«Je préfère évoluer dans un grand championnat étranger qu'en Turquie» S'il y a un joueur qui est déçu de ne pas être convoqué en équipe nationale, c'est bien le jeune prodige de la JS Kabylie, Mohamed Rabie Meftah. Le défenseur canari ne cache pas sa grosse déception, mais respecte totalement les décisions du sélectionneur national, Rabah Saâdane. Rencontré à l'hôtel, le joueur a répondu sans gêne à nos questions à propos de l'EN et de la JSK, où il accuse son ex-entraîneur, Jean-Christian Lang, de ne pas être à la hauteur d'un club de l'envergure de la JSK. * Tout d'abord, que représente pour vous cette convocation en équipe A', alors que vous étiez en équipe A ? C'est quelque chose d'immense pour moi. Défendre les couleurs nationales n'est pas uniquement un grand plaisir, mais une fierté. Je suis ici pour accomplir mon devoir. Saâdane a fait son choix, donc je suis obligé de venir en équipe A'. Je pense qu'il n'y a pas de différence entre les deux sélections. C'est avant tout notre pays qui est représenté. * En étant avec les A', n'avez-vous pas l'impression d'avoir régressé ? Pas du tout ! Comme je vous ai dit, il n'y a pas de différence entre les deux équipes, ce sont les couleurs de l'Algérie qui importent le plus. D'autre part, il y a la Coupe d'Afrique des locaux, il faut bien que les joueurs locaux prennent part à cette compétition. C'est tout à fait normal. On est ici pour bosser et, Dieu merci, il y règne une excellente ambiance. Aussi, on travaille d'arrache-pied avec le staff technique. * N'êtes-vous pas déçu d'avoir raté la CAN ? Bien sûr que oui. Un joueur qui était international depuis deux années ressentira sans aucun doute cette déception. Mais l'entraîneur est le seul à décider. Je respecte totalement sa décision. Tous les joueurs rêvent de disputer une phase finale de la Coupe d'Afrique ou une Coupe du monde. * Tout le monde est unanime à dire que vous êtes le meilleur arrière droit du championnat national, mais vous n'êtes pas retenu parmi les 23. Qu'en pensez-vous ? Je préfère ne rien dire à ce sujet. Je me concentre uniquement sur mon travail. Je laisse le soin aux autres de me juger. * Que pensez-vous des choix du sélectionneur ? Je n'ai aucun jugement à faire. Il est le seul habilité à prendre les décisions qu'il juge opportunes. Moi, je suis là pour exécuter ses consignes. En tout cas, il sait ce qu'il doit faire. * Suivez-vous tout ce qui a trait à l'EN ? Oui, je suis quotidiennement les informations de l'équipe nationale à travers la presse. C'est l'équipe de mon pays, je dois la suivre de très près, même si je ne figure pas dans la liste des joueurs qui voir dépendre les couleurs nationales. * On vous sent très déçu, n'est-ce pas ? Evidemment ! Donnez-moi un seul nom de joueur qui ne voudrait pas jouer la Coupe d'Afrique. De mon côté, je dois uniquement me concentrer sur mon travail pour progresser davantage. D'autre part, il ne faut pas oublier que je n'ai que 24 ans. * Djamel Menad, l'ex-international, a déclaré qu'il comprend pas pourquoi Rabie Meftah n'est pas retenu en équipe nationale. Quelle est votre réaction ? Tout d'abord, c'est un grand honneur pour moi qu'un ancien joueur et un entraîneur de la trempe de Djamel Menad parle sur moi. Lui a assez d'expérience et connaît parfaitement le football. Mais je le répète, le premier et le dernier mot revient à l'entraîneur. Il est le seul maître à bord. * Après votre mise à l'écart, on a senti vous étiez affecté au point d'être passé à côté dans certains matchs avec votre équipe. Même le président Moh Chérif Hannachi l'a reconnu. Est-ce vrai ? C'est le cas de le dire. Je ne vous cache pas, j'étais déçu voire surpris surtout que j'étais international. Je suis passé certes à côté lors de certains matchs, mais je me suis ressaisi après. Dieu merci, j'ai retrouvé mon niveau. En tout cas, avec le temps, j'ai acquis l'expérience nécessaire. J'ai connu des débuts assez difficiles à la JSK et même avec l'EN, mais je me suis vite adapté. * D'après certains échos, certains joueurs cadres étaient surpris d'apprendre que ne faites pas partie de la sélection… Je vous fais une confidence : après ma mise à l'écart, certains m'ont appelé pour m'encourager. Je cite, entre autres, Antar Yahia et Yazid Mansouri. Ils m'ont beaucoup remonté le moral. * Mais