«Je passe le Salam à tous les Algériens et je souhaite de tout cœur de les revoir très bientôt.» Kamel Ghilas est donc de retour en France, quatre ans après son dernier passage qui remonte à 2006, lorsqu'il portait les couleurs de l'AS Cannes, avant de rejoindre le club de Vitoria Guimarès (première division portugaise). C'est ce club qui a révélé Kamel Fethi Ghilas au grand public algérien, avec les quatorze buts marqués durant la saison 2006-2007. Ce qui lui a valu sa première convocation chez les Fennecs. Depuis, Ghilas a toujours été convoqué en Equipe nationale jusqu'à l'approche de la dernière CAN qui a eu lieu en Angola. Sociétaire de Hull City à l'époque, Ghilas ne jouait pas régulièrement avec son club. Rabah Saâdane a décidé de le sacrifier. Le match d'Oum Dorman face à l'Egypte aura été tout simplement le dernier de Ghilas en Equipe nationale. Le Buteur, comme à son habitude, était présent à Arles, précisément au célèbre stade Fernand-Fournier pour suivre Ghilas dans son nouveau club, mais surtout pour avoir son avis puisqu'il n'a pas donné d'interview depuis un bon bout de temps. Une grande ambition pour retrouver les Verts Notre rencontre avec Ghilas a eu lieu au stade Fernand-Fournier lundi après-midi. L'entraînement était prévu à 17h 30. Nous l'avons croisé juste devant l'entrée du stade une demi-heure avant le début de la partie. Après une première discussion, nous lui avons demandé s'il était possible de nous accorder une interview. Ghilas, sans hésiter, a répliqué : «Il n'y a aucun problème. Seulement, si vous pouviez laisser cela après l'entraînement…». Et c'est à la fin de l'entraînement que le joueur est venu vers nous. Il a accepté de nous livrer ses impressions. Néanmoins, ce qui nous a beaucoup surpris, c'est que le joueur veut à tout prix retrouver les Verts. Nous lui avons demandé : «Alors Kamel, votre objectif est la sélection nationale ?» Tout de suite, il répondit : «Oui, j'espère. C'est mon objectif». Il se donne à fond aux entraînements L'entraînement a commencé à 17h 30, comme prévu. Les joueurs étaient soumis à un travail de remise en forme sous la houlette de Robert Duverne, qui n'est autre que l'ex-préparateur physique de l'équipe de France pendant le Mondial et qui s'est illustré par sa fameuse prise de bec avec Patrice Evra, au moment où tous les joueurs avaient refusé de descendre du bus pour s'entraîner. Au cours de cet entraînement, les joueurs se sont donnés à fond. Kamel Ghilas aussi. Après le travail physique, c'était au tour du volet technique. Là aussi, Ghilas n'a pas failli. Il a épaté le père de Laurenti Lors de notre présence sur le terrain annexe du stade Fernand-Fournier, nous avons croisé le père de Fabien Laurenti. Ce dernier est un ex-joueur de Brest, du RC Lens, d'Ajaccio et de l'OM. Le père du joueur n'a pas caché son admiration pour Ghilas. Il nous a dit : «C'est un bon joueur. Face à l'ASSE, il a montré de très belles choses. Je pense qu'il va réussir». Avec ce problème en attaque, pourquoi ne pas lui donner sa chance ? Dire que l'Equipe nationale vit des problèmes dans le secteur offensif ne va rien apprendre aux gens. Les choses sont bien claires. Les Verts n'ont pas marqué de but depuis le match face à la Côte d'Ivoire en quarts de finale de la CAN en janvier dernier. Des chiffres alarmants par rapport aux prochaines importantes échéances qui attendent les Verts. Une chance pour Ghilas qui pourrait constituer une très bonne solution pour Saâdane, car il n'est pas normal qu'un joueur qui s'illustre en Espagne et au Portugal puisse être écarté de l'EN pour insuffisance de niveau. ------------------------------------------------------------- «J'aurais aimé recevoir un appel de M. Saâdane pour qu'il m'explique les raisons de ma mise à l'écart» Kamel, quelles sont vos impressions après avoir opté pour l'équipe d'Arles Avignon ? Je suis vraiment très heureux d'avoir opté pour ce club qui vient de monter