«Lorsqu'on avait fait appel à moi pour renforcer l'Equipe nationale, je n'étais pas titulaire dans mon club et franchement, je ne me voyais pas indispensable pour la sélection.» L'ex-défenseur central international algérien, Ahmed Réda Madouni, évolue depuis l'été dernier à Clermont-Foot. Après une expérience au Qatar qu'il juge positive, Madouni, qui avait porté les couleurs des deux prestigieux clubs allemands du Borussia Dortmund (2003-2004 et 2004-2005) et du Bayern Leverkusen (2005-2006 et 2006-2007), connaît bien les exigences du rigoureux championnat d'Allemagne où il n'est jamais facile de s'imposer. Il est de ce fait le mieux placé pour nous commenter la pénible situation que traversent nos joueurs internationaux évoluant en Bundesliga. Par ailleurs, coéquipier de Michael Fabre à Clermont, il nous livre aussi ses impressions sur le portier international Espoirs français et nous parle aussi de ce qu'il pourrait apporter à la sélection nationale. Tout d'abord, quelles sont vos nouvelles ? Très bien, je vous en remercie. Tout marche bien pour moi cette saison. Pouvez-vous revenir un peu sur votre expérience vécue au Qatar ? Ça s'est plutôt très bien passé pour moi. Mon passage au Qatar a été très intéressant sur plusieurs aspects. J'ai gagné un titre de champion là-bas et deux coupes du Trône. Donc, je dirai que c'est une expérience riche sur le plan sportif. J'ai connu une petite mésaventure concernant la reconduction de mon contrat avec mon club. Sinon dans l'ensemble, j'estime que ça a été positif. Vous évoluez à Clermont depuis quand ? Depuis l'été dernier. Etant en fin de contrat avec mon ex-club employeur, je me suis engagé avec le club clermontois. Comment jugez-vous votre saison avec Clermont-Foot ? Je n'ai pas à me plaindre, je crois que c'est une bonne saison que nous sommes en train de réaliser en championnat avec des résultats assez bons par rapport aux objectifs de l'équipe. Sur le plan personnel, c'est aussi pas mal, puisque je joue plus souvent et cela me permet de rester régulier dans mon rendement. C'est un match important que celui que vous avez gagné vendredi contre Vannes ? Oui, c'était difficile. Ce succès nous permet de respirer un peu. C'est une victoire salutaire pour l'équipe. Franchement, aspirez-vous toujours à une place en sélection ? Là, vous me donnez l'occasion de bien m'expliquer. A vrai dire, je n'ai jamais tiré un trait sur la sélection. Seulement, comme je l'ai toujours dit, si je viens en sélection, c'est pour donner un plus. Je me rappelle à l'époque lorsqu'on avait fait appel à moi pour renforcer l'Equipe nationale, je n'étais pas titulaire avec mon club et franchement, je n'avais pas trop l'ambition et la motivation de jouer en sélection juste pour honorer ma convocation, pour la simple raison que je ne me voyais pas indispensable pour l'Algérie. A présent, je crois qu'il y a un entraîneur en place qui sait faire son boulot, donc le mieux indiqué pour juger qui est le plus apte à défendre les couleurs de l'EN. Vous étiez l'un des premiers Algériens à évoluer en Bundesliga ; pouvez-vous nous parler de la situation que vivent certains de nos internationaux en Allemagne ? Pour les cadres de l'Equipe nationale algérienne, cela constituera forcément un problème, surtout si cette situation perdure encore. Vous savez, des joueurs comme Yahia, Matmour et Ziani ont leur place dans leur club, mais le fait d'être en concurrence avec d'autres internationaux rend leur mission difficile. Je veux dire que ce n'est pas facile de s'imposer en présence de joueurs de haut niveau. Pensez-vous qu'ils reprendront leur place avant le Mondial ? Ils doivent tout faire pour y parvenir. Ce sont des compétiteurs de haut niveau, il faut qu'ils aient du temps de jeu pour mieux finir la saison, surtout qu'il s'agit d'éléments importants de l'Equipe nationale. Je dois aussi préciser qu'il y a une grande différence entre les petits et grands clubs. C'est en évoluant dans les meilleures équipes des championnats européens qu'on découvre la véritable concurrence de haut niveau. Certains parlent de racisme au sein de certains clubs allemands ; serait-ce la raison de la mise à l'écart de nos joueurs ? Ecoutez, personnellement je n'ai pas vécu cela en tant qu'international algérien. Quand j'évoluais en Allemagne, j'étais en concurrence avec des joueurs brésiliens et d'autres cadres de la sélection allemande. C'est ce qui expliquait mes difficultés à jouer plus souvent, surtout que les sélections allemande et brésilienne étaient régulièrement présentes en Coupe du monde. Ce qui n'était pas le cas pour l'Algérie. Lorsque je demandais des explications au coach, il me répondait que ces joueurs qui étaient en concurrence avec moi avaient un Mondial à préparer et c'était à moi de prouver que j'étais capable de les détrôner. Vous voyez, ce statut de mondialiste vous met en position de force par rapport aux autres. A nos joueurs donc de tirer profit de leur statut de mondialiste pour nous mettre en valeur et regagner de nouveau la confiance de leur entraîneur. Vous ne croyez pas qu'il serait préjudiciable de compter sur des joueurs en manque de compétition ou blessés avant le Mondial ? Ecoutez, c'est au coach de voir cela. Moi, je peux seulement dire que nos joueurs doivent vite retrouver leur place au sein de leur club, car il est important d'avoir un maximum de matchs dans les jambes, avant le Mondial. Ont-ils le talent pour le faire ? Vous savez, lorsqu'on atterrit dans une grande équipe en Allemagne, on doit se mettre dans la tête qu'on va se retrouver en compétition directe avec sept ou huit joueurs internationaux de différentes nationalités. La concurrence devient dès lors plus rude. Par exemple, Karim Ziani a prouvé toutes ses qualités à Marseille et il peut faire autant à Wolfsburg. Moi personnellement, je pense qu'il a sa place à Wolfsburg, c'est aussi le cas pour Yahia et Matmour. Etes-vous en contacts avec des joueurs de l'EN ? Non, pas spécialement. Avez-vous suivi les performances de l'Equipe nationale algérienne lors de la dernière CAN-2010 ? Oui, bien sûr. Comme tout Algérien, j'ai vécu cette CAN dans la peau d'un véritable supporter des Verts. J'ai vibré au rythme des résultats de notre sélection en Coupe d'Afrique des nations. Un mot sur les résultats de l'EN ? Je dois d'abord dire que cette Coupe d‘Afrique a été riche pour l'Algérie. On a très mal démarré, mais par la suite, il y a eu une belle réaction d'ensemble. Je pense que cette participation algérienne a été positive à plus d'un titre. Sur un ou deux matchs, on a démontré qu'on savait élever notre niveau de jeu et gagner des rencontres importantes. Il y a un joueur avec qui vous évoluez à Clermont, Fabre en l'occurrence ; comment le trouvez-vous ? C'est un bon gardien de but. Je dirai que le fait qu'il évolue en Ligue 2 française est une preuve qu'il est d'un bon niveau, surtout que je ne connais pas assez de gardiens de but algériens aussi performants évoluant en Europe en ce moment. Il réalise une saison pleine, il est donc forcément bon. Est-il rassurant dans les bois ? Il joue avec moi, c'est mon équipier sur le terrain et je peux vous dire qu'il met en confiance ses défenseurs Moi, je considère tous mes coéquipiers comme étant les meilleurs du championnat. Si Chaouchi était notre gardien de but à Clermont, j'aurais aussi dit la même chose. Un petit mot sur le groupe de l'Algérie lors du prochain Mondial ? C'est une poule difficile mais qui reste jouable. Vous savez, après une longue absence qui a duré plus de 24 ans, je crois que le fait de se retrouver parmi le gotha mondial est déjà une sacrée performance qu'il faudra assumer en sortant le meilleur parcours possible lors du prochain Mondial. L'important pour notre sélection nationale serait de bien entamer cette phase finale. Ce sera la Slovénie ? Oui, c'est une rencontre qu'il faudra gagner. Il est important dans un tournoi de haut niveau de commencer par une victoire. C'est dire que tout dépendra de notre premier match. Il y a l'Angleterre et les USA ; l'Algérie est-elle en mesure de bousculer ces deux nations ? Oui, pourquoi pas ? Tout reste possible dans un match de football. Selon vous, l'Algérie est capable de battre l'Angleterre ? Il faut y croire. On a des joueurs qui évoluent dans le championnat anglais et qui ont pris l'habitude de marquer et gagner face aux Anglais. Donc tout reste possible. Enfin, je l'espère. Ça a été un plaisir Madouni, on vous laisse le soin de conclure ? Je souhaite bonne chance à l'Algérie au Mondial et j'espère qu'on fera bonne figure. Merci à vous et au revoir.