Carlos Alberto Parreira : «On va douter des Brésiliens comme on l'a fait avec l'Afrique du Sud» La finale n'a pas encore été jouée que le Comité d'organisation de la prochaine Coupe du monde, qui aura lieu au Brésil en 2014, s'active à vendre au mieux l'image de son pays. Lors d'une conférence de presse organisée hier matin dans une salle du stade de Soccer City, où se jouera ce 11 juillet la finale entre l'Espagne et les Pays-Bas, trois grands noms du football brésilien sont venus témoigner de leur bonheur de voir enfin la Coupe du monde atterrir sur la terre qui a enfanté le plus grands nombre de stars sur la planète football. Il s'agit de Ricardo Teixera, en sa qualité de président de la Fédération brésilienne de football, Carlos Alberto Parreira, actuel sélectionneur des Bafana Bafana, et enfin l'un des meilleurs joueurs brésiliens de tous les temps, Romario, ancien champion du monde et meilleur buteur et footballeur de l'édition 1994. Un nombre impressionnant de journalistes Lors de ce point de presse qui a drainé un nombre impressionnant de journalistes du monde entier, ces derniers étaient impatients, non pas de savoir si le Brésil sera dans les temps pour l'été 2014 ou si la sécurité des visiteurs étrangers sera assurée comme il se doit avec la criminalité qui règne dans les rues des villes brésiliennes, mais surtout de pouvoir interroger la star incontestée du jour, en l'occurrence Romario. Tout le monde était venu pour écouter Romario L'ancien joueur du FC Barcelone s'est mis à la disposition des journalistes du début à la fin, bien que les médias soient repartis avec un brin de frustration, en raison de ses réponses concises. Tout le monde aurait souhaité entendre Romario s'étaler un peu plus longtemps dans ses réponses. Mais ne soyons pas très gourmands, car sur les huit questions auxquelles Romario a répondu, il y avait matière à satisfaire ses plus grands fans. Romario n'a juste pas pu répondre à notre question sur l'Algérie, au grand regret des Algériens. Mais ce ne sera que partie remise nous a promis le responsable des médias de la Confederação Brasileira de Futebol (CBF), Rodrigo Paiva. Une vidéo qui parle de la passion du Brésil pour le football L'on s'est donc contenté des réponses que le champion du monde 1994 a données lors de cette conférence de presse, que M. Nicols Maingot, le responsable FIFA, a voulu strictement liée à l'organisation de la prochaine Coupe du monde qui aura lieu en 2014, au Brésil. La séance avait démarré par une vidéo courte, mais très emballante, dans laquelle les organisateurs brésiliens ont voulu dire au monde entier toute la passion qui les anime déjà, quatre ans avant cet événement planétaire. Il était question surtout de ce football-samba sur les plages de Rio et d'ailleurs, mais aussi de ce ballon qui réunit les mômes sur les terrains vagues des favelas. Là où un grand nombre de stars brésiliennes ont fait leurs armes, avant de devenir les champions que tout le monde admire. Une seule crainte, celle de rater la victoire finale ! L'image que le Brésil a voulu donner dans cette vidéo est celle d'un peuple qui a soif d'accueillir la Coupe du monde et de prendre sa revanche sur celle perdue en 1950 face à l'Uruguay (1-2), dans ce stade Maracaña mythique, qui avait fait le plein astronomique de près de 200 000 spectateurs (199 854 pour être précis). Ainsi, le Brésil a-t-il annoncé la couleur dès hier, en promettant, modestement, de suivre l'exemple de l'Afrique du Sud, comme l'a ouvertement dit Carlos Alberto Parreira ? Première puissance économique de l'Amérique latine, le Brésil n'a en fait rien à craindre de ce Mondial, si ce n'est de voir un de ses voisins repartir avec le trophée tant convoité. --------------- Ricardo Teixeira : «Le premier cadeau qu'on offre à un enfant est un ballon de football» Est-ce que l'organisation de ce Mondial était très importante pour les Brésiliens ? N'y avait-il pas d'autres priorités ? Tous les peuples ont des priorités sociales et économiques, le Brésil n'est pas en reste. Ce n'est pas sous cet angle seul qu'il faudra voir l'organisation de la Coupe du monde au Brésil. Vous savez, les Brésiliens en rêvaient depuis 1950, ça fait tout de même 60 ans que nous l'attendons. Vous voyez donc bien que c'est très important pour nous d'accueillir cet événement au Brésil. C'est en quelque sorte le retour du football au Brésil. Le monde entier connaît la passion de notre peuple pour le football. Vous ne pouvez pas imaginer combien on est heureux de pouvoir enfin organiser la Coupe du monde chez nous. C'est pour cela qu'on fera tout pour marquer agréablement les esprits en 2014. Vous savez, au Brésil, le premier cadeau qu'on offre à un enfant est un ballon de football. Monsieur Teixeira, pourquoi avez-vous décidé de scinder en quatre sites les lieux d'organisation de la Coupe du monde 2014 ? On a avancé cette idée pour