«Djebbour m'a appelé et m'a félicité pour ma CAN» Harcelé par les médias algériens et étrangers, Rafik Halliche a dû déconnecter pendant quelques jours avant de rallumer son portable. L'occasion pour Le Buteur de faire le point avec lui sur son retour à la compétition et sur le bilan de la CAN. Entretien. * Après plus d'un mois d'absence suite à votre participation avec l'EN à la CAN, vous avez retrouvé votre place de titulaire avec votre club de Madeira hier (ndlr, dimanche) en championnat face à la formation d'Olhanense. Un match que vous avez perdu à la toute dernière minute… Tout à fait, après une longue période d'absence, j'ai retrouvé l'ambiance du championnat portugais lors de ce match qu'on a disputé à l'extérieur face à Olhanense. On a certes perdu, mais je peux vous assurer que c'était une défaite pas du tout méritée. On a joué longtemps en infériorité numérique dans ce match, on tenait bien le nul, mais l'adversaire nous a surpris en toute fin de rencontre et a pris les trois points. C'est vraiment dommage. * Comment vous êtes-vous senti physiquement lors de ce match, vous qui sortez d'une éprouvante Coupe d'Afrique ? Dans l'ensemble, je me suis bien senti et je n'ai pas vraiment trouvé de difficultés pour m'imposer dans le jeu. Certes, j'ai ressenti une petite fatigue en fin de match, mais pas de quoi s'inquiéter. J'ai eu la chance de disputer un grand tournoi continental, qui m'a permis de me frotter aux grands joueurs du monde, et de gagner en expérience. J'ai beaucoup appris de ma participation à la CAN, qui, j'en suis sûr, m'apportera beaucoup de bien pour la suite de ma carrière. * Votre retour à Madeira s'est bien passé donc… En effet, mes coéquipiers étaient tous ravis de me revoir et ont tenu à me féliciter. Ils m'ont affirmé qu'ils ont été séduits par le jeu de l'Algérie lors de cette CAN, surtout lors de la rencontre face à la Côte d'Ivoire. * A présent et à tête reposée, quel bilan faites-vous de votre participation à cette CAN 2010 ? Je dirai que le bilan est plus positif que négatif. Après 6 ans d'absence de la CAN, on revient sur la scène et on réussit à décrocher une honorable 4e place. Il faut savoir que cela n'a pas été facile pour nous, car battre des formations de l'envergure du Mali et de la Côte d'Ivoire n'est pas à la portée de tout le monde. Dommage, on aurait pu prétendre aller encore plus loin dans cette compétition, si on n'avait pas rencontré un arbitre comme celui qui a officié notre rencontre des demi-finales devant l'Egypte. Je dois vous dire qu'on a quitté ce tournoi avec une certaine amertume, car on sentait vraiment qu'on pouvait faire plus. * Vous avez réussi à marquer votre 1er but en sélection lors de ce tournoi. On imagine que votre joie a été intense, non ? Pour ma première participation en CAN, j'ai eu l'honneur de marquer mon 1er but sous les couleurs nationales et cela me fait vraiment plaisir. Ma joie était double ce jour-là, puisque mon but a permis à l'équipe de gagner et de se replacer dans le groupe pour se qualifier par la suite en quarts de finale. * Vous avez aussi reçu votre 1er carton rouge avec l'EN… Le comble, c'est que c'est mon 1er carton tout court avec la sélection, puisque je n'ai jamais reçu d'avertissement avec les Verts avant ce match face à l'Egypte. * Après le 1er carton jaune que l'arbitre vous a infligé, n'avez-vous pas senti un moment que vous étiez visé par ce dernier et qu'il n'attendait qu'une erreur de votre part pour vous expulser ? Evidemment que j'ai senti le coup venir. Lorsque l'arbitre m'a sorti le 1er carton qui, je le redis une fois de plus, n'était pas du tout valable, j'ai vite compris ses intentions. Il n'y avait pas que moi d'ailleurs, car mes autres coéquipiers sentaient eux aussi que l'arbitre était bien décidé à brandir au moins un carton rouge pour faciliter la tâche aux Egyptiens. Décidément, il a eu ce qu'il voulait, en m'expulsant moi d'abord avant de s'occuper de Belhadj et Chaouchi par la suite. * Racontez-nous l'action du penalty, qui a été, il faut le dire, le tournant du match… Je dois dire qu'il n'y avait pas de faute flagrante de ma part sur cette action. L'attaquant égyptien a été malin et s'est laissé tomber pour impressionner