«Je serai ravi de rencontrer à nouveau Ziani que je n'ai pas revu depuis qu'on était à Marseille» Venu superviser la sélection marocaine des U23 ans au stade El Jadida, à l'occasion de la première journée du tournoi de l'UNAF, le sélectionneur de la sélection marocaine, Eric Gerets, a accepté de répondre à nos questions. Il a notamment parlé du prochain match entre son équipe et l'Algérie du mois de mars prochain. Bonsoir M. Gerets, je suis un journaliste algérien du quotidien Le Buteur. Voudriez-vous nous accorder un peu de votre temps ? Aucun problème. Tout d'abord, pourriez-vous nous dire les raisons de votre présence au stade El Jadida ? Je suis venu suivre le tournoi de l'UNAF et superviser surtout les joueurs du Maroc, du moment qu'il s'agit de jeunes talents. Je veux voir personnellement le niveau de cette jeune équipe, et ce tournoi de l'UNAF est une belle opportunité pour le faire. J'ai vu également d'autres sélections, comme la Libye, l'Algérie et le Cameroun. Franchement, le niveau est acceptable et sans exagération, je dirai que ces matches méritent d'être suivis. Songez-vous à promouvoir certains éléments en équipe première ? Pour le moment non, mais à l'avenir oui. Les catégories jeunes sont le noyau de chaque sélection, et la logique du football veut que l'Equipe olympique soit l'équivalent de l'équipe première. Sur le terrain, les choses sont différentes. Trois à quatre joueurs seront peut-être un jour avec les seniors. Vous avez suivi le match entre l'Algérie et le Cameroun, comment l'avez-vous trouvé ? Malheureusement, je n'ai pas vu tout le match, je suis arrivé en retard. Je n'ai vu que la seconde période. Comment jugez-vous notre Equipe nationale ? Elle m'a laissé une bonne impression, j'ai même discuté avec votre entraîneur et je lui ai dit qu'il avait un groupe homogène. Ce n'est pas pour lui jeter des fleurs, mais je lui ai dit ce que j'ai vu, surtout sur le plan du jeu collectif et la rapidité d'exécution. Je peux dire donc que vous n'avez rien à craindre pour l'avenir grâce à ces jeunes talents. Que pouvez-vous dire sur le plan technique ? La défense camerounaise a été absente au cours de la période que j'ai suivie, car d'après ce que je sais, la première mi-temps s'est achevée sur le score d'un but à zéro en faveur de l'Algérie grâce à un penalty. Le plus important, c'est que les attaquants ont su comment s'imposer et l'emporter sur la défense adverse. Franchement, l'équipe d'Algérie a laissé une bonne impression. Y a-t-il des joueurs qui ont attiré votre attention ? C'est le jeu collectif qui m'a plu, comme je vous l'ai dit, en plus de l'attaquant qui porte le maillot 19 (Touahri, ndlr). Il a été excellent, il est promis à un grand avenir. L'ailier droit qui portait le numéro 21 (Benaldjia, ndlr) a attiré aussi mon attention. Il a réussi à marquer un but, suite à un travail individuel. Il me rappelle l'attaquant de l'OM, Valbuena. Ils ont les mêmes caractéristiques, la vitesse, la morphologie, la façon de courir. Je souhaite à ces jeunes joueurs beaucoup de réussite. Parlons maintenant de l'équipe première du Maroc. Tout le monde attendait votre arrivée avec impatience, qu'est-ce qui a changé depuis votre venue ? Je suis conscient de l'ampleur de la responsabilité que je porte sur mes épaules, car il n'est pas aisé de prendre en main une équipe de l'envergure de la sélection marocaine, quand on sait que les Marocains respirent le football. Mais j'ai relevé le défi et j'aspire à apporter un plus à cette équipe. Je ne peux pas vous dire ce qui a changé actuellement, puisque cela ne fait pas longtemps que je suis en place. Nous avons joué un seul match contre l'Irlande du Nord qui m'a permis d'avoir une idée précise sur mon équipe. Ce que je veux, c'est de mettre tous les joueurs à l'aise. Le football est un spectacle, mais il est devenu un phénomène social. Nous devons donc travailler d'arrache-pied pour atteindre nos objectifs, à condition d'unir tous efforts ici au Maroc pour aller le plus loin possible. Le Maroc veut convaincre les joueurs binationaux de jouer pour leur pays d'origine et compte sur vous pour accomplir cette tâche. Où en êtes-vous à ce sujet ? C'est une stratégie prônée dans tous les pays nord-africains qui possèdent des jeunes joueurs de