Mounir Dob «J'ai assommé un juge de touche à l'aide d'un ballon !» Ramadhan à l'AJ Auxerre : la foi n'empêche pas la compétition Date et lieu de naissance ? 12 janvier 81, à Bamako. Un surnom d'enfance agréable et/ou désagréable ? Le Shah ! Quoi ! Le Shah d'Iran ! (Il rit franchement) Qui vous appelait comme ça ? Mon oncle. Pourquoi ? Quand j'étais petit, j'étais trop gonflé. Un peu bandit, quoi. A quel âge avez-vous commencé à faire le Ramadhan ? 11 ans et demi. Y a-t-il un rituel dans votre famille pour ceux qui jeûnent pour la première fois ? Je ne sais pas si c'est un rituel proprement dit, mais chez nous d'habitude, on vous prépare le plat de votre choix. Lequel ? Je ne me souviens plus. Ça remonte à loin… A quel âge avez-vous commencé à jeûner le mois complet ? Vers 14-15 ans. Que changez-vous dans vos habitudes durant le Ramadhan ? Le fait de ne pas manger. (Rires). Votre humeur change-t-elle avec le jeûne ? Non. Tranquille. Votre plat préféré ? Un plat d'ici. Ça m'étonnerait que vous le connaissiez. Ça s'appelle le Fakoye. C'est quoi au juste ? C'est une sauce aux feuilles de Fakoye avec de la viande de mouton … Vous permettez-vous des excès de sucreries et de fritures ? Pas trop. Je fais attention à ma ligne. Obligé ! Cherba frik ou vermicelle ? Plutôt la bouillie. Kalb ellouz ou zlabia ? Plutôt zlabia. J'aimais bien. Thé ou café ? Thé. Je ne bois jamais de café. Viande de veau ou mouton ? Veau. La honte de votre vie ? J'avais quinze ans. On se livrait avec les copains à l'école à un concours de VTT. Le jeu consiste en fait à sauter une barrière. Y avait beaucoup de monde. Je me suis pris un râteau ! Le comble, c'est que ma copine était présente. Un Shah qui était déchu ! J'avais honte (rires). De quoi êtes-vous le plus fier ? D'être l'enfant de mes parents. Qui vous a fait le plus rire durant le Ramadhan ? Mon fils. Un vrai blagueur. L'émission à ne pas rater ? Ma famille sur Africable. Qu'avez-vous fait de pire au mois de Ramadhan ? De ne pas dormir assez. En quoi dépensez-vous le plus votre argent ? Dans la nourriture. J'en achète beaucoup pour ma famille, les voisins, les amis. Si vous deviez changer trois choses chez les Africains durant le Ramadhan ? L'égoïsme, la paraisse et l'entêtement. A qui voudriez-vous que les lecteurs prient en ce mois de rahma ? A toutes les mères. A quel «ennemi» d'hier voudriez-vous présenter vos excuses en ce mois sacré ? Je n'ai pas d'ennemi, mais je veux dire quand même pardon à ma mère. Quel est le défaut que vous voudriez changer en vous ? Le manque de concentration. Que pensez-vous des gens qui jettent leurs sacs poubelles de leur balcon ? Je déteste. Ce n'est pas bien ça. Que pensez-vous de ceux qui dépensent plus qu'ils en gagnent en ce mois sacré ? C'est du gâchis. Il faut vivre selon ses moyens. Pourquoi, selon vous, les Africains se fichent de la saleté dans les rues ? C'est un état d'esprit. Ils pensent que c'est aux autres de le faire à leur place. Quel conseil aimeriez-vous donner aux conducteurs algériens ? Olala ! Il faudrait qu'ils révisent un petit peu le code de la route et d'aller chouia-chouia ! Votre proverbe préféré ? Il n'est jamais trop tard… Pourriez-vous adopter un enfant fi sabilillah ? Oui, je veux bien. Si vous aviez le Président de la république en face de vous, vous lui diriez quoi ? Je l'encouragerai, car il fait beaucoup de bien pour le pays. Saha f'tourek … Merci… Et un coucou à tous les Algériens. ---------------------- Mounir Dob «J'ai assommé un juge de touche à l'aide d'un ballon !» Mounir Dob est connu pour être quelqu'un qui perd son self contrôle durant le Ramadhan. C'est