«C'est la grand-mère à ma femme qui m'a surnommé Bilal» * Il y aura bientôt un match phare Algérie-Egypte en éliminatoires du Mondial-2010. Un attaquant égyptien, Mohamed Zidan, évolue justement en Bundesliga. Que pensez-vous de lui ? C'est un bon joueur qui va vite, qui est fort techniquement, mais il a connu une saison très difficile avec le Borussia Dortmund, parce qu'il venait de Hambourg et il lui fallait une période d'adaptation. Il est souvent remplaçant, mais c'est un bon joueur. * Pensez-vous que l'Algérie est capable de réaliser un bon résultat face à l'Egypte, champion d'Afrique en titre ? Actuellement, l'Egypte est considérée comme l'une des meilleures sélections africaines, surtout qu'elle a remporté deux fois de suite le titre continental. Cependant, l'Algérie a tous les pouvoirs, car elle a un potentiel. Cela m'arrive souvent de regarder des matches de l'Algérie, car ma belle-famille est algérienne à fond et à 100 %. A chaque match, tout le monde se met en face de la télé, car il y a le câble pour capter les chaînes algériennes. * Vous vibrez donc avec votre belle-famille ? Oui, tout à fait. Je vibre et je supporte l'Algérie à fond ! Je suis content à chaque fois qu'elle réalise une victoire. * Mis à part Ziani, Yahia et Matmour, y a-t-il d'autres joueurs algériens que vous connaissez ? Pour vous répondre, je vais vous raconter une anecdote. Il y a cinq ans, j'avais fait un essai à Guingamp et j'y avais rencontré Raouf Zarabi. Nous avions passé une dizaine de jours ensemble dans la même chambre. Nous accomplissions nos prières ensemble, nous mangions ensemble… C'est quelqu'un de très gentil. * Avez-vous apprécié sa compagnie ? Oui, tout de suite. C'était mon ami. * N'était-ce pas plutôt à Gueugnon, puisque Zarabi a joué là-bas ? Non, c'était à Guingamp. C'était pour des essais. * Les essais n'ont donc pas été concluants ? Non (rires). C'est le mektoub. En tout cas, je garde de très bons souvenirs de Zarabi. J'ai passé de bons moments avec lui et nous sommes restés plus ou moins en contact. * Un match Algérie-France avec vous sur le côté droit et lui en défenseur gauche, cela vous tente-t-il ? Oui, ce serait pas mal (rires). L'Algérie, j'aime bien. J'aime quand elle gagne, parce que c'est important pour elle. Je sais que c'est difficile de reconstruire, mais c'est une équipe qui progresse et qui a de l'envie. * Peut-être espérer aller en Coupe du monde ? Ce serait bien pour elle. * L'Allemagne a une histoire avec l'Algérie, puisque les Algériens avaient battu les Allemands en 1982, grâce notamment à un but de Madjer, et ce même Madjer a battu le Bayern Munich avec Porto en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions en inscrivant un but d'une talonnade… … Comme le but que j'ai inscrit contre Bochum (rires). Il faut savoir que lorsque n'importe quel joueur marque d'une talonnade, on dira qu'il a marqué à la Madjer. Les talonnades sont associées à Madjer. * Même si quelqu'un inscrit une talonnade plus belle et plus spectaculaire que celle de Madjer ? Oui, car c'est sa marque de fabrique. Tout comme la roulette appartient à Zidane, la talonnade appartient à Madjer. * Au Bayern Munich, continue-t-on à parler de cette talonnade ? Ça reste. A partir du moment qu'un geste similaire se produit, on dit tout de suite «talonnade à la Madjer». C'est comme une marque déposée. * Lorsque vous vous êtes converti à l'Islam, pourquoi avoir choisi le prénom de Bilal et pas un autre comme Mohamed ou Ali ? En fait, avant de connaître ma femme, j'ai connu mon beau-frère, c'est-à-dire son frère. Nous étions s'hab s'hab (ami ami) lui et moi et il m'arrivait d'aller