en Ligue1. Ils ont un challenge très intéressant qui est de rester dans le palier supérieur. En plus, c'est un club qui me donne encore l'occasion de jouer, mais aussi de m'exprimer en France. Ne pensez-vous pas que vous pouviez opter pour un autre club qui a un challenge plus intéressant par rapport au maintien ? J'ai opté pour Arles Avignon qui vient d'accéder en Ligue1. De plus, comme je vous l'ai dit, il me donnera aussi l'occasion de jouer souvent en France. C'est une bonne chose pour moi. Revenons un peu en arrière, qu'est-ce qui n'a pas marché à Hull City ,? Ce qui n'a pas marché avec Hull City… je pense que vous feriez mieux de poser cette question à l'entraîneur. C'est lui qui ne me faisait pas jouer. Quand on n'entre pas dans les plans d'un entraîneur, on ne joue plus. Aviez-vous un problème avec lui? Non, pas du tout. Je n'avais aucun problème avec lui. Je m'entraînais le plus normalement du monde avec le groupe, j'étais sérieux lors des entraînements, je cravachais dur, mais malheureusement, le jour du match, je me retrouvais sur le banc de touche. Cela m'avait obligé à jouer avec l'équipe réserve pour garder la forme. Le fait d'avoir perdu votre place en Equipe nationale, ça vous a touché ? Oui, j'étais un peu touché car je voulais défendre les couleurs de mon pays lors de cette Coupe du monde, je voulais donner ce plus, mais bon. Le passé reste le passé, maintenant, il faut penser uniquement au futur. Actuellement, je me concentre sur mon club pour faire une grande saison, dans le but de retrouver l'Equipe nationale le plus vite possible. Vous avez pris part aux éliminatoires, mais sans prendre part ni à la CAN ni à la Coupe du monde… Très frustré de ne pas avoir pris part à ces deux compétitions, surtout que j'ai pris part aux éliminatoires. Mais il y a aussi le choix de l'entraîneur que je respecte. En Algérie, on a parlé de cette fameuse histoire de drapeau berbère… Comme je l'ai déjà dit à votre confrère, si on m'a écarté à cause de ce drapeau, c'est vraiment idiot. Ce n'est pas logique qu'on parle de cette histoire de drapeau par rapport à mes qualités. Gardez-vous l'espoir de retrouver un jour l'Equipe nationale ? Oui, bien sûr. Le retour à la sélection nationale est mon objectif personnel. Chaque joueur veut porter les couleurs de la sélection nationale de son pays. C'est la raison pour laquelle j'ai opté pour Arles- Avignon. C'est un club qui a un challenge intéressant. Donc, je vais me battre comme un lion pour atteindre l'objectif du club, mais aussi celui de retrouver l'Equipe nationale. Je veux retrouver la sélection le plus vite possible. Le 11 août prochain, il y aura un match amical au stade du 5-Juillet face au Gabon. Encore une fois, vous n'avez pas été retenu pour cette rencontre. Qu'est-ce que cela vous fait ? Oui, ça me fait vraiment de la peine de ne pas être parmi le groupe. Mais que voulez-vous que je vous dise ? Le sélectionneur national, M. Saâdane, a fait ce choix que je respecte en tant que joueur professionnel. Il a sans doute ses raisons. Maintenant, il faudra pour moi travailler dur et ne pas perdre espoir de retrouver l'Equipe nationale. En voulez-vous à Saâdane ? Oui et non. Je lui en veux, car en tant que joueur, je voulais à tout prix prendre part à des compétitions de haut niveau comme la CAN et le Mondial. Non, car je suis un sportif, et il faut bien accepter les décisions de l'entraîneur. Par rapport à la manière dont vous avez été écarté… Certes, j'aurais aimé recevoir un coup de fil de la part de M. Saâdane après ma mise à l'écart pour qu'on discute et qu'on m'explique les choses. Mais cela n'a pas été fait. Moi, je ne pense actuellement qu'à mon retour chez les Verts. Le passé reste le passé comme je l'ai dit. Je vais travailler dur pour revenir le plus vite possible. En toute franchise, qu'est-ce qui n'a pas marché en Equipe nationale qui ne nous a pas permis de voir le vrai Ghilas, celui qui était à Guimarès