«Le départ de Meghni a ressoudé le groupe» Comment avez-vous vu l'équipe contre l'Irlande ? Ce qu'il faudrait mettre en avant en parlant de ce match, c'est surtout le fait qu'on avait joué avec beaucoup de nouveaux joueurs. C'est sûr qu'il n'y avait pas de cohésion parfaite entre les joueurs. On avait aussi joué avec un système auquel on n'était pas habitués. Le 4-4-2 ? Oui, le 4-4-2 ou le 4-3-3, cela dépend de la définition que lui donne chaque entraîneur. Pour moi, c'était plus un 4-4-2, en losange au milieu. Mais il ne faut pas oublier aussi qu'il y avait en face une belle équipe d'Irlande combative. Je pense que c'était un très, très bon test pour nous, parce qu'on a eu affaire à du solide en face. Comme contre la Serbie où on avait vu un système et une manière de jouer totalement différents de ce qu'on avait l'habitude de voir. Quels sont les enseignements, les lacunes surtout que vous avez pu voir dans votre jeu ? C'est justement pour cela que ces matchs ont été programmés par le coach et le staff technique. Pour voir nos manques et nos lacunes. On a appris beaucoup de choses de ces deux matchs. Par exemple, on a vu qu'on était un peu fébriles sur les coups de pied arrêtés et là, on se rend compte qu'on devrait être beaucoup plus attentifs dorénavant. Les difficultés que nous avons eues vont nous servir de base de travail pendant les entraînements pour les résoudre avant le match contre la Slovénie qui reste notre premier objectif dans cette Coupe du monde. Les gens s'inquiètent un peu en Algérie, après vos récentes défaites. Qu'avez-vous à leur dire pour les rassurer ? Je voudrais surtout qu'ils sachent qu'on est les premiers déçus après une défaite. Mais je peux aussi les assurer que ces défaites nous ont beaucoup appris. Cela va nous pousser à être plus vigilants pendant le Mondial. On va se donner doublement pour ne pas être surpris. Nous savons ce qui nous attend dans chacun de nos matchs et nous allons les jouer tous les trois avec l'intention de les gagner, sans le moindre complexe. Nous avons, certes, perdu nos deux matchs de préparation, mais il est clair qu'on va montrer un autre visage pendant la Coupe du monde. J'espère que nous jouerons avec tous nos atouts pour montrer de quoi le footballeur algérien est capable. Que pensez-vous des nouveaux joueurs ? Franchement, je ne peux pas porter de jugement sur un joueur qui arrive en sélection. J'ai vécu la même chose que tout le monde à mon arrivée et je n'aurais pas bien pris cela si j'avais vu qu'on voulait me juger. Je voudrais donc les laisser s'intégrer tranquillement à leur tour. Mais je peux par contre vous dire que sur le plan humain, tous les nouveaux sont bien. Ils sont ouverts et bons vivants. Après, sur le terrain, je ne peux même pas dire comment ils sont vraiment, vu que je ne m'étais pas beaucoup entraîné avec le groupe. Je n'ai repris que mardi les entraînements (entretien réalisé hier, ndlr). Mais si le coach les a sélectionnés, c'est qu'ils ont tous le potentiel pour jouer en Equipe nationale. A qui va votre pensée à quelques jours du Mondial ? Je pense à tous mes coéquipiers pour qu'il ne nous arrive pas de blessure de dernière minute, je pense à nos supporters en Algérie et dans le monde entier qui nous soutiennent et qui rêvent avec nous pour que les couleurs de notre drapeau soit portées très haut dans ce Mondial. Mais j'ai aussi une profonde pensée à tous nos camarades qui n'ont pas été retenus dans la liste des 23 pour l'Afrique du Sud. Vous pensez à qui en particulier ? Je pense à Raho, Zaoui, Ousserir, Babouche, Bouazza, Bezzaz, Chadli Amri et les autres qu'on a appris à aimer comme des frères et qui ont pris part à l'aventure depuis le début ou même ceux qui n'ont fait qu'un bout de chemin avec l'EN. C'est sûr que je pense à tous ceux-là et bien