chez lui. La grand-mère à ma femme, qui est décédée il n'y a pas longtemps en Algérie, Allah yerhamha, venait parfois en France. Quand elle m'avait vu la première fois, elle n'arrivait pas à prononcer Franck. C'était difficile à prononcer pour elle, car elle ne parlait pas le français. Elle m'appelait tout simplement Bilal pour simplifier. Lorsque je me suis reconverti à l'Islam, j'ai gardé ce prénom. * Sans vouloir être indiscret, peut-on savoir ce qui vous a plu dans l'Islam ? C'est la façon de vivre, le comportement des gens, les coutumes, la gentillesse, la simplicité… C'est tout ça. Je pense que les Maghrébins en général et les Algériens en particulier ont un grand cœur. * Avez-vous mesuré cela lors de votre visite en Algérie il y a trois ans ? Oui, tout à fait. J'étais très content d'y être allé et je souhaite inch'Allah y retourner. * Il y avait une grande foule qui vous attendait et certains ont dit que vous étiez gêné par la situation. Est-ce vrai ? Ce n'est pas que j'étais gêné. C'est tout simplement que c'est difficile lorsqu'on arrive la première fois dans un endroit qu'on ne connaît pas. * Savez-vous que même Lakhdar Belloumi, une des légendes du football algérien, était à votre accueil ? Oui. Vraiment, on m'a fait beaucoup d'honneur là-bas. On m'a même offert des maillots que je garde toujours. J'étais très content car, en même temps, c'est le pays de ma femme et de mes beaux-parents. J'ai passé dix jours là-bas et c'était magnifique. Je sais que les Algériens m'aiment beaucoup et c'est pour cela que je ne pouvais pas circuler tout seul. J'étais accompagné 24 heures sur 24 par des agents de la sécurité et on avait mis un chauffeur à ma disposition. * C'était comme lors de la visite de Zidane. Donc si un jour vous veniez avec lui pour une visite, il y aurait certainement un soulèvement populaire (rires)… Oui, c'est vrai. Cela dit, j'ai beaucoup apprécié mon séjour. L'Algérie, j'aime bien. * Est-il vrai qu'à l'instar de Frédéric Kanouté à Séville, vous êtes en train de construire une mosquée en Algérie ? Non, ce n'est pas vrai. Certes, j'ai donné et je donne de l'argent si je peux aider, mais personnellement, non, je ne suis pas en train de construire une mosquée. Ce sont des racontars. J'aide par des dons, sans plus. Par exemple, lorsque je vais en Algérie ou que quelqu'un de la famille de ma femme y va, j'offre des équipements et des chaussures de sport. Je sais que ça fait plaisir aux gens. Entretien réalisé à Munich par Farid Aït Saâda et Redouane Bouhanika Son alliance toujours au doigt Franck Ribéry voue un amour infini à son épouse, Wahiba. Non seulement il le dit à chaque fois, mais il tient même à préserver les symboliques. C'est ainsi qu'il porte en tous lieux l'alliance maritale, même lors des matches, contrairement à certains joueurs qui enlèvent leurs alliances au moment d'entrer sur le terrain. Les objets métalliques étant interdits, Ribéry couvre son alliance avec du sparadrap, comme d'autres couvrent leurs piercings, mais il garde son alliance. Porsay, Les Zianides et Mosta l'ont marqué Au cours de sa visite effectuée en Algérie il y a trois ans, Ribéry n'est pas resté longtemps, mais il a eu le temps de visiter certains lieux qui l'ont marqué. Outre Oran, ville dans laquelle il a débarqué et d'où il a embarqué pour rentrer en France, il y a la plage de Porsay (Marsa Ben M'hidi), à Tlemcen, l'hôtel Les Zianides et Mostaganem. «J'aurais aimé visiter d'autres endroits, mais je n'en ai malheureusement pas eu le temps», a-t-il regretté. Il projette de revenir à la première occasion avec pour intention, entre autres, de visiter la côte et le Sahara.