Cavalli vous a fait confiance… C'est vrai. J'étais retenu, avec Hosni, dans ce poste d'arrière droit. Lors du premier des éliminatoires, il m'avait fait confiance, malgré la pression terrible de Conakry. On m'avait confié la mission de museler Fadé Mansaré, qui n'est pas n'importe quel joueur, surtout que j'étais très jeune à l'époque. * Aviez-vous eu peur de lui ? Au début un peu, car l'entraîneur me disait attention, c'est un grand joueur. Même mes coéquipiers m'ont mis en garde. A ce moment-là, j'avais cru que c'était Zidane qui allait être en face de moi, finalement j'ai réussi ma mission avec brio. * Vous avez même joué le fameux match retour face à la Guinée au stade du 5-Juillet. Que gardez-vous de cette confrontation ? C'est une déception. Un match nul suffisait pour se qualifier à la CAN, mais on a perdu, c'était un mauvais souvenir. Heureusement, on a tiré profit des erreurs du passé. * Comment allez-vous suivre cette CAN ? Je la suivrai en tant que supporter de l'équipe nationale, c'est sûr. C'est l'emblème du pays qui est en jeu. Je serai de tout cœur avec les Verts. J'espère qu'ils passeront le cap du premier tour. * Justement, que pensez-vous du premier match face au Malawi ? Ce sera un match difficile. A mon avis, il faudra les prendre très au sérieux pour éviter une contre-performance. On doit gagner le premier match qui est très important. A mon sens, si on le gagne, on aura des chances pour passer au second tour. Les matchs du Mali et de l'Angola sont ceux du « nif », car ce sont deux formations réputées coriaces. * Parlons maintenant de la JSK dont vous êtes le capitaine. Qu'est-ce qu'il n'a pas marché dans cette première phase du championnat ? Je pense que cette équipe de la JSK est très jeune, mais on a des joueurs talentueux, qui vont s'affirmer dans quelque temps. La direction a fait un bon recrutement. Mais il y avait aussi le problème de l'entraîneur qui n'avait pas bien géré l'équipe. * Si on comprend bien, le problème, c'était Lang… Oui. La preuve, dès qu'il est parti, l'équipe a commencé à marcher à merveille. En plus, il n'a pas fait du bon travail, il faut le reconnaître. Sa méthode de travail ne convenait pas à l'équipe. Figurez-vous, on avait appris par cœur le programme des entraînements. Ce sont toujours les mêmes exercices qui sont initiés. A la limite, on pouvait s'entraîner seuls. Les entraînements de Lang, c'était du copier coller, il n'avait jamais varié ses exercices. Je peux affirmer que la JSK jouera le titre cette saison, comme à notre habitude. C'est une tradition chez nous. * Parlez-nous alors de l'exercice écoulé ? La saison passée, tout le travail a été fait par Younés Ifticen. Honnêtement, c'est lui qui avait monté l'équipe. On avait travaillé avec lui d'arrache-pied. On était bien préparés jusqu'à l'arrivée de Lang. Ce dernier a trouvé une équipe en place. D'autre part, la venue de Hocine Achiou a donné un plus à l'équipe, sans oublier aussi l'apport de Chérif Abdeslam. Ce sont des joueurs de qualité. Après le limogeage de Lang, les joueurs se sont libérés et les bons résultats ont suivi. C'est la preuve que cet entraîneur n'avait pas l'envergure de driver un club comme la JSK. * Au fait, qu'est-ce qui bloque à chaque fois votre départ à l'étranger ? Sincèrement, je n'y comprends rien. A chaque fois, l'affaire se bloque au dernier moment. C'est vraiment dommage, mais je suis toujours à la JSK et je me sens bien. * Il y avait l'entraîneur de Duisburg, qui est venu vous superviser… Vraiment, je ne sais pas. Moi, je me suis concentré sur mon match, où je pense avoir accompli mon rôle convenablement. Pour autre chose, tout est lié au destin. * Il y avait même des managers turcs, qui étaient présents… Oui, je sais, mais moi je préfère évoluer dans un grand championnat étranger, qu'en Turquie. Ça va me permettre d'évoluer. * Ne pensez-vous que si vous aviez été international, vous auriez fait partie de la sélection ? Peut-être. Bon, ma cote est toujours la même. Il est clair que les professionnels sont retenus vu leur expérience. C'est normal, puisqu'ils évoluent dans le haut niveau. * Si vous étiez à la place de Ziaya, vous choisiriez Sochaux ou Ittihad Djeddah ? Sans la moindre hésitation, j'irai à Sochaux. En Europe, on est sûr de progresser. Entretien réalisé par Hamza Rahmouni