Chamouska : «Si Halilhodzic avait vu Ziani, il l'aurait appelé sur-le-champ.» Karim Ziani, non convoqué en sélection nationale alors qu'il est valide et non suspendu, il y a longtemps que ça ne s'était pas vu. D'habitude, il fallait qu'il soit blessé assez gravement ou non concerné par le match à préparer pour qu'il ne soit pas convoqué à un stage. Là, il a disputé les deux derniers matches de son équipe, Al Jaish, même en relevant d'une blessure, mais Vahid Halilhodzic a décidé de ne pas compter sur lui pour le match face à la République centrafricaine, tout comme il a décidé de ne pas convoquer Ryad Boudebouz, pourtant l'un des joueurs les plus en forme de la Ligue 1 française en ce moment. Se passer des services du capitaine d'équipe du match précédent et du footballeur algérien le plus en forme du moment, il faut se prénommer Vahid pour le faire ! Dans un match sans enjeu, mieux vaut faire passer des messages ! Or, à bien y voir, le sélectionneur national poursuit un but bien précis à travers ces choix. Déjà, une chose est certaine : ce n'est pas suicidaire puisque le match face à la République centrafricaine ne comporte aucun enjeu sportif, la sélection algérienne étant pratiquement éliminée de la CAN-2012, sauf improbable miracle. Donc, les changements annoncés et programmés par le coach peuvent connaître un début de concrétisation à l'occasion de cette rencontre. Si la confrontation face aux Centrafricains avait revêtu un cachet décisif, il est certain que Halilhodzic se serait abstenu de prendre le risque de se passer de Ziani et de Boudebouz. En somme, il ne fait que profiter du contexte du prochain match afin de délivrer quelques messages à l'adresse du groupe de manière générale et de ces deux joueurs en particulier. Nul n'est intouchable, même si c'est le meilleur Le message envoyé au groupe est clair : nul n'est intouchable avec Halilhodzic, dusse-t-il être le capitaine d'équipe ou le meilleur joueur. C'est une manière d'appliquer un principe qu'il a ressassé aux joueurs et aux journalistes depuis sa nomination : le talent seul ne suffit pas. Il exige aussi une discipline sur et en dehors du terrain et une implication entière et sans faille dans la défense du maillot national. A travers sa dernière liste, il démontre clairement qu'il ne plaisante pas. Si l'absence de Boudebouz au stage de Marcoussis a été assimilée, par Halilhodzic, à un écart disciplinaire, la non-convocation de Ziani répond, elle, à un problème de discipline de jeu sur le terrain. Face à la Tanzanie, Ziani gardait trop le ballon «La dernière fois, Karim était le capitaine et il a été très positif. Cette fois-ci, il ne sera pas là et cela n'a rien à voir avec son comportement. S'il sera bon, il reviendra sans aucun problème.» Ainsi a expliqué le sélectionneur sur nos colonnes l'absence de Ziani au prochain stage, en plus de l'argument de son insuffisance physique du fait qu'il relève de blessure. Donc, il n'a rien à reprocher au joueur du point de vue de la discipline comportementale. Vraisemblablement, le problème est d'ordre strictement sportif. Il suffit de revenir à un propos tenu par Halilhodzic après le match face à la Tanzanie pour comprendre mieux son raisonnement : «On a mis en place une stratégie, mais nous n'avons pas pu l'appliquer. Le but encaissé a complètement faussé nos calculs. Nous avons été obligés de changer de stratégie et de courir derrière l'égalisation.» En revoyant le match, il apparaît clairement que la stratégie dont parle le coach –et elle nous a été confirmée par certains joueurs- était de profiter des assauts attendus des Tanzaniens vers l'attaque pour récupérer le ballon et se projeter rapidement vers l'attaque en 3-4 passes dans la profondeur ou sur les ailes à une seule touche de balle, histoire d'arriver dans le camp de l'adversaire avant que ce dernier ne parvienne à se replier. Or, Ziani avait tendance à garder le ballon durant plusieurs secondes au lieu de le donner vers l'avant, ce qui aurait irrité Halilhodzic. Après le but inscrit par la Tanzanie, cette tactique était devenue aussi obsolète qu'inutile. Boudebouz a trop perdu de ballons à Marrakech Pour Boudebouz, le message est le même, au-delà de ce qui lui est reproché par rapport à son absence au stage de Marcoussis : il faut qu'il sache que c'est Halilhodzic le chef et qu'il devra, une fois de retour en sélection, jouer aussi simplement et efficacement qu'il le fait avec son club, Sochaux. On se souvient qu'après le match face au Maroc à Marrakech, un journal marocain avait publié les statistiques individuelles de chaque joueur ayant participé à la rencontre (ballons touchés, passes données, passes réussies, nombre de kilomètres courus…). Une statistique a retenu l'attention : durant la seconde mi-temps qu'il avait disputée, Boudebouz avait perdu plus de 80 % des 17 ballons qu'il a touchés. Pour Halilhodzic, c'est un exemple d'indiscipline tactique à corriger, surtout qu'il a remarqué qu'avec Sochaux, il ne perd pas beaucoup de ballons. «Je ferai jouer Benzema lorsqu'il apprendra à jouer comme je le lui demande et non pas comme il le veut» Le message de Halilhodzic est là : ses joueurs, quels que soient leurs noms ou leurs statuts, sont tenus d'appliquer ses consignes et de jouer pour l'équipe. En cela, son attitude ressemble à celle appliquée par José Mourinho à son arrivée au Real Madrid à l'égard de Karim Benzema. Ce dernier, acheté à Lyon contre 38 millions d'euros et considéré comme l'un des meilleurs attaquants au monde, avait été non seulement mis durant plusieurs semaines sur le banc des remplaçants, mais l'entraîneur portugais ne s'était pas privé de l'égratigner ouvertement à plusieurs reprises dans les médias en répétant inlassablement : «Je ferai jouer Benzema lorsqu'il apprendra à jouer comme je le lui demande et non pas comme il le veut.» L'attaquant français, plutôt que de rouspéter, a préféré travailler pour se corriger et cela a fini par payer : il a effectué une très bonne phase retour et a inscrit, entre la Liga et la Ligue des champions, 21 buts au total, soit plus du double (9 buts) qu'il en avait inscrit la saison d'avant dans ces