ou au Celta Vigo ? A mon avis, c'est le temps de jeu. A chaque fois, je faisais mon apparition sur le terrain dans les cinq ou dix dernières minutes. Je n'ai pas eu beaucoup de chance, notamment lors des matchs officiels. Mais ça reste un avis personnel. Ne serait-il pas un problème d'adaptation ? Pas du tout. Je n'ai pas eu le moindre problème d'adaptation. Ne pensez-vous pas être victime de ce fameux Algérie-Guinée au 5-Juillet car, tout le monde vous attendait après avoir été la star de Guimarès durant ladite saison? Non, je ne le pense pas. C'est vrai, c'était mon premier match avec l'EN en Algérie. On avait joué mais, malheureusement, on a perdu. Par la suite, j'ai pu avoir ma chance au cours des matchs amicaux. D'ailleurs, j'ai pu marquer des buts, mais ce ne fut pas le cas en compétition officielle. A mon avis, c'est à cause du temps de jeu. Comment avez-vous suivi le parcours de l'Algérie au Mondial loin du groupe ? J'ai suivi le parcours des Verts à travers la télévision avec beaucoup d'enthousiasme. J'aurais aimé qu'ils passent le cap du premier tour, parce qu'ils pouvaient le faire, mais malheureusement, on n'y est pas parvenus. J'étais de tout cœur avec l'équipe. Je suis un Algérien avant tout. Selon vous, en tant que joueur, qu'est-ce qui n'a pas marché en Coupe du monde ? Où ça n'a pas marché ? C'est une bonne question. Mais je pense que vous feriez mieux de la poser au coach, M. Saâdane, qui est seul capable de vous répondre. Moi, je ne suis qu'un simple joueur. Au cours du premier match face à la Slovénie, Abdelkader Ghezzal s'est fait expulser par l'arbitre. Juste après, les Verts prennent un but. A votre avis, ce carton rouge y était pour quelque chose dans cette défaite ? Non, personne ne peut imputer la responsabilité de cette défaite à Ghezzal. Il n'est pas du tout fautif. Certes, jouer à 10 est pénalisant, mais il n'est pas responsable (ndlr : Ghezzal). Mais sa sortie a faussé les calculs de Saâdane… Un entraîneur doit toujours se tenir prêt à faire face aux blessures des joueurs et aux expulsions. On a vu une équipe très séduisante face à l'Angleterre mais contre les USA, on n'a rien vu. Est-ce que les joueurs étaient motivés par rapport au calibre de l'adversaire ou quoi alors ? Face à l'Angleterre, je pense qu'ils ont fait un match plein. Ils ont su fermer toutes les issues pour empêcher les Anglais de marquer. Les Verts ont fait un bon match face à l'Angleterre. L'essentiel est qu'ils ont empêché aussi les Anglais de faire le jeu. Ils les ont bloqués. Est-ce qu'il y a des joueurs qui vous ont impressionné ? Moi, c'est tout un groupe qui m'a épaté, pas un joueur. L'Algérie a joué avec tous ses joueurs, pas uniquement avec un seul. Le groupe m'a beaucoup impressionné. Etant donné que vous allez rater le match amical du 11 août face au Gabon, il vous reste aussi le 5 septembre prochain face à la Tanzanie… Je vais tout faire pour revenir le plus vite possible. D'ici au mois de septembre, le championnat français aura déjà commencé. Le staff technique pourra ainsi me superviser. Réellement, vous sentez-vous marginalisé par rapport à l'Equipe nationale ? Non, moi je ne réfléchis pas comme ça. La sélection nationale a beaucoup évolué depuis trois ans. La preuve, on s'est qualifiés au Mondial. Le staff a fait son choix et je n'ai qu'à le respecter. Je vais travailler pour espérer revenir. Ici à Arles, vous n'allez pas vous retrouver seul, il y a Hameur Bouazza à vos côtés… Oui, c'est un immense plaisir pour moi de retrouver un frère comme Hameur, on essayera de faire bonne figure Inch'Allah. Il est dans la même situation que vous… Oui, là aussi, Hameur est dans la même situation que moi. Donc, je pense que ce sera une saison de revanche pour nous ici à Arles-Avignon, pour essayer de retrouver les Verts. Un dernier mot pour conclure l'entretien… Je passe le Salam à tous les Algériens et je souhaite de tout cœur de les revoir très bientôt.