Le Dida de la Commanderie. Le surnom de superhéros, le nouveau portier du Krylia Sovetov Samara, aura mis 180 minutes à le tisser. Deux joutes mondialistes ont suffi à faire basculer une carrière internationale alors aussi vierge que sa popularité au pays. En mai 2010, l'ancien sélectionneur Rabah Saâdane tente un pari en appelant dans sa liste des 23 le fraîchement élu meilleur gardien de Bulgarie. Il ne le connaît que sur cassette, mais comme l'ex-pensionnaire du Racing Club de France vient de réaliser un essai à Manchester United, le technicien algérien sent la belle affaire. Au stage de Crans Montana, Raïs prend ses marques, lui l'éternel troisième gardien, derrière Lounès Gaouaoui et Faouzi Chaouchi, comme il en sourit alors. Un mois plus tard, le remplaçant enfile le costume de titulaire, face à l'armada des Three Lions anglais. Défaite interdite pour l'Algérie, battue par la Slovénie cinq jours plus tôt sur une erreur de Chaouchi. L'inconnu de Sofia sort parade sur parade et décroche le statut de héros national en préservant le match nul (0:0). A 24 ans, le Parisien, né d'une mère Algérienne et d'un père Congolais, récolte les fruits d'une maturation tardive, construite dans les doutes de l'instabilité. «Il est toujours resté zen et n'a jamais perdu confiance en lui», explique Aimé Lavie, son ancien compagnon en D3 japonaise, au FC Ryûkyû de Philippe Troussier, son ancien entraîneur à l'OM. Marseille, point de départ d'une carrière débutée dans l'ombre de Fabien Barthez. Arrivé du RCF en Provence, en 2002, Raïs ne jouera pas une seule rencontre professionnelle avec le statut de troisième gardien. Le Dida de la Commanderie «Ce garçon attachant avait tout pour réussir ici», estime Robert Nazaretian, vice-président de l'association OM. «Mais il acceptait mal les critiques et n'arrivait pas à positiver.» Son ancien partenaire en Equipe de France U16 et U17, Ted Lavie, frère d'Aimé, ne partage pas cet avis. «Il n'a pas eu la chance d'un Hugo Lloris. S'il avait joué à Nice ou Lorient, il aurait fait une meilleure carrière en club. J'en garde un très bon souvenir», confirme un autre coéquipier chez les Bleuets, Geoffrey Jourdren, aujourd'hui portier titulaire à Montpellier. «Il est grand, tonique, très bon balle au pied. Mais c'était dur à l'OM avec Barthez comme concurrent.» En 2006, M'Bolhi, surnommé "Dida" à la Commanderie, quitte donc le club phocéen pour l'Ecosse et Hearts of Midlothian. Il n'y reste que six mois, une nouvelle fois sans jamais connaître les joies de l'équipe première. Il refait ses valises à l'été, direction la Grèce et l'Ethnikos Le Pirée. Le club du port d'Athènes, qui évolue en deuxième division, l'utilise cinq fois avant de le céder à une autre formation hellène, Panetolikos. En 2008, direction le Pays du Soleil Levant, mais en troisième division. Première saison pleine, avec 22 matches. Et un exploit : trois penalties arrêtés dans la même rencontre ! La performance attire l'œil du Slavia Sofia. C'est dans la capitale bulgare que sa carrière décolle. Elu par ses pairs meilleur portier du pays à l'orée de la Coupe du monde sud-africaine, il est prêté au CSKA Sofia à son retour, l'occasion de disputer l'UEFA Europa League. En janvier, la Russie lui tend les bras. Il signe pour trois ans. Avec un nouveau statut à assumer, en club comme en sélection. Après six ans d'antichambre, M'Bolhi doit désormais justifier son prénom et servir de chef aux Fennecs sur la route de la CAN 2012...