«J'ai beaucoup d'amis algériens, qui on pris attache avec moi, et on m'a même proposé de prendre en main l'Equipe nationale.» L'ex-sélectionneur national de l'équipe de France, du Maroc et de la Tunisie, Roger Lemerre, est actuellement à la tête du club turc de la capitale Ankara, Gucu. Le technicien français était en compagnie de son équipe au Papillon Hôtel pour disputer un match amical, alors que l'équipe nationale A' disputait son match sur la pelouse du second terrain. Rencontré avant le match, Roger Lemerre a souhaité la bienvenue aux journalistes du Buteur et d'El Heddaf, les seuls se trouvant en Turquie pour couvrir le stage de l'EN A'. Cependant, nous avons dû insister pour qu'il nous accorde une interview. Appréciez ! * M. Lemerre, on est des journalistes algériens du quotidien sportif Le Buteur… Enchanté. Heureux de vous rencontrer ici en Turquie. J'ai pas mal d'amis algériens avec qui je suis toujours en contact. Je ne vous cache pas que j'aime beaucoup l'Algérie. * On voudrait avoir votre avis sur la qualification de l'Algérie en Coupe du monde… Sincèrement, je ne peux pas faire de déclaration concernant cette qualification. Je suis vraiment désolé, je m'en excuse. * M. Lemerre, juste un avis SVP ? Ecoutez! Je ne suis plus l'actualité du football algérien. * Mais vous avez travaillé dans des pays d'Afrique du Nord, vous pouvez donc parler du football algérien, juste un petit commentaire… Oui, j'ai travaillé dans deux pays d'Afrique du Nord, précisément en Tunisie et au Maroc. Mais je ne peux pas parler de l'Algérie. Désolé. * M. Lemerre, la Coupe d'Afrique des nations va commencer dans quelques heures, et vous avez eu la chance de remporter ce trophée avec la Tunisie. Est-ce que c'est possible d'avoir votre avis sur l'Algérie et comment vous voyez ses chances ? La CAN est une des plus prestigieuses compétitions du monde. C'est une compétition que j'ai remportée avec la Tunisie en 2004. Elle d'un très bon niveau, et pour vous Algériens, je pense que votre sélection peut faire un très bon parcours, comme elle peut se casser les dents dès le premier tour. Ça dépend de beaucoup de paramètres. Par exemple, la France était championne du monde en 1998 alors qu'à la la Coupe du monde en Corée du Sud et au Japon, on s'est fait éliminer dès le premier tour. On a même perdu notre premier match face à un outsider de ce groupe, le Sénégal. * En tant que technicien, le football algérien a-t-il progressé ? Cette question ne mérite pas d'être posée. La preuve, l'Algérie s'est qualifiée à la phase finale de la Coupe du monde haut la main, et face à l'Egypte. Une telle performance n'est pas facile du tout. Je pense que vous avez fait mieux que le Maroc. Se qualifier à la Coupe du monde n'est pas donné à n'importe qui. * Justement, que se passe-t-il chez nos voisins marocains ? Ecoutez! Pour faire un changement, il faut du temps. Il faut aussi tracer un programme. La France par exemple a mis trente ans pour changer, ce qui lui a permis de remporter la Coupe du monde. Au Maroc, il faut mettre en place une nouvelle stratégie. * Mais les Marocains pensent qu'ils ont les meilleurs joueurs d'Afrique… Ils pensent ce qu'ils veulent. Même s'ils ont les meilleurs joueurs d'Afrique, il faudra aussi tracer un programme ambitieux. Ça ne suffit pas d'avoir les meilleurs joueurs pour réussir, il faut toute une organisation. * Est-ce que vous avez suivi les matchs de l'Algérie lors des éliminatoires ? Oui, bien sûr. J'ai suivi surtout les deux matchs face à l'Egypte, celui du Caire et le match d'appui à Khartoum. Heureusement vous vous êtes qualifiés en Coupe du monde, car vous méritez cette qualification. * Que pensez-vous des graves incidents qui ont émaillé la rencontre du Caire, et l'agression du bus qui transportait la délégation algérienne ? Je l'ai appris dans les journaux. Jusqu'à présent, on ne connaît pas encore la version officielle des faits. * Un reporter de Canal+ a réussi à tout filmer… Oui, c'est vrai. Mais c'est la même version. Il faudra donner à tout le monde la version exacte, et c'est tout. * Après avoir quitté la Tunisie, vous avez failli rejoindre l'Algérie, pouvez-vous nous raconter cela ? Je ne vais rien vous cacher. Officiellement, je n'ai pas été contacté, mais officieusement, oui, il y avait des contacts. J'ai beaucoup d'amis Algériens qui on pris attache avec moi, et on m'a même proposé de prendre en main l'Equipe nationale algérienne de football, puisque j'avais déjà eu une expérience en Tunisie. Mais par la suite, j'ai dû rejoindre le Maroc. J'étais même venu en Algérie lors des Jeux africains. Les contacts n'avaient pas atteint un stade officiel. * La sélection algérienne vous intéresse-t-elle toujours ? Ecoutez ! Je ne peux parler de l'Algérie maintenant. Il y a un staff technique en place qui est en train de faire du très bon boulot. La preuve, l'Algérie a atteint la phase finale de la Coupe du monde et la Coupe d'Afrique des nations. C'est une performance. Moi, je souhaite bon courage au staff technique algérien. * Verra-t-on un jour M. Roger Lemerre à la tête de la sélection nationale algérienne ? Peut-être, pourquoi pas ? Mais il faut dire que tout est lié au destin. Hier, j'étais au Maroc, aujourd'hui je suis en Turquie. Il ne faut pas oublier aussi que je n'ai plus trente ans. Maintenant, j'ai 70 ans, donc je ne réfléchis pas comme lorsque j'étais jeune. Dans le jargon footballistique, tout est lié au destin. Moi, je suis plus Maghrébin que vous, j'ai vécu sept ans en Tunisie, de 2002 à 2008, et en 83. D'ailleurs, ma fille est née en Tunisie, aujourd'hui, elle a déjà trois ans. * Quels sont vos objectifs avec Ankara Gucu ? Actuellement, le club occupe la dernière place du championnat turc. On est donc ici où on a l'occasion de jouer des matchs amicaux, pour préparer la phase retour. Notre objectif est de ne pas descendre en division deux, mais aussi de remonter au classement. En Turquie, il y a beaucoup de moyens. Je ne vous cache pas que j'ai été impressionné par les infrastructures qui existent. Par exemple, à Ankara, comme centre du club et infrastructure, j'ai trois fois mieux qu'en France. Entretien réalisé au Papillon Hôtel par Hamza Rahmouni Il a dit à Benchikha : «J'ai apprécié votre travail au Club Africain» Abdelhak Benchikha a salué l'ex-sélectionneur tunisien, avant le début du match des A' face à Bugasport. Les deux hommes se connaissent parfaitement, puisque lorsque Lemerre était à la tête de l'équipe de Tunisie, Benchikha était à la tête du staff technique du Club Africain. Voilà ce que Lemerre a dit à Benchikha : «J'ai beaucoup apprécié votre travail au Club Africain. C'était magnifique.»