«L'Afrique du Sud est la plus faible équipe du tournoi, mais les autres formations africaines disposent de joueurs qui évoluent dans les meilleurs championnats d'Europe» International allemand le plus capé de l'histoire, Lothar Matthäus, travaillera comme consultant pour la télévision durant la Coupe du monde de la FIFA 2010. Il se prépare à l'heure actuelle à suivre le tournoi en Afrique du Sud. Au micro de FIFA.com, l'ancien Joueur mondial de la FIFA évoque ses projets d'avenir, l'équipe d'Allemagne, ainsi que ses attentes envers la première édition de l'épreuve suprême organisée sur le continent africain. Vous serez consultant pour la télévision lors de la Coupe du monde de la FIFA 2010. Envisagez-vous votre avenir dans les médias ? Ce qui est sûr, c'est que mon travail sera toujours lié au monde du football. Il est vrai que ces derniers mois, j'ai plus été présent en tant que journaliste que sur le terrain. J'ai beaucoup voyagé à l'étranger et c'était surtout pour la télévision. Néanmoins, j'aimerais bien endosser à nouveau le rôle d'entraîneur. Mais j'ai une image précise de ce que je veux. Il faut que les conditions proposées correspondent à mes attentes pour que j'accepte un nouvel engagement. J'ai eu quelques propositions pour lesquelles je n'étais pas loin de signer, mais je n'étais pas convaincu à 100 % et je ne suis pas le genre de personne qui se décide à la va-vite. Je suis patient. L'Inter Milan, vainqueur de la Ligue des champions de l'UEFA, cherche un nouvel entraîneur. Entretenez-vous de bons contacts avec votre ancien club ? Je suis en contact avec l'Inter Milan, mais pas de manière aussi intensive qu'avec le Bayern Munich. Le président de l'Inter n'est plus le même que quand j'y jouais, les personnes de l'époque n'occupent plus leurs postes. Je félicite le club une fois encore pour son triomphe en Ligue des champions. Sa victoire est méritée, même si les deux équipes me tiennent à cœur. Pour ce qui est du poste d'entraîneur, je ne me fais pas d'illusions. Je ne pense pas que mon nom soit cité dans les discussions. Je manque de résultats pour cela, même si j'ai déjà remporté quelques titres. Le coup d'envoi de la Coupe du monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010 sera donné dans quelques jours. Qu'attendez-vous de cette édition de la compétition reine ? Je m'attends à une grande fête du football, comme il y a quatre ans en Allemagne. Je pars du principe que nous allons vivre une compétition grandiose et pacifique. La phase finale va se dérouler dans un pays dont le peuple adore le football. Je suis sûr que l'enthousiasme des tribunes se répercutera sur le terrain et inversement. Comme les 31 autres participants, l'Allemagne se consacre aux derniers jours de sa préparation. Quel regard portez-vous à l'heure actuelle sur la sélection de Joachim Löw ? De loin, c'est difficile à savoir. Une chose est sûre : la préparation à la Coupe du monde n'est pas optimale. La Mannschaft devra se passer pendant le tournoi de l'un de ses principaux leaders, Ballack, et les joueurs du Bayern Munich ont rejoint très tard le reste de l'équipe. Vous venez d'évoquer la défection du capitaine de l'Allemagne. L'absence de Michael Ballack durant la compétition va-t-elle peser lourd dans la balance ? C'est bien sûr un coup dur pour l'équipe. Mais par le passé, il est déjà arrivé qu'un groupe s'avère finalement plus soudé quand ce genre de chose se produit. Cela peut donner une nouvelle impulsion à une équipe. D'autre part, cela bouleverse la hiérarchie : les joueurs qui sont là depuis un certain temps sont davantage mis au premier plan. Au bout du compte, peut-être que l'absence de Ballack aura un impact positif. Le gardien numéro un de la Mannschaft, René Adler, sera lui aussi absent en Afrique du Sud à cause d'une blessure. Un autre coup dur pour l'équipe d'Allemagne? Pour René