plus de commodités à nos invités. C'est uniquement pour leur faire éviter les déplacements longs et épuisants. Nous sommes par ailleurs conscients des problèmes de transport au Brésil, notamment ceux liés aux aéroports. Nos problèmes sont les aéroports, les aéroports et les aéroports ! C'est pour ces raisons que nous avons décidé de nous limiter à seulement quatre sites. Je pense que ça arrangera bien les choses et pour les visiteurs et pour les organisateurs. Nous connaissons nos problèmes au niveau des aéroports et nous allons tout faire pour les régler. Monsieur Teixeira, qu'allez-vous faire pour rassurer les gens qui pourraient s'inquiéter des problèmes d'insécurité au Brésil ? Oui, nous avons comme tout le monde des problèmes d'insécurité au Brésil. Nous n'avons pas à le nier. Mais à ce que je sache, c'est un problème mondial, non ? Quel pays n'en a pas ? Même aux USA ça existe ! Personnellement, je voyage beaucoup et je sais de quoi je parle. J'ai ressenti cela pratiquement dans tous les pays que j'ai visités. Je ne pense pas que cela est un problème propre au Brésil. Maintenant, on est bien conscients que c'est à nous qu'incombe la tâche de résoudre ce problème. On a très bien étudié ce volet qui est, bien sûr, très important et nous allons nous atteler à faire en sorte que les visiteurs séjournent en toute tranquillité chez nous. Nous avons déjà organisé de grands événements, comme la Formule 1 et d'autres championnats d'envergure et nous n'avons jamais eu des soucis. Cela dit, nous comprenons qu'il faudra encore faire des efforts conséquents dans ce sens. Nous allons donc tout faire pour renforcer la sécurité. Ce que je peux vous dire, c'est que la FIFA, à la fin du tournoi, fait des analyses sur ce qui s'est passé pendant le tournoi pour les éviter lors de l'édition suivante. Au Japon, on a prévu cela pour l'Allemagne et ainsi de suite. C'est ce que nous allons faire aussi. -------------------- Carlos Alberto Parreira : «On va douter des Brésiliens comme on l'a fait avec l'Afrique du Sud» Carlos Alberto Parreira, vous qui avez connu l'aventure de la Coupe du monde avec l'Afrique du Sud depuis le début, que pourriez-vous dire sur les doutes que pourraient avoir certains concernant celle que votre pays va organiser ? En 2007, personne ne croyait que l'Afrique du Sud allait pouvoir organiser la Coupe du monde. Tout le monde avait émis de sérieux doutes quant à la capacité d'un pays africain à abriter un événement aussi important que la Coupe du monde. Les instances politiques et M. Jordan avaient dit alors rassuré le monde entier en affirmant que l'Afrique du Sud allait réussir son pari, appelant ceux qui voulaient bien l'entendre à faire confiance en son pays et son peuple. L'engagement avait été pris par les responsables pour en faire l'une de plus belles Coupes du monde de tous les temps. Personnellement, après avoir vu les infrastructures du pays, je n'ai jamais douté un seul instant de la réussite de ce Mondial. On me posait souvent la question à mon retour au Brésil. On me demandait si les autorités sud-africaines pouvaient arrêter la violence, je répondais toujours oui. La preuve en a été donnée aujourd'hui avec le succès qu'on connaît tous. La même histoire va se répéter avec le Brésil et vers la fin, tout le monde repartira avec de bons souvenirs et des images inoubliables plein la tête. Exactement comme ça se passe aujourd'hui en Afrique du Sud. Monsieur Parreira, que retenez-vous le plus de ces années de préparation pour le Mondial en Afrique du Sud ? Cela n'a pas été facile au début, je dois bien l'avouer. Je me rappelle qu'on s'entraînait sur le terrain et parfois même on était obligés d'arrêter quelques minutes la séance pour laisser passer les ouvriers avec des briques et des sacs de ciment. Il a fallu attendre deux ans et demi pour voir sorti de terre le beau stade de Cape Town. Il fallait prendre son mal en patience, mais tout le monde s'activait pour achever les travaux à temps. Il y a eu des grèves des ouvriers et plein d'autres obstacles qui ont été, heureusement, tous surmontés. C'est pour cela qu'on assiste aujourd'hui à l'une des meilleures Coupes du monde de l'histoire du football. Aujourd'hui, plus personne n'a de doute à ce sujet. L'impact médiatique et économique est très positif pour l'Afrique du Sud. Les aéroports ont été fluides malgré la forte fréquentation, les stades ont été tous remplis au point de terminer à la troisième place au nombre de participants, dersrière la CM aux USA en 94 et celle de 2006 en Allemagne. Maintenant, ceux qui croient qu'on n'est pas capables de faire pareil au Brésil seront tout aussi étonnés en 2014. Nous avons beaucoup appris de l'Afrique du Sud et c'est pour cela aussi que nous répondrons présents. Nous suivrons l'exemple de l'Afrique du Sud. Nous avons un public passionné. Nous ressentons beaucoup d'euphorie en tout cas.»