l'intersaison… Hadji est fabuleux. C'est un joueur qui ne triche jamais. Il se donne à fond sur le terrain. Je suis très content pour lui. J'espère qu'il terminera meilleur buteur du championnat avec à la clé le titre. * Avez-vous une anecdote à nous raconter sur lui ? Hadj est quelqu'un qui peu manger un kabche entier sans prendre un gramme de graisse, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Personnellement, je surveille mon hygiène de vie pour éviter de prendre du poids, ce qui n'est pas indiqué pour un sportif de haut niveau. * Cependant ayant passé cinq Ramadhan en Algérie, quelle sont les plats qui vous manqueront le plus ? La chorba bien évidemment, el bourak, el kalbalouz, la baklaoua et charbat. * Pour décompresser, y a-t-il un endroit où vous aimez vous isoler ? J'aime rester chez moi. Je regarde des films d'action américains et des films de karaté de Jet Lee. * Quelles sont les émissions algériennes que vous suivez surtout durant le mois de Ramadhan ? J'aime énormément la série «Nas mlah city», l'émission sportive Canal foot dont j'ai été une fois l'invité. Il y a aussi «Saraha raha» à laquelle j'ai pris une fois part. J'aime aussi Kamel Bouakaz qui me fait énormément rire. * Durant votre petite ballade à El Kittani, tous les supporters du club vous regrettent énormément. Comment expliquer le fait que vous soyez devenu la coqueluche des Chnaoua ? La chose qui manquera le plus, ce sont les Chnaoua. J'ai toujours eu des rapports privilégiés avec eux parce qu'ils savent que je me donne à fond sur le terrain et que je ne triche jamais. Ça me fait mal au cœur de voir les supporters tristes de me voir partir. Je leur demande de soutenir à fond cette jeune équipe qui mérite le soutien de tous les fans. * Pensez-vous que cette équipe pourra remporter le titre ? Tout à fait. Elle a les moyens de réussir à décrocher le titre. Le seul hic, il manque à cette équipe un chasseur de but comme Ziaya. * On ne pouvait parler du Mouloudia sans évoquer Babouche qui est devenu l'âme de cette équipe, qu'en pensez-vous ? Pour moi, Réda est le meilleur tireur de penalty qu'il m'a été donné de croiser. Dommage qu'il ait manqué celui face au CRB. D'ailleurs, je voulais tirer ce deuxième penalty, mais face à l'insistance de Réda, j'ai préféré renoncer. Babouche est un sacré bosseur qui mérite sa place en équipe nationale, ce n'est que juste récompense. * Après un long passage au Mouloudia, quel est le joueur talentueux qui a attiré votre attention ? C'est sans conteste Mokdad. Il ressemble dans sa manière de jouer à Ziani. Il apportera un grand plus à l'équipe durant la phase retour. * Est-ce que vous allez emmener avec vous des maillots du club, souvenir oblige ? Concernant les maillots, j'ai souvent acheté pour 20 000 DA de maillots pour les offrir. Au Mali, chaque fois j'avais dû emmener avec moi quinze pour les offrir aux membres de ma famille et à mes amis. * Une dernière question avant de conclure. Tout le monde se demande quelle sera votre future destination. Pouvons-nous en avant-première connaître votre futur club ? J'ai des contacts avec l'équipe d'Al Shamal, la formation marocaine Djadida. Il y a aussi l'équipe Ahley Al Libye qui s'intéresse à moi. Pour le moment, je n'ai pris aucune décision. J'attends encore avant de trancher. Normalement, je devrai signer vers le 6 janvier dans mon nouveau club. Entretien réalisé par Tarek Che