«Je suis à Chlef jusqu'à la fin de la saison, et après le 8 juillet, je déciderai de mon avenir» Après trois ans d'absence de la scène footballistique, Meziane Ighil a remis sa casquette d'entraîneur en optant pour l'ASO Chlef et relever le défi loin de la capitale. La première saison aura été la bonne pour l'ancien sélectionneur des Verts qui a offert le premier titre de champion d'Algérie de son histoire à l'ASO Chlef. A quatre journées de la fin du championnat, Meziane Ighil revient sur ce sacre amplement mérité. Tout d'abord, félicitations pour le titre de champion d'Algérie… Merci, on a beaucoup travaillé jusqu'à réussir à atteindre notre objectif. Certains pensent qu'on a gagné le titre facilement, puisqu'on l'a décroché à quatre journées de la fin du championnat et avec un écart de points considérable, mais on a beaucoup sué en réalité. Vous avez occupé le poste de président du NAHD pour ensuite vous reconvertir en entraîneur à l'ASO, n'avez-vous pas rencontré des difficultés ? Avant d'avoir occupé le poste de président du NAHD, j'étais entraîneur de cette même équipe de l'Equipe nationale et d'autres clubs. Ce n'est qu'un retour au métier que je maîtrise. Il n'y a d'ailleurs pas une grande différence entre les deux fonctions, je parle ici de responsabilité, si ce n'est au niveau de la méthodologie du travail. Avant de rejoindre l'ASO, vous aviez beaucoup d'offres d'équipes de première division et même du NAHD, mais vous avez opté pour Chlef, pour quelles raisons ? Je suis à venu à Chlef pour étoffer mon palmarès en tant qu'entraîneur. Coacher l'ASO a été un défi pour moi, après une absence de trois ans. Medouar a insisté pour que j'accepte cette mission. En outre, l'effectif que possède l'équipe m'a encouragé à foncer, en plus des conditions de travail. L'équipe possède un terrain où s'entraîner, un hôtel et des moyens pédagogiques qui sont importants dans la réussite d'une équipe. On a formé une famille à Chlef et on a passé une saison tranquille. Les résultats ont suivi et l'équipe a réussi à gagner son premier titre de champion d'Algérie de son histoire. Vous étiez absent lors du stage de préparation effectué à Casablanca, n'avez-vous pas eu peur de rater une étape cruciale de préparation ? Non, on a discuté avec les deux entraîneurs Benchouia et Aït Mohamed, avant le déplacement au Maroc, sur le programme de travail. L'équipe s'est préparée comme si j'étais avec elle. J'ai confiance en mon staff. Avez-vous misé sur le titre avant le début du championnat ? Non, j'ai discuté avec le président et on s'est entendus pour redonner à l'équipe son aura et sur l'une des cinq premières places. Mais après six journées de championnat, on était proches de la première place qu'on a occupée à la 9e journée. On a fait en sorte de garder cette position. L'écart avec les autres poursuivant se creusait au fil des matchs. Les quatre premières rencontres de la phase aller, qu'on a toutes gagnées, ont été le tournant, ce qui nous a permis de gagner plus en confiance. Quel était le match qui vous a permis de croire en vos chances de gagner le championnat ? Contre le MC El Eulma. Après avoir battu cette équipe sur son terrain, on était persuadés qu'on était bien partis pour gagner le titre. On a alors pris conscience que le titre ne nous échappera pas. Quelle est l'équipe qui vous a posé beaucoup de problèmes ? Plusieurs matches étaient difficiles. Lors de la phase aller, on a rencontré des difficultés contre le CABBA et l'ESS. Mais le match le plus difficile était celui contre le CRB qui était notre rival et qui aurait pu avoir un impact sur notre parcours. On a pu gagner en fin de match grâce à un penalty. Vous avez souvent eu des difficultés à venir à bout de vos adversaires à domicile qu'à l'extérieur, pourquoi ? Toutes les équipes qui viennent à Chlef jouent la défense. Mais à l'extérieur, les solutions sont variées. Plusieurs clubs nous ont sous-estimés et ont a payé ça cher, vous pouvez revoir les matchs de Blida, d'El Eulma et même d'El Harrach. L'équipe qui ouvre le jeu le paye cash. Contrairement au stade Boumezrag où toutes les équipes se contentent de défendre. Vous avez marqué la plupart de vos buts en seconde mi-temps, celle des entraîneurs comme on dit. Peut-on dire que le plus grand mérite vous revient à vous ? Non, c'est plutôt grâce à notre manière de jouer. Notre domination use l'adversaire qui essaie d'ouvrir le jeu en seconde période où il est plus facile de marquer. Contrairement aux autres techniciens, Ighil ne s'est pas plaint de l'arbitrage. Cela