Zemiti : «J'ai manqué de respect à Ali Tahanouti» Date et lieu de naissance ? 4/1/1985, à Hydra. Surnom d'enfance agréable et/ou désagréable ? Alilou ras el kilou (rires). T'étais si turbulent que ça ? Même pas. C'est plus par rapport à mon prénom qu'on m'appelait comme ça. Je ne pense pas être le seul. Tous ceux qui s'appellent Alilou se sont vu coller ras el kilou. Ça te dérangeait ? Pas du tout, du moment que c'était pour rire. Lorsqu'on était petits, on aimait se lancer comme ça des surnoms. Personne n'échappait à ça. A quel âge as-tu commencé à faire le Ramadhan ? 10 ans. Je jeûnais une demi-journée ! De 8h à 12, puis le lendemain de 12h jusqu'au f'tour ! Y a-t-il un rituel dans ta famille pour ceux qui jeûnent pour la première fois ? Pas spécialement. A quel âge as-tu commencé à jeûner le mois complet ? 13 ans. Que changes-tu dans tes habitudes durant le Ramadhan ? Mes habitudes ont complètement changé depuis que je suis à Istres. Par le passé, je passais mes journées à dormir. Je ne me réveillais que très tard pour sortir un petit peu et rentrer pour le f'tour. Maintenant, je me lève à 8h pour l'entraînement. Je fais une sieste l'après-midi. Parfois, je sors faire du shopping, sinon je reste chez moi à jouer à la Play Station. Ton humeur change-t-elle avec le jeûne ? Pas trop. Je suis très calme, en fait. Ici, je ne suis pas du genre à gueuler toute la journée zaâma sous l'effet du jeûne. Il faut arrêter avec ça. Personnellement, j'ai un voisin qui découvre l'Islam pour la première fois. Il fait le Ramadhan cette année, et bah, j'essaye de lui donner à lui et à d'autres le meilleur visage de notre religion. Ton plat préféré ? Le couscous si vawen (avec des fèves, ndlr) Te permets-tu des excès de sucreries et de fritures ? Alors là, pas du tout. On est soumis à la pesée chaque matin, je n'ai donc pas intérêt à prendre du poids. Chorba frik ou vermicelle ? Frik. Je ne peux pas m'en passer. J'ai essayé la h'rira chez un coéquipier marocain, mais je n'ai pas aimé. Kelb ellouz ou zlabia ? Kalb ellouz. Ça doit te manquer ? Non ! Non ! Je le mange chez un Algérien qui tient un café ici. Thé ou café ? Thé. L'ben ou raib ? L'ben. Bagri ou ghelmi ? Ghelmi. De quoi es-tu le plus fier ? De mes débuts à Istres. Quel est le défaut que tu voudrais changer en toi ? Lorsque je vois quelque chose qui me plaît, je ne peux pas m'empêcher de l'acheter, quel qu'il soit prix. Je dois faire preuve de plus de retenue à l'avenir. Qu'est-ce que t'as fait de pire durant le Ramadhan ? Il y a deux ans, je me suis réveillé un après-midi. Il n'y avait personne à la maison. Je me suis dirigé tout droit vers le réfrigérateur et je me suis goinfré de yaourts et de croissons. J'avais oublié que c'était Ramadhan J'ai dû le rattraper plus tard. Emission télé à ne pas rater ? Akham N'dda Meziane sur la 4. Qui te fait le plus rire cette année ? Djam3i Family. La dernière fois que t'as pleuré et pourquoi ? Je ne m'en rappelle plus. Si tu devais changer trois choses chez les Algériens durant le Ramadhan ? Rouler doucement sur les routes. Ça tend à devenir un fléau. On recense tous les jours dans la presse des dizaines d'accidents. Il faudrait qu'on prenne conscience de ça. Lazem netrabaw chouia. Idem pour les agressions. Ça devient invivable à la longue. Pour qui voudrais-tu que les lecteurs prient en ce mois de rahma ? Pour tous les malades. A quel «ennemi» d'hier voudrais-tu présenter tes excuses en ce mois sacré ? A celui qui m'a agressé à l'arme blanche l'année dernière à Garidi. Je lui pardonne. Pour moi, l'affaire est close. Que penses-tu des gens qui jettent leurs sacs poubelles de leur balcon ? C'est un manque de civisme tout court. Je ne trouve pas d'autres mots. Que penses-tu de ceux qui dépensent plus qu'ils n'en gagnent en ce mois sacré ? Ce n'est pas bien. Il ne faut pas oublier qu'il y a des gens qui n'ont pas de quoi rompre le jeûne. Il faudra aussi penser à eux. Pourquoi, selon toi, les Algériens se fichent de la saleté dans les rues ? Va savoir ! Penses-tu qu'on va garder le métro d'Alger propre ou on va le salir comme nos rues ? Je l'espère. Le tarif idéal pour le ticket de métro et celui du tramway ? 