l'arbitre et obtenir le penalty. Je ne l'ai pas du tout touché dans mon tacle. Ce qui m'a étonné, c'est que l'arbitre de touche, qui suivait pourtant de très prés l'action, n'a pas levé son drapeau, alors que l'arbitre central qui se trouvait très loin de l'action n'a pas manqué de désigner le point du penalty, comme s'il avait bien suivi le déroulement de l'action. Ça se voyait qu'il n'attendait que ça pour mettre à exécution son plan, qui consistait à nous casser et à nous faire éliminer. C'est désolant, mais c'est comme ça, on n'avait pas le choix que d'accepter le fait et continuer notre match. * On ne vous a pas vu rouspéter auprès de l'arbitre après votre expulsion, préférant quitter sagement le terrain… Comme je vous l'ai dit, on n'avait pas vraiment le choix. Ça n'aurait servi strictement à rien que je rouspète et m'acharne sur l'arbitre, puisque ce dernier était bien décidé à nous faire sortir par tous les moyens. Je me devais de me comporter en professionnel et de me contrôler pour mon intérêt et pour celui de l'équipe. * En voulez-vous toujours à Codjia ? Certes, j'ai décidé de tourner la page de cette rencontre face à l'Egypte, mais j'avoue que je ne suis pas prêt à pardonner à cet arbitre qui nous a fait tant de mal. Il nous a privés d'une finale continentale, que tout joueur espère jouer au moins une fois dans sa vie. J'essaye d'oublier tout cela, même si j'avoue que ce n'est pas aussi facile que cela. * Des enseignements à tirer de cette participation ? Oui, il y en a certainement. La première des choses est que notre jeu a beaucoup évolué durant cette CAN. On a énormément appris et gagné en maturité. On a un groupe jeune qui, match après match, apprend et avance dans le bon sens du terme. * Selon vous, et au vu de ce que l'équipe a montré en Angola, l'Algérie peut-elle créer la surprise au Mondial ? Ce n'est pas à moi de le dire. Les observateurs et les médias étrangers ont tous loué les mérites de notre équipe et affirmé aussi que le point fort de l'équipe d'Algérie résidait dans la force de caractère de ses joueurs, qui ne se vouent jamais vaincus, quels que soient les obstacles. On a un groupe soudé et de talent aussi, qui peut faire mal à l'avenir, à condition seulement de le laisser travailler tranquillement. * La reconnaissance des supporters algériens ne s'est pas fait attendre, puisqu'ils étaient des milliers à vous attendre à l'aéroport à votre retour d'Angola. Qu'avez-vous à dire sur cela ? Ça nous a fait vraiment chaud au cœur de voir autant de monde en train de nous attendre à l'aéroport malgré le fait qu'on n'a rien gagné. C'est encourageant et surtout réconfortant de savoir qu'on est soutenus et épaulés, même dans les moments difficiles. On n'oubliera pas de sitôt le geste de nos fans. * A présent, vous êtes appelés à jouer un match amical le 3 mars prochain face à la Serbie. Un bon test pour vous à seulement trois mois du Mondial ? Tout à fait, ce match va constituer un vrai test pour nous et nous permettra de bien nous préparer pour la Coupe du monde. On se doit de bien se préparer pour espérer faire un bon tournoi au mois de juin prochain. * Après votre belle prestation durant la CAN, vous avez fait l'objet de pas mal de convoitises de clubs européens. Y a-t-il eu des contacts officiels ? Je n'ai rien à dire concernant ce sujet, du moment que rien n'est encore officiel. Actuellement, je suis pleinement concentré sur mon club de Madeira, après on verra. Quand il y aura du concret, j'en parlerai. * Mais vous n'avez pas répondu à notre question ? Il y a eu des contacts préliminaires entre certains clubs et moi, mais rien de plus. * Avez-vous un agent ? Oui, j'en est un. * Lors d'une longue interview qu'il nous a accordée, Djebbour s'est dit ébahi par votre prestation lors de la CAN, affirmant qu'il voit en vous l'un des futurs piliers de la sélection… Djebbour m'a appelé et m'a dit la même chose. Venant d'un grand attaquant comme lui, je ne peux qu'être honoré et fier. Ça me fait vraiment plaisir d'entendre ce genre de propos. C'est motivant et réconfortant en même temps. J'espère être toujours à la hauteur et procurer encore plus de bonheur au peuple algérien. Entretien réalisé par Saïd Fellak