Adler, je vois les choses un peu différemment. Ce n'est pas une aussi grande personnalité que Ballack. C'est très regrettable pour René qu'il soit obligé de manquer la Coupe du monde et j'en suis désolé pour lui. Mais c'est la dure loi du football. Nous n'avons cependant aucun problème d'effectif dans les cages. Les trois portiers retenus évoluent au même niveau que René Adler. Mais il est indéniable que celui-ci a largement contribué à la qualification de l'Allemagne, surtout lors des matches contre la Russie. Si les trois gardiens sélectionnés évoluent tous au même niveau qu'Adler, qui devrait être le numéro un en Afrique du Sud, selon vous ? Avant qu'Adler se blesse, Manuel Neuer était le numéro deux et Tim Wiese le numéro trois. Logiquement, c'est Neuer qui devrait maintenant être le numéro un. Certains éléments parlent bien sûr en faveur de Wiese ou de Jörg Butt. Ils ont une plus grande expérience sur le plan international. Mais Neuer s'est montré excellent lors du championnat d'Europe U-21. Je pense qu'il peut s'avérer très précieux pour l'équipe en Afrique du Sud. Suite à la défection de Michael Ballack, que pensez-vous du nouveau capitaine, Philipp Lahm ? Je vois bien Philipp Lahm comme successeur de Michael Ballack. La seule chose qui me gêne, c'est le fait qu'il soit défenseur latéral et ne joue pas dans l'axe. Mais il incarne tout ce qu'un capitaine doit apporter à son équipe. Il communique bien avec les autres joueurs, avec la Fédération allemande de football, avec les médias, avec tout le monde. Dans le cadre de la Coupe du monde, c'est important. Il est reconnu et respecté de toutes parts, en particulier par ses coéquipiers en club. C'est un atout qui le rend précieux et grâce auquel il sera soutenu. Jusqu'où pensez-vous l'Allemagne capable d'aller, après la troisième place en 2006 et la deuxième place lors de l'UEFA Euro 2008 ? Les attentes envers l'équipe d'Allemagne sont bien sûr très élevées, mais d'autres pays l'ont rattrapée. Il nous manque des talents individuels capables de faire la différence à eux seuls, on l'a vu ces dernières années. Néanmoins, la Mannschaft jouit toujours du respect des autres nations et elle n'en est que plus dangereuse. L'équipe de Löw doit atteindre les quarts de finale, c'est obligé. Quant à aller plus loin, cela dépendra d'autres facteurs. A vos yeux, qui sont les grands favoris dans la course au titre mondial ? L'Espagne, championne d'Europe en titre, le Brésil, vainqueur de la Coupe des Confédérations, et l'Argentine figurent tout en haut de ma liste. Ces équipes comptent dans leurs rangs les meilleurs joueurs du monde. Les Pays-Bas disposent eux aussi de bons éléments, mais à part en 1974 et en 1978, ils n'ont jamais brillé lors de la Coupe du monde. Ils ont tendance à être dans l'autoreprésentation et cela se répercute sur les prestations de l'équipe. Pour la première fois, six pays africains prendront part au grand rendez-vous du ballon rond. Quel regard portez-vous sur ces équipes ? Selon vous, l'Afrique du Sud sera-t-elle capable de tirer son épingle du jeu, soutenue par son public ? L'Afrique du Sud sera l'équipe la plus faible du tournoi. Même si elle a un bon entraîneur, ses joueurs manquent de qualité. Elle aura bien sûr l'avantage de jouer à domicile et je lui souhaite de franchir le cap de la phase de groupes, mais ce sera difficile. Pour les autres sélections africaines, je suis plus optimiste. Elles disposent de joueurs qui évoluent dans les meilleurs championnats d'Europe. Je m'attends à ce qu'une équipe africaine atteigne les demi-finales. Il y en a certaines que je crois tout à fait capables d'y parvenir, mais je ne veux pas tirer de plans sur la comète. Globalement, je pense que cette Coupe du monde sera pleine de surprises, y compris en ce qui concerne les favoris, qui pourraient bien être éliminés plus tôt que prévu.