20 à 25 DA tout au plus. Quel conseil aimerais-tu donner aux conducteurs algériens ? De rouler doucement. La citation préférée ? Ya rayah win m'safar t'rouh ta3ya wa twali Si tu avais le président de la République en face de toi, tu lui dirais quoi ? Je lui souhaiterais longue vie. C'est ce que je lui ai dit lors de la finale de la Coupe d'Algérie. Qu'est-ce qui te manque le plus durant le Ramadhan ? Mes parents. Alors saha f'tourek et à bientôt inch'Allah ? Saha f'tourek à toi aussi. ---------------------------- Sport et Ramadhan, ne cherchez pas la performance Le Ramadhan est l'un des piliers de l'Islam. Du lever du soleil jusqu'à son coucher et pendant tout un mois, les croyants ne doivent donc ni manger ni boire. Un jeûne qui s'accorde assez mal avec une pratique sportive intense. Plus particulièrement cette année, car il tombe en plein mois d'août, alors que les journées sont particulièrement longues et chaudes. «Dans la pratique sportive, le principe est de compenser les pertes, hydriques et énergétiques, pendant l'effort», expose le Dr Stéphane Cascua, médecin du sport à Paris. Or, ces pertes en eau dans certains cas, «peuvent atteindre jusqu'à 4 litres par heure», et le jeûne empêche naturellement cette compensation. «Les pertes hydriques entraînent une fuite de sels minéraux, ce qui augmente le risque de crampes. Et la plus grave est celle du cœur, qui se traduit par la mort subite. Le déficit énergétique existe aussi et peut conduire à l'hypoglycémie.» Performances altérées Hors des risques pour la santé, le jeûne affecte également les capacités mêmes des sportifs. «Les performances psychomotrices commencent à s'altérer à partir de 1% de déshydratation, et les performances musculaires à partir de 2%», poursuit le Dr Cascua. En tant que médecin du sport de l'équipe de football du PSG, il interdit d'ailleurs aux joueurs de pratiquer le Ramadhan les jours de matchs : «On est autorisé à reporter le jeûne quand on est souffrant. Or, le sport de haut niveau est équivalent à une maladie : il suffit de regarder le nombre de médecins présents sur un terrain !», plaisante-t-il. Les précautions à prendre S'il n'est pas question de rechercher l'excellence sportive au moment du jeûne, on peut vouloir poursuivre un entraînement doux pendant cette période, conciliant ainsi son entraînement avec le respect de sa croyance. Mieux vaut éviter la fin de journée, quand les déficits hydrique et énergétique sont les plus élevés. «Si les horaires le permettent, privilégiez des sessions d'entraînement matinales, plusieurs heures après vous être réhydraté. Et faites suivre cette session d'un petit-déjeuner copieux», conseille le Dr Cascua. Tout cela bien sûr avant le lever du soleil. Avec un jeûne qui débute aux alentours de 5 heures du matin, ce ne sera évidemment pas chose facile. Mais pas du tout impossible et après tout, c'est cela aussi le sacrifice... ---------------------------- Zemiti : «J'ai manqué de respect à Ali Tahanouti» Le regretté Ali Tahanouti, ancien président de la JS Bordj Menaïl, était un homme de bon cœur et de parole. Tous les joueurs qui l'ont connu sont unanimes à le reconnaître. Farid Zemiti, qui avait évolué à la JSBM au début des années 90 comme stoppeur, est le premier à le dire, avec même une certaine amertume. «Quelque temps avant son décès, je voulais quitter le club car j'avais reçu une bonne proposition venue d'ailleurs. Or, Tahanouti, Allah yerrahmou, ne voulait pas que je parte. Il était tellement intransigeant sur ce point que nous nous sommes disputés un jour au point que je lui avais manqué de respect. Quelques jours après, il a été assassiné», témoigne-t-il. Cette disparition soudaine lui laissera un goût d'inachevé. «J'aurais voulu lui demander pardon pour mon excès de langage, mais il est parti avant que je n'aie pu le faire. Je le regrette beaucoup car c'était un président juste, correct et qui a été toujours à l'écoute de ses joueurs. Que Dieu me pardonne !»