"Trois buts à rien plus loin, on peut dire qu'avec une opposition de ce calibre, Saâdane et ses joueurs ont eu plus qu'un aperçu de ce qui les attend dans quelques jours en Afrique du Sud." A la base, le match contre l'Irlande se voulait un test comparatif avec ce qui attend les Verts contre les Anglais et à un degré moindre, les Américains. Trois buts à rien plus loin, on peut dire qu'avec une opposition de ce calibre, Saâdane et ses joueurs ont eu plus qu'un aperçu de ce qui les attend dans quelques jours en Afrique du Sud. Plus qu'une leçon d'humilité pour faire retomber les Verts de leur nuage, ce match contre l'Irlande a eu aussi le mérite de tirer la sonnette d'alarme de manière significative. Même les plus optimistes d'entre nous ont fléchi quelque peu vendredi à la fin du match. Car le constat est plus alarmant que préoccupant, bien que nos espoirs restent intacts dans ce Mondial. 11 buts encaissés, 0 marqué ! Ce qui nous tourmente le plus aujourd'hui, c'est de constater avec regret que les Verts sont à la traîne par rapport au formidable élan pris lors des dernières éliminatoires. Le bilan est implacablement triste depuis la victoire mémorable d'Oum Dormane face à l'Egypte. Et pour cause, sur les huit matchs joués par les Verts, on comptabilise cinq défaites (Malawi 3- Algérie 0 ; Egypte 4 – Algérie 0 ; Nigeria 1 – Algérie 0 ; Algérie 0 – Serbie 3 ; Irlande 3- Algérie 0), un nul (Angola 0 - Algérie 0) pour deux victoires seulement (Mali 0 – Algérie 1 ; Algérie 3 – Côte d'Ivoire 2). Ce qui est loin de rassurer une équipe mondialiste qui se veut conquérante dans ce premier tour. Et comment peut-on se réjouir devant une aussi réalité aussi effrayante ! Surtout lorsqu'on découvre au décompte final, que depuis le début de la CAN 2010, l'EN a encaissé la bagatelle de 14 buts pour n'en inscrire que 4. Soit, une différence de dix buts entiers ! On pouvait aussi voir cela d'un angle encore plus obscur, en rappelant que depuis la défaite en demi-finale contre l'Egypte, l'attaque est restée stérile à ce jour, alors que le gardien de but algérien est allé chercher le ballon à onze reprises du fond de ses filets. En Angola, ils étaient programmés pour le titre, pas pour le chocolat Le moins que l'on puisse dire donc, c'est que cette équipe ne répond pas encore aux attentes de son public à moins de quinze jours de son premier match en Coupe du monde. Mais doit-on fustiger indéfiniment cette équipe, sans lui accorder le crédit des circonstances atténuantes ? Saâdane et ses protégés en ont bien quelques-unes à faire valoir pourtant. Car chaque match, ou plutôt chacune de leurs défaites peut-être décortiquée et expliquée de sorte à ce que les supporters ne puissent pas douter totalement des Verts pendant le Mondial. Prenons match par match et voyons comment défendre les Algériens. Face à l'Egypte, on n'a pas besoin de faire un dessin pour expliquer ce que tout le monde a compris avec le bon pédagogue qu'est ce Coffi Codjia. Pour le match de classement, l'EN ne s'était pas présentée avec ses cadres et puis l'envie n'y était plus après la désillusion de la demi-finale. A vrai dire, cette équipe d'Algérie avait été programmée pour gagner le titre de champion et rien de plus. La médaille en chocolat n'intéressait donc plus personne parmi les Verts qui n'avaient plus de force à jouer pour l'honneur. Trop d'éloges à la fois Contre la Serbie, les Algériens étaient manifestement préoccupés par la fête incomparable qui régnait au stade du 5-Juillet que beaucoup de joueurs ne connaissaient que de réputation. Ils étaient venus voir et pour certains même filmer l'ambiance endiablée dans les tribunes. D'autres éléments nouveaux