Le visage souriant de Karim Ziani signant des photographes et acceptant sans problème de prendre des photos avec les supporters émigrés a disparu dès l'arrivée des Verts à Alger et laissé place à un visage fermé. La folie qui s'est emparée de tout pays l'a en effet frappé au visage lui et ses frères de l'équipe nationale tout au long des 50 kilomètres qui séparent l'aéroport Houari-Boumediène à l'hôtel militaire de Blida. Alors que tous ses coéquipiers ont préféré s'isoler et ne plus accorder d'entretiens aux journalistes, Karim Ziani n'a pas voulu priver les lecteurs du Buteur de ses impressions. Il n'y va de mainmorte, appréciez ! Les supporters s'inquiètent toujours sur votre état de santé à quelques jours du match. Pouvez-vous les rassurer ? El Hamdoullah, je suis en possession de tous mes moyens et ma blessure n'est plus qu'un mauvais souvenir. Comme vous l'avez vu sur place, je m'entraîne normalement avec le groupe depuis mardi dernier tout en continuant les soins. Que les supporters soient rassurés, je ne ressens plus aucune douleur et, Inchallah, je serai sur le terrain dimanche soir. Vous étiez pourtant très stressé le jour où vous avez rejoit le groupe en stage… C'est normal que je sois stressé car je ne m'imaginais jamais rater ce match contre l'Egypte. En mars dernier, j'ai subi une opération chirurgicale que je pouvais bien éviter. Savez-vous pourquoi ? Pour ne pas prendre de risque par rapport au match de dimanche, un match que je ne voulais pas rater pour tout l'or du monde. Même si je ne voulais pas le montrer, j'étais angoissé à l'idée de rater ce match. Est-il vrai que vous avez pleuré le jour de votre blessure à la Commanderie ? (Il soupire) Je ne savais même pas ce que j'aurais fait si je n'avais pas joué ce match. J'étais prêt à tous les sacrifices pour être sur le terrain, d'ailleurs je vous ai déjà déclaré que j'étais prêt à jouer même avec une seule jambe. Tout ça pour un match contre l'Egypte ? Oui, car des matchs pareils on ne les joue pas tous les jours. Dans les meilleurs des cas, on les joue une fois tous les cinq ans. Le dernier match face à cet adversaire remonte à janvier 2004, soit plus de cinq ans. Quoi qu'on dise, Algérie-Egypte n'est pas un match comme tous les autres et pour cette raison que je ne voulais pas le rater sous aucun prétexte. Et puis, il y a un détail que je voudrais aborder. Lequel ? Après avoir joué la rencontre Algérie-Egypte de Sousse, je connais très bien la valeur de ce match aux yeux du peuple algérien. C'est pour cette raison que je ne voulais pas le rater d'autant plus qu'on va affronter le double champion d'Afrique en titre. Maintenant vous allez pouvoir jouer, comment voyez-vous ce match ? En Afrique, tous les matchs sont devenus difficiles, y compris contre les équipes qu'on dit petites, mais comme je l'ai toujours dit, je préfère affronter des équipes comme l'Egypte, le Cameroun ou le Nigeria que des équipes comme le Cap Vert, la Gambie ou le Seychelles. L'Algérien, c'est connu, aime se surpasser lorsqu'il affronte les meilleurs. Avec le caractère derby du match, vous allez découvrir des guerriers sur le terrain. Nous avons toutes les cartes en main pour les bousculer et les battre pour aller au Mondial. Pensez-vous vraiment que l'Algérie peut se qualifier en Coupe du monde ? (Il s'emporte) Si je n'étais pas sûr de nos chances d'Aller en Coupe du monde, je serais resté chez moi. Nous devons être dignes de la confiance et de l'amour du peuple algérien, nous devons entrer sur le terrain en pensant aux 35 millions d'Algériens qui seront derrière nous. Il n'est plus question de se contenter des seconds rôles et d'une qualification en Coupe d'Afrique, l'Algérie doit aller en Coupe du monde car rien ne nous manque. Les joueurs algériens évoluent dans les meilleurs clubs d'Europe et même les locaux sont de très bons joueurs et peuvent jouer sans problème en Europe. Des équipes moins fortes que nous comme le Sénégal, le Togo, le Maroc ou la Tunisie se sont qualifiées en Coupe du monde pourquoi pas nous ? Les Egyptiens aussi sont décidés à vous battre… Ça ne m'intéresse pas de connaître leurs états d'âme. Une seule chose m'intéresse : gagner même avec un demi-but. Attention, cela ne veut pas dire que je ne respecte pas l'Egypte, mais je ne crains personne. Même la pression sera sur eux après leur nul face à la Zambie car s'ils perdent chez nous, ils auront compliqué leur tâche. Quelles sont les clés de la victoire, à votre avis ? La conservation du ballon, la maîtrise des nerfs et surtout le public qui devra être notre 12e homme. Les Egyptiens vont nous provoquer, ça c'est sûr, mais c'est à nous de ne pas tomber dans leur jeu. Durant le match, chaque équipe va avoir ses moments forts, l'Egypte va sans doute nous dominer par moments et c'est là qu'on aura besoin du soutien des supporters. Comment avez-vous trouvé les joueurs à quelques heures de la confrontation ? Nous sommes tous gonflés à bloc et impatients d'être sur le terrain. Nous n'avons même pas besoin d'être motivés car nous le sommes depuis le tirage au sort. L'accueil des supporters à l'aéroport nous renseigne sur l'ambiance du stade dimanche soir. Les joueurs connaissent la valeur d'une victoire face à l'Egypte pour le peuple algérien, ils savent que la victoire sera une question de vie ou de mort pour ce peuple. Inchallah on ne décevra pas les Algériens. Ne craignez-vous pas un éventuel faux pas ? Je pars du principe qu'il faudra tout donner sur le terrain et que le soutien de nos supporters sera déterminant. Après, on ne pas deviner le futur. Il parait que Didier Deschamps vous a appelé pour vous dire qu'il comptait sur vous… (Il nous coupe) Croyez-moi, je n'ai même pas envie de parler de Marseille à l'heure actuelle. Depuis mon arrivée à Alger, je suis plongé dans le match de l'Egypte au point où rien ne compte pour moi à part la victoire. Après l'Egypte, on parlera de Marseille. Par quoi voulez-vous clore cet entretien ? Par un appel aux supporters algériens. Prouvez au mode entier que l'Algérien est un homme respectueux et ne sifflez pas l'hymne national égyptien. On doit leur donner une leçon à partir des gradins et sur le terrain. R. B.