lui qui le dit : «C'est vrai que le jeûne a toujours eu son effet sur moi durant la compétition. La preuve, je collectionnais des avertissements lors des matchs que se jouaient durant le mois sacré. Mais le comble s'est produit au cours d'un match amical. J'étais alors au CAB. Je me souviens avoir fait un slalom puis centré, le ballon a ricoché sur l'arbitre et est sorti en corner. Paradoxalement, le juge assistant a désigné les six mètres. Excédé, je l'ai assommé d'un coup avec le ballon. J'ai été expulsé sur-le-champ. Encore heureux qu'il s'agissait d'un match amical. Au jour d'aujourd'hui, je ne sais pas de qui il s'agit, mais je tiens quand même, s'il se reconnaît, à lui présenter mes excuses. Que Dieu me pardonne !» ---------------------- Ramadhan à l'AJ Auxerre : la foi n'empêche pas la compétition Chafni, Coulibaly, Jemaa et Sidibé font depuis le 1er août, à l'instar de tous les musulmans, le Ramadhan. De fait, ils ne doivent ni boire ni manger, du lever jusqu'au coucher du soleil. Entre les deux, les quatre Ajaïstes s'entraînent et enchaînent les matchs. Des dispositions sont nécessaires, mais dans le respect de la foi. L'entraînement de 10 heures est traditionnellement le premier rendez-vous de la journée pour un joueur de l'AJA. Pour quatre d'entre eux, Kamel Chafni, Adama Coulibaly, Issam Jemaa et Amadou Sidibé, le quotidien commence plutôt bien en ce mois d'août, aux premières lueurs du soleil plus précisément. «Je me lève à 4h30 du matin, je mange, je prie puis je dors un peu jusqu'à 9 heures. Après seulement, je vais à l'entraînement», explique Adama Coulibaly, patron de la défense auxerroise. Cette rigueur matinale est dictée par les pratiques énoncées par le Ramadhan. Ainsi pendant un mois, les joueurs de confession musulmane doivent se plier au jeûne. Trois des quatre professionnels de l'AJA reconnaissent qu'il y a quelques «arrangements» dans leur pratique. Des aménagements inévitables Rares sont les joueurs qui appliquent strictement le jeûne du 1er au 31 août. «Je me lève à 4 heures pour manger car après, ce n'est plus possible jusqu'à 21 heures30, voire 22 heures en ce moment», confesse le milieu récupérateur Kamel Chafni. Du fait, entre autres, de la chaleur et de l'enchaînement des exercices physiques, les joueurs adaptent l'exercice de leur foi. «Suivant les semaines, on a des coupures. Par exemple, s'il y a un entraînement important ou plusieurs exercices intenses, alors je ne fais pas Ramadhan. Pareil lors des jours de repos, les veilles de match et le jour du match», précise Adama Coulibaly. Des dispositions rendues nécessaires qu'applique également son compère en défense, Amadou Sidibé. «Personnellement, je ne fais pas Ramadhan tous les jours. Quand je vois qu'il y a deux entraînements la même journée, je ne le fais pas.» Pour Kamel Chafni, l'hydratation prime. «Le Ramadhan est une obligation, même pour les joueurs de foot. Après, c'est particulier en ce moment, vu que c'est l'été. Il est possible de résister, donc de ne pas s'hydrater, mais quand la chaleur est trop forte, c'est nécessaire.» Une influence sur le physique ? Au-delà de l'organisation des uns et des autres pour conjuguer santé et foi, les joueurs interrogés reconnaissent de légères carences au niveau physique pendant la période du Ramadhan. «Physiquement, c'est très, très dur», lance Amadou Sidibé. Son coéquipier Kamel Chafni, de par son expérience, se montre plus pondéré. «Physiquement ça va, mais les derniers jours du mois d'août seront les plus difficiles, c'est sûr. Maintenant, j'en ai l'habitude. Cependant pour Karim Chafni, «chacun fait comme il veut.»