double nationalité. Mais le fait de les convoquer n'est pas synonyme d'une place de titulaire. Ces joueurs doivent savoir que nous avons un groupe homogène de joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats d'Europe, et chacun doit redoubler d'efforts pour gagner sa place. Et comment vous comportez-vous avec les joueurs que vous avez actuellement ? La sélection marocaine a traversé une période difficile, en ratant même la dernière CAN. Ce qui a porté un coup au moral des joueurs qui n'ont plus confiance en leurs capacités. On n'a pas pu gagner contre la République centrafricaine, mais la victoire réalisée en Tanzanie a libéré les joueurs et cela s'est ressenti lors de la rencontre amicale contre l'Irlande du Nord. Ce que je veux inculquer aux joueurs, c'est que même si quelqu'un ne réalise pas un grand match, il ne doit pas penser directement qu'il sera sanctionné ou sera dans la tribune au match d'après. Je cherche tout simplement la stabilité, surtout au niveau de l'équipe-type, comme cela se fait dans les plus grandes équipes du monde. Tout le monde attend avec impatience ce match entre l'Algérie et le Maroc. Ce rendez-vous vous met-il de la pression ? Croyez-moi, je ne subis aucune pression. On est dans une nouvelle ère avec cette équipe du Maroc. Cela dit, je ne peux ignorer que je ne pense pas à ce match, parce que tout simplement, c'est notre prochain match officiel que nous devons bien préparer. Mais il ne faut pas accorder d'importance aux paramètres extrasportifs. Il y aura une grosse pression en Algérie, comment comptez-vous vous y prendre ? Je suis conscient que nous allons affronter l'Algérie dans un stade archicomble et devant 80 000 spectateurs, ce qui n'est pas évident. Mais nous devons faire avec et nous concentrer uniquement sur notre sujet. Ne craignez-vous un certain scénario Algérie-Egypte à cause de cette double confrontation entre l'Algérie et le Maroc ? Non, je ne le pense pas, il doit y avoir une sensibilisation de la part de la presse et chacun doit s'accomplir convenablement son rôle. L'entraîneur doit parler à ses joueurs et leur demander de se concentrer uniquement sur le terrain et privilégier le fair-play. Idem pour les supporters, car il ne s'agit que de deux rencontres, une en Algérie et l'autre au Maroc, et que le meilleur gagne. En football, vous devez gagner, faire match nul ou dans le pire des cas perdre (il rit). Mais il s'agit d'un match décisif, ne craignez-vous pas que cela puisse affecter vos joueurs sur le plan psychologique ? Non, c'est un match ordinaire pour nous, pas décisif. Il l'est pour l'équipe d'Algérie. En cas de victoire, on aura réalisé un grand pas pour la qualification, mais en cas de défaite, on sera à égalité avec l'Algérie, il restera d'autres matchs à disputer. Vous connaissez parfaitement l'équipe d'Algérie et certains de ses joueurs ; que pouvez-vous nous dire à leur sujet ? L'équipe d'Algérie possède un groupe homogène et l'a prouvé à plusieurs occasions. Pour les joueurs, je connais quelqu'un qui est petit de taille mais grand par rapport aux qualités qu'il possède, vous l'avez deviné sans aucun doute (il rit). Ziani… Absolument, Karim Ziani que j'ai déjà entraîné à l'OM. C'est un joueur qui a un poids sur le terrain et qui se trouve depuis un moment avec l'équipe d'Algérie. Il possède de ce fait une longue expérience dans les compétitions officielles. J'ai hâte de le retrouver à nouveau. Ce sera l'occasion au mois de mars, d'autant plus que je ne l'ai pas revu depuis qu'on était ensemble à Marseille. Vous attendez-vous à des surprises du côté algérien ? Non, on ne lui laissera pas l'occasion pour le faire. On est en train de nous préparer, les joueurs sont professionnels et savent à quoi ils doivent s'attendre, et tout un peuple attend qu'on lui offre à nouveau de la joie. Avez-vous des chances de gagner ce match ? Absolument, c'est un match de football et tout est possible. Nous pouvons aussi perdre ou faire match nul, mais j'espère que le match se déroulera dans le fair-play. C'est votre appel au public algérien, n'est-ce pas ? Oui, je demande à tout le monde d'être fair-play et ne pas amplifier les choses. Nous devons donner une belle image des pays nord-africains qui ont une bonne réputation au niveau mondial.