évidemment à Mourad Meghni et Zemmamouche qui étaient avec nous encore, il y a peu. C'est à ceux-là que va ma pensée. Que représentent-ils à vos yeux ? Eux, c'était le cœur qui a saigné pour l'équipe ! On n'a pas le droit de les oublier comme ça. Et en Afrique du Sud, on jouera aussi pour eux. Le fait de venir une semaine en stage avant les autres équipes, c'était aussi pour cicatriser les plaies, car leur souvenir est toujours présent dans l'équipe. Maintenant, il y a aussi de nouveaux joueurs qui les ont remplacés et il faut tout faire pour bien les accueillir et les aider à s'installer convenablement. Que faut-il pour que le cœur saigne à nouveau ? Oui, peut-être qu'il nous faudra encore d'autres batailles, comme celles qu'on a menées pendant les éliminatoires. Mais aussi, il suffira peut-être d'un détail, un fait pour que nous soyons encore plus en harmonie entre nous, notamment avec les nouveaux. Je prends l'exemple du forfait de Mourad Meghni qui nous a mis dans une ambiance tellement particulière que nous nous sommes rapprochés spontanément les uns des autres. C'est cela qui peut également déclencher le déclic. Son départ a été un peu dur à encaisser, notamment par vous, non ? Oui, ça a été très dur pour lui, pour moi et pour tout le monde. Car Mourad est quelqu'un de très agréable que tout le monde apprécie. A commencer par le président de la fédération et le coach, jusqu'aux joueurs. Et moi, je le connais déjà depuis l'âge de 8 ou 9 ans. C'est une connaissance de très longue date. Comment avez-vous vécu son départ justement vous qui aviez un destin commun ? C'est vrai qu'on a eu un destin commun jusqu'à ce Mondial qu'il vient de rater. J'ai joué contre lui à l'âge de 8 ans et on a continué à jouer ensemble pendant longtemps chez les jeunes en équipe de France. Mourad est en quelque sorte mon jumeau dans le football. C'est quelqu'un que je respecte énormément, mais que j'admire aussi comme joueur. Comment avez-vous appris son forfait ? C'est lui qui est venu dans ma chambre pour me l'annoncer. Il m'a dit : «Je viens juste de parler avec le coach et le président et il m'a dit que je ne ferai pas le voyage avec l'équipe pour le Mondial ». Il a pleuré ? Non, non, il était très déçu, mais Mourad est quelqu'un de très, très fort mentalement. Il l'a gardé en lui, mais il n'a pas pleuré. Ce n'est pas un homme qui va se laisser abattre. Je suis sûr qu'il va se faire opérer et se remettre au travail tout de suite après afin de vite revenir sur les terrains. Déjà, les efforts qu'il a consentis depuis le mois de janvier prouvent bien qu'il a du mental. Vous étiez dans le doute à son sujet avant l'annonce de son forfait ? Non, pas du tout. J'étais persuadé qu'il allait être du voyage dans les 23. Surtout qu'il s'était entraîné avec l'équipe la veille et tout paraissait aller pour le mieux. On était tous très contents de le revoir courir comme avant. Et le lendemain, il est venu m'apprendre cette triste nouvelle. Mais bon, c'est comme ça. C'est pénible, mais avant de partir, il nous a permis de ressouder le groupe un peu plus. Et Zemmamouche ? Zemmamouche aussi, c'est quelqu'un que j'apprécie énormément, car c'est un homme simple et vrai. En plus, c'est un très bon gardien de buts qui méritait autant que Chaouchi, Raïs ou Gaouaoui d'être dans les 23. Malheureusement, il n'a pas été retenu. Mais j'espère vraiment qu'il reviendra inch'Allah au mois de septembre. Savez-vous qu'il vient de décrocher le titre de champion d'Algérie avec son club ? Oui, on était tous très contents pour lui. Je profite de cette occasion pour lui dire que je suis très fier de lui et pour le féliciter pour son titre lui, son équipe et tous les supporters du Mouloudia d'Alger. Je voudrais également dire à Zemmamouche qu'ici, tout le monde le respecte et qu'on l'aime beaucoup.