signifie-t-il que l'ASO n'a pas été victime d'erreurs d'arbitrage ? Je crois qu'il est illogique d'accuser les arbitres pour justifier les défaites. Maintenant si on parle de l'arbitrage, il faut aussi parler de la Protection civile, des supporters, des forces de l'ordre. Cela ne veut pas dire que les arbitres ne commettent pas des erreurs. Le championnat a connu plusieurs arrêts et la trêve hivernale a duré longtemps, comment avez-vous géré cette période ? Avec beaucoup de difficultés. On croyait qu'on allait bénéficier d'un mois de repos, ce fut finalement plus de deux mois. C'est ce qui nous a poussés à programmer un stage à l'étranger où on a joué quelques matches amicaux pour garder le rythme de la compétition. Vous attendiez-vous à une élimination en Coupe d'Algérie devant une équipe qui était a priori à votre portée ? On était très déçus par cette élimination, mais il ne sert à rien de se lamenter. On a fait de notre mieux, on a raté un penalty, mais ce qui est fait est fait. L'élimination était amère. Toutefois, cela nous a permis de nous concentrer totalement sur le championnat. Les observateurs pensent que c'est l'entraîneur qui assume la responsabilité de cette élimination à cause de ses choix, comme le fait de n'avoir pas fait jouer Djediat et Soudani… (Il sourit) Ce sont les journalistes et non pas les observateurs qui m'ont fait porter le chapeau. Ces observateurs dont vous parlez ont-ils gagné un titre ? L'absence de Djediat était-elle une sanction pour son comportement lors de la rencontre du WAT ou pour d'autres raisons ? Tout le monde a vu le comportement de Djediat et tout le monde connaît la raison de son absence. Il ne sert à rien de revenir sur ce qui est passé. Vous avez réussi à imposer une certaine rigueur à un groupe composé de joueurs qualifiés de difficiles… Il n'y a pas une équipe qui ne rencontre pas de problèmes sur une année de travail. L'erreur qu'a commise Djediat a nécessité une réparation pour que le joueur comprenne certaines choses. A savoir qu'il est un joueur comme tous les autres. Vous avez eu des différends avec des membres de l'équipe ; que s'est-il passé en fait ? Je voulais déterminer les prérogatives de chacun d'eux. Je m'interrogeais par exemple sur la présence d'un administrateur dans les vestiaires entre les deux mi-temps. Sur sa présence sur le banc lors des matches. Sur le fait qu'il y ait beaucoup d'intrus sur la main courante… Il fallait donc revoir certaines choses qui paraissaient banales, mais qui avaient leur importance. L'ASO, champion d'Algérie, compte un seul joueur, Soudani, en Equipe nationale, ne pensez-vous pas que c'est peu ? Cela ne m'intéresse pas, adressez-vous plutôt aux responsables de l'Equipe nationale. L'ASO a honoré toute la région, pas Chlef seulement. Comment jugez-vous le niveau de l'équipe et quel est son point fort ? J'ai été très satisfait du rendement de l'équipe depuis le début de la saison. Mes conseils ont trouvé une oreille attentive et nos efforts ont été récompensés. Le point fort de l'équipe réside dans le groupe qui forme un seul bloc. Tout le monde défend et tout le monde attaque. Nous avons une équipe complémentaire, avec le meilleur buteur du championnat. Avouez qu'il y a des points faibles, n'est-ce pas ? Tout à fait, parfois certains éléments sont dans un jour sans. Et lorsque trois ou quatre éléments manquent à l'équipe, le niveau de l'équipe baisse, mais le niveau technique reste le même. Même les joueurs remplaçants ont joué convenablement leur rôle, ne serait-ce qu'en poussant les titulaires à fournir plus d'efforts pour garder leur statut de titulaire. Vous avez utilisé 13 ou 14 joueurs sans donner leur chance d'autres qui se sont sentis marginalisés ; que pouvez-vous dire à ce sujet ? La chance, ce n'est pas l'entraîneur qui la donne. Le meilleur joue. Maintenant si les meilleurs ne méritent pas de jouer, ils restent sur le banc. Ighil ne fait pas de cadeau. En plus de garder toujours le même effectif, vous n'effectuez des changements que dans les derniers moments des matchs, y aurait-il un secret à cela ? Non, il n'y a aucun secret. Pourquoi faire de changement lorsque l'équipe marche bien et que personne n'est fatigué ? Certains se sont demandés, face à la JSK, alors que l'équipe menait par 3 à 0, pourquoi vous n'avez pas fait appel aux remplaçants pour jouer ? Je ne donne pas de chance à un joueur et je ne ménage aucun joueur, tant qu'il peut jouer régulièrement. Quel est le joueur qui a attiré le plus votre attention ? Tout le monde s'est distingué. N'attendez pas que