Longtemps éloigné des terrains en raison d'une grave blessure au genou contractée il y a un an avec Nottingham Forest, Hillal Soudani, qui a choisi l'été dernier de rebondir à l'Olympiakos, semble retrouver la plénitude de ses moyens, lui qui comptabilise jusque-là 4 buts inscrits en 5 matchs de championnat. Très discret dans les médias, l'ancien buteur du Dinamo Zagreb a choisi de briser le silence en accordant une interview exclusive au Buteur. Un entretien riche en révélations : Il y a presque un an de cela, vous avez été victime d'une grave blessure au genou. Depuis quelques semaines, vous avez retrouvé la compétition officielle avec votre nouveau club de l'Olympiakos. Tout d'abord, parlez-nous de votre état physique actuel… El Hamdoulilah, le plus dur est passé. Je vais bien désormais et je sens que je monte en puissance. J'ai beaucoup travaillé cet été. Lorsque les gens profitaient des vacances, moi, j'étais à fond dans le travail physique. Même si je ne suis pas encore à 100% de mes capacités, mais je sens que physiquement, je progresse. Malgré cette blessure vous avez changé de club l'été dernier. Vous avez opté pour l'Olympiakos, même s'il faut souligner que ce dernier et votre ancien club, Nottingham Forest, appartiennent à un même propriétaire. Pourquoi ce changement néanmoins ? À vrai dire, l'Olympiakos me voulait déjà il y a trois ans de cela. Ils connaissent mes qualités car j'ai eu à les affronter par le passé en Ligue des champions. Et justement, lors de notre match face à l'Olympiakos (ndlr, Soudani jouait avec le Dinamo Zagreb), j'avais sorti une grosse prestation. Il y a eu donc des contacts, mais ça n'avait pas abouti à un transfert. Par la suite, j'avais choisi de rejoindre Nottingham Forest. L'été dernier, l'Olympiakos est revenu à la charge et m'a proposé une offre intéressante… Vous avez répondu favorablement tout de suite ? J'ai pris le temps de réfléchir un peu et après, je me suis dit pourquoi pas. L'Olympiakos est le plus grand club de Grèce et c'est une bonne opportunité pour moi de le rejoindre. Je remercie les dirigeants pour leur confiance, car ce n'est pas facile de recruter un nouveau joueur alors que celui-ci revient à peine d'une longue absence pour blessure. Ils ont parié sur moi et inch'Allah, ils ne le regretteront pas. Je suis en train de réaliser un bon début de saison et les gens sont contents de moi ici. C'est vrai qu'au départ, il y a eu beaucoup de bruit au sujet de mon arrivée au club, mais maintenant, je pense que tout le monde est content. La presse anglaise avait révélé que vous aviez été prêté à l'Olympiakos, c'est bien ça ? Non, ce n'est pas un prêt, mais c'est un transfert définitif. J'ai signé pour trois ans. En début de saison, vous entraîneur ne comptait pas réellement sur vous et vous jouiez très peu. Pourquoi ? La première des choses, il faut que vous sachiez que l'entraîneur me connaît très bien. C'est un coach portugais contre lequel j'ai joué quand j'évoluais au Portugal. Il a pris ensuite le Vitoria Guimarães l'année où je suis parti. Après, il est normal que le coach ne me fasse pas jouer au début. Je suis arrivé au club très tard dans la préparation. Je n'ai joué qu'un seul match amical (10 minutes). Une semaine après, les matchs des qualifications pour la Ligue des champions débutaient. Le coach n'a pas voulu anticiper mon retour sur les terrains. Il l'a fait petit à petit et a su me gérer. Je devais retrouver de la confiance et revenir doucement dans le bain. Vous n'avez pas été retenu dans la liste européenne par le club. Cela vous a-t-il agacé ? J'étais surtout déçu. C'est normal car je suis un compétiteur et j'ai envie de jouer une telle compétition. En optant pour l'Olympiakos l'été dernier, je nourrissais cette ambition de jouer la Ligue des champions, même si à ce moment-là, nous n'étions pas encore qualifiés pour la phase finale. Le coach a vu que je n'étais pas encore prêt. C'est une décision que je respecte. J'ai continué à travailler très dur tout en attendant ma chance. El Hamdoulilah, le travail commence à payer. Cette saison la concurrence à l'Olympiakos au niveau de l'attaque est féroce. Comment comptez-vous gérer tout ça ? Il est vrai que le club a recruté d'excellents attaquants l'été dernier. Des joueurs comme Valbuena, Al-Arabi et d'autres ne sont plus à présenter. Je pense que c'est une bonne chose pour l'équipe. La concurrence ne me fait jamais peur. Samedi dernier vous avez frappé fort en marquant un doublé et en régalant surtout le public de quelques gestes techniques de grande classe… J'ai été longtemps blessé, mais je n'ai pas perdu