peuvent se greffer dans cette perturbation de l'équipe, comme celle du retour des héros qui allaient jouer pour la première fois au pays, depuis la qualification en Coupe du monde. Les éloges étaient si grandes que cela ne pouvait empêcher les joueurs de planer quelque peu. Ces derniers s'étaient quelque peu oubliés en focalisant sur la présence d'un aussi grand nombre de supporters venus les fêter comme des Guerriers vainqueurs de la plus belle des batailles. Ceci, sans oublier un détail de taille ! Les Serbes étant connus pour être les champions du monde des matchs… amicaux ! Conjugués entre eux, ces facteurs ne pouvaient pas donner ce que le peuple attendait de ses joueurs. Tant de chamboulements et on ne veut pas les comprendre ? Quant à la défaite de Dublin, bien qu'elle ait profondément déçu les supporters des Verts qui s'attendaient plutôt à une réaction d'orgueil ou à la limite que les joueurs les rassurent à quelques jours du début du Mondial, elle n'en demeure pas moins qu'une simple rencontre amicale pour préparer l'équipe. Ajoutez à cela qu'il y avait six joueurs qui ouvraient leur capital sélection dans ce match et qui ne s'étaient jamais retrouvés ensemble sous le même maillot, à l'image de Guedioura, Bellaïd, Mesbah, Boudebouz, Kadir et M'bolhi. Ceci, sans parler des absents que sont les Bougherra, Yahia, Yebda et Matmour, ainsi que le stratège Mourad Meghni. Avec autant d'excuses valables, on peut même omettre d'évoquer les effets de la fatigue de quinze jours de préparation physique intensive à 1500 mètres d'altitude. De quoi vous user un robot sorti d'usine ! Vous voyez donc que les manques constatés face à cette équipe d'Irlande ont des origines bien définies. Et même s'il n'y avait pas toutes ces excuses, sachez surtout qu'on a joué contre des Irlandais au caractère bien trempé et qui avaient à cœur de prouver à leur peuple que s'ils n'avaient pas réussi à se qualifier en Coupe du monde, ce n'est que parce que Thierry Henry et la France avaient triché. C'était donc une bataille de braves qu'ils avaient livrée aux Algériens. Ils retrouveront leur rage de vaincre à temps ! Il faut donc tenter de relativiser tout cela en acceptant cette autre défaite des Verts en sachant que les joueurs sont les premiers gênés par cette histoire. A chaque fois qu'on leur parle en privé, on sent qu'ils ne dramatisent pas le moment et qu'ils bouillonnent d'impatience de se racheter de la plus belle des manières en Afrique du Sud. De notre côté, on sait qu'on peut leur faire confiance, car ces joueurs ont encore dans le ventre, cette légendaire rage de vaincre qui caractérise le footballeur algérien. Celle que les Egyptiens ont subie à Oum Dormane et que les Eléphants de Côte d'Ivoire nous envient, comme l'a si bien reconnu sur nos colonnes le géant Kolo Touré. Pourquoi vouloir les enterrer comme après le Malawi ? Il n'y pas lieu de douter plus que cela donc et soyez sûrs que les Verts vont se réveiller à temps pour nous gratifier du plus beau spectacle de l'année en Afrique du Sud. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'à la fin du match, les joueurs n'avaient plus le cœur à parler à la presse, comme ce fut le cas justement, en Angola, après le 3-0 qui les avait secoués face au Malawi. La suite avait donné une victoire contre le Mali, un nul face à l'Angola et surtout un baroud d'honneur contre Didier Drogba et ses camarades. Soit trois bons résultats qui les avaient propulsés en demi-finale. Et s'ils remettaient cela en Coupe du Monde ? On les applaudira encore et on sortira tous de nouveau dans la rue. C'est là qu'on aura honte une fois de plus de les avoir enterrés injustement ! Alors…