je fasse les éloges d'Untel ou tel autre... Parlons des remplaçants, y aurait-il certains parmi eux qui sont capables de gagner une place de titulaire la saison prochaine ? Tout le monde. Franchement, ce n'était pas facile de s'adjuger le titre de champion, comme certains peuvent le penser. Cela nous a coûté beaucoup de sacrifices, du travail, du sérieux et de la rigueur. Tout le monde a joué son rôle comme il se doit. Vous avez perdu quatre matchs, dont un contre le MCO ; pourriez-vous revenir sur cette rencontre ? Il était impossible d'éviter la défaite lors de cette rencontre, parce que tout simplement on a joué dans des conditions pas du tout normales. Depuis le début de la saison, vous n'avez pas eu de rencontre avec la presse, mais vous avez décidé d'organiser une conférence de presse la semaine passée, pourquoi ? C'est pour démentir l'information parue dans la presse au sujet de soi-disant négociations avec le coordinateur de section du MCA, Ghrib. J'ai reçu un appel de Madoui qui me disait que Zekri songeait à démissionner, après avoir su que Ghrib était à la recherche d'un autre entraîneur. C'est donc pour éviter que Zekri démissionne que j'ai décidé d'organiser une conférence de presse. Mais nous avons lu dans la presse que vous étiez proche de l'ESS… Ce ne sont que des allégations. Je vous jure que n'ai pas rencontré Serrar, même si je l'ai croisé lors de la cérémonie organisée par Maracana. Je suis à Chlef et je n'ai pas encore décidé de mon avenir. Vous restez donc à Chlef ? Je suis à Chlef jusqu'à la fin de la saison. Après le 8 juillet, je déciderai de mon avenir. Abbou : «Je suis heureux pour Zaoui, c'est comme si je venais de gagner le titre» Ancien capitaine respecté et parfois craint, il a fait toute sa carrière à l'ASO. Sid-Ali Abbou a raté de peu le titre de champion d'Algérie. A une année près, il aurait pu brandir le trophée, comme il avait brandi la Coupe d'Algérie en 2005. Que fait Sid-Ali Abbou depuis qu'il a mis fin à sa carrière footballistique en tant que joueur ? Je suis à l'arrêt total. Après une très longue carrière de footballeur, je me suis permis un repos en conséquence. Etes-vous tenté par une reconversion en tant qu'entraîneur ? Je ne songe pas à me reconvertir en tant qu'entraîneur. J'ai mis fin à ma carrière de footballeur, sans songer à rester dans le monde du football. On aimerait connaître votre sentiment après le sacre de l'ASO en championnat... Je suis heureux que votre journal ait pensé à moi, surtout en cette circonstance de fête du football à Chlef. C'est une saison historique pour les Chélifiens. Revenons à cette saison 2005 où vous aviez brandi la Coupe d'Algérie en tant que capitaine. Vous rappelez-vous de ces moments ? Comment voulez-vous que j'oublie le seul trophée que l'ASO a pu acquérir dans toute sa carrière avant le titre de champion d'Algérie de cette saison ? L'ASO est champion d'Algérie. Vos impressions... C'est pour moi une immense fierté en tant que Chélifien, mais aussi en tant qu'ancien joueur. On a longtemps attendu ce moment. L'ASO était sur de bons rails depuis plusieurs saisons. Il arrivait que l'ASO réalise d'excellents parcours, mais elle n'arrivait pas à conclure en fin de saison. L'équipe a fini par accumuler une solide expérience, le recrutement était assez bon. Le mérite revient au président Medouar. Une saison supplémentaire vos aurez sans doute permis d'être champion d'Algérie avec votre club de toujours, n'est-ce pas ? Il était écrit que je ne serai jamais champion sous le maillot de l'ASO. J'aurais aimé gagner un titre de champion d'Algérie, mais ma carrière est derrière moi et il est impossible de faire marche arrière. En ce moment, je suis fier d'être de Chlef. Comme Zaoui est sacré champion d'Algérie, j'ai l'impression de faire toujours partie de ce groupe. Malgré le fait d'avoir mis un terme à ma carrière, Chlef coule toujours dans mes veines. Quel est votre message aux joueurs de l'ASO ? Je félicite tous les joueurs et je leur dis qu'ils étaient les meilleurs tout au long de la saison. Vous avez honoré Chlef. J'espère que la fête va continuer avec d'autres succès Pensez-vous que l'ASO ait profité de la baisse de régime d'autres clubs habitués à jouer les premiers rôles en championnat ? Je ne suis pas d'accord, je ne pense pas que l'ASO ait profité de la baisse de régime de certains clubs de l'élite. L'ASO a dominé le championnat depuis le début de la saison. Elle est régulière, depuis plusieurs saisons elle joue le haut du tableau. Ce titre est le fruit de nombreuses années de travail. Avez-vous assisté à des rencontres de Chlef cette saison ? Chaque fois que les circonstances s'y prêtaient, je faisais un saut à Boumezrag pour assister à des matchs de l'ASO. Je ne voudrais pas finir cet entretien sans parler du coach qui laissé son empreinte. Benali «La politique de Medouar a été bénéfique pour le club» Etant un enfant de Chlef, que pouvez-vous nous dire sur le titre remporté par l'ASO ? Ce titre a réjoui l'ensemble des enfants de Chlef. Tout le monde attendait ce titre depuis longtemps, notamment après le retour du club en première division. Je pense que la politique de Medouar a été bénéfique pour l'équipe avec cette première couronne depuis 2005. Pourquoi la génération dorée de l'ASO n'a-elle pas remporté de titres ? A l'époque, il n'y avait pas de stabilité à l'ASO. Certes, on avait de bons joueurs, mais ils quittaient l'équipe pour aller faire les beaux jours des autres clubs. Je le redis, c'est grâce à Medouar que le club en est arrivé là. Le coach a apporté un plus à l'équipe… Ighil est un très bon entraîneur. Il a une forte personnalité, en plus de l'expérience. Il a déjà fait ses preuves là où il est passé, sans oublier qu'il a été sélectionneur national. Le recrutement était réussi… Oui, bien sûr, le recrutement a été une réussite pour le club. La direction a ramené un bon gardien, et il y avait une excellente défense menée par Zaoui Samir. Des joueurs comme Messaoud, Zaouche, Gherbi ou même Djediat ont su donner le plus à l'équipe. Il ne faut pas oublier aussi la présence de Soudani. Comment voyez-vous l'avenir de l'ASO en Ligue des champions? La stabilité qui règne dans cette équipe me pousse à être optimiste pour la Ligue des champions. Je crois que la ville de Chlef sera bien représentée. Megharia «La ville de Chlef doit être fière de son équipe» «C'est un grand évènement pour la ville de Chlef et ses habitants, qui doivent être fiers de ce titre amplement mérité. J'étais sûr, après un recrutement de qualité et la venue d'un entraîneur de la trempe d'Ighil, que le résultat allait suivre. Je pense que chaque joueur a contribué à ce sacre, mais je tiens à souligner le mérite de Zaoui que je considère comme un enfant du club après dix ans de fidélité. Il a su être un capitaine au sens propre du terme. A notre époque, c'était difficile de rivaliser avec les autres équipes qui étaient beaucoup plus fortes que celles d'aujourd'hui, même si on a terminé à deux reprises dauphins du champion. En plus, l'état du terrain de Chlef ne nous avait pas arrangés. Maintenant il faut penser à la saison prochaine, et l'ASO doit se préparer pour la Ligue des champions africaine pour confirmer son acquis.» Belgherbi «L'ASO pouvait même réaliser le doublé» «Je pense que la course au titre s'est résumée en un duel entre l'ASO et l'ESS, car le niveau de toutes les autres équipes est tout juste moyen. Ce titre a été acquis grâce à la politique des dirigeants qui ont recruté des joueurs d'un très bon niveau, mais surtout un entraîneur dont j'avais dit tout le bien à plusieurs occasions du fait que je le connais. L'ASO pouvait même réaliser le doublé cette saison.» Talis «Medouar et Ighil ont fait de l'ASO Chlef un club qui gagne des titres» «Nous sommes très contents de ce titre qui est le fruit de 14 années de dur labeur et de grands efforts consentis par le président Medouar, qui a su faire de l'ASO Chlef un club qui gagne des titres. En plus de l'apport assez considérable de Meziane Ighil, il a mis en œuvre sa longue expérience sur le terrain qui a fini par faire la différence.» Cheklam «L'ASO devait gagner le titre de champion d'Algérie» Farid Cheklam ne s'est pas retenu pour exprimer toute sa joie à la suite de la consécration que vient de connaître son ancien club : «Je ne vous cache pas qu'une immense joie m'a traversé à la suite de ce succès. L'ASO devait gagner le titre de champion d'Algérie depuis très longtemps parce qu'elle réalise de bons parcours.» En fait, l'ASO est l'un des clubs les plus réguliers du championnat. La saison 2010 est à mettre aux oubliettes. Et c'est sans doute pour rectifier le tir que les responsables du club ont mis les bouchées doubles cette saison pour éviter une mauvaise surprise. Résultat, Chlef a dominé le championnat. «Je suis content pour Zaoui» «Je suis très heureux pour Zaoui. Il a raflé le titre de champion d'Algérie avant la fin de sa carrière. Tout comme je suis heureux pour Messaoud, Soudani et les autres. Zaoui a été pour moi plus qu'un coéquipier, puisqu'il m'a beaucoup aidé lors de mon passage à Chlef.»