pour autant ma technique (il rit). Plus sérieusement, je me sens de mieux en mieux et cela s'est vérifié avec ces deux buts inscrits. J'essaye de garder mon style de jeu et d'apporter ma touche technique au jeu de l'équipe. Je suis heureux de pouvoir aligner de telles performances surtout après cette grave blessure contractée. Avant de signer, aviez-vous pris le soin de contacter Rafik Djebbour ? Non, je ne l'avais pas contacté. Je voulais laisser le contact secret. Sinon, par la suite, oui, on s'est rencontré avec Rafik et on a longuement parlé du club. Rafik a laissé sa marque dans le club… Oui, bien sûr. Rafik a joué pour de grands clubs en Grèce. Tout le monde le respecte. Il a une place privilégiée à l'Olympiakos. Les supporters l'apprécient toujours et on ne cesse de me parler de lui et de ce qu'il a fait pour le club. J'espère faire autant que lui et conduire le club aux trophées. J'ai envie de laisser ma trace ici. Un autre joueur algérien évolue cette saison à l'Olympiakos, en l'occurrence Yassine Benzia. Vous l'avez encouragé à venir ? Oui, évidemment. Il m'a appelé pour avoir une idée et je l'ai rapidement encouragé à venir me rejoindre ici. Yassine est une bonne personne et on se connaissait déjà en sélection. Je l'ai aidé à son arrivée et lui aussi, il apporte par sa justesse technique beaucoup de bien à l'équipe. Evidemment après votre retour en force, on commence à évoquer votre possible retour en sélection nationale. Qu'est-ce que vous en pensez ? Tout d'abord, je tiens à remercier tous les Algériens qui m'ont envoyé des messages pour me soutenir durant l'épreuve difficile que j'ai traversée. Revenir en sélection, évidemment, ça serait quelque chose de magnifique. Je suis un joueur algérien et tant que j'évolue au plus haut niveau, je reste toujours sélectionnable. J'ai très envie de retrouver les Verts, mais après, la décision revient au sélectionneur national. C'est lui qui fait les choix et on doit les respecter. Vous avez gardé le contact avec les joueurs actuels de l'EN ? Oui, bien sûr. J'étais en contact avec plusieurs joueurs, notamment lors de la CAN. J'étais leur premier supporter et bien entendu, j'étais très heureux de la victoire à la CAN. Il règne une bonne ambiance au sein du groupe et ça se voit sur le terrain. Ça fait vraiment plaisir à voir. Vous êtes l'un des plus anciens de cette EN. N'avez-vous pas une pointe de regret de ne pas avoir participé à ce sacre africain ? Je vous mentirais si je vous disais, non, je n'ai pas de regrets. Evidemment que j'aurais aimé faire partie de l'aventure en Egypte. La sélection nationale est quelque chose de sacrée pour moi. J'ai toujours tout donné pour elle. Malheureusement, le bon Dieu en a décidé autrement. J'ai été longuement blessé, mais je dis toujours El Hamdoulilah. C'est le destin. À votre poste, la concurrence est désormais très rude avec la présence de Belaïli, Benrahma et Brahimi… Ce n'est pas un problème. On est tous au service du pays. Je pense que le coach national est content d'avoir autant de bons joueurs. Ça lui donne l'embarras du choix. Et comme je vous l'ai dit tout à l'heure, la concurrence est toujours bonne pour l'équipe. Vous aviez rendu visite au groupe au CTN de Sidi Moussa avant le départ au Qatar et ensuite pour l'Egypte. Comment ça s'est passé ? C'est Hakim Medane qui m'a appelé pour m'inviter à dîner avec le groupe. J'ai été très heureux de cette attention et ça m'a fait plaisir de retrouver mes coéquipiers. J'avais salué Djamel Belmadi et je me rappelle lui avoir dit ceci: «Coach, on compte sur vous, ramenez-nous cette Coupe d'Afrique.» C'est comme-ci j'avais senti qu'ils allaient nous faire ce gros coup. Comment avez-vous trouvé l'équipe face à la Colombie ? Franchement, on ne dirait pas que c'était un match amical. On a joué avec force et beaucoup de détermination. C'était comme un match officiel. Les joueurs ont livré une prestation énorme et ont su battre une grosse sélection mondiale. Sincèrement, on sent une équipe d'Algérie complète et sûre de ses qualités. J'ai été impressionné ! Votre compère de l'attaque en sélection, Islam Slimani, revient de très loin et est en train de réaliser un énorme début de saison avec l'AS Monaco. Qu'avez-vous à dire sur lui ? Ce que réalise Islam n'est pas le fruit du hasard comme peuvent le penser certains. C'est quelqu'un qui travaille énormément et qui se donne toujours à fond. Je suis heureux pour lui car il le mérite. Il avait juste besoin de confiance et le fait que l'entraîneur connaît ses qualités lui a permis de retrouver son efficacité. C'est un grand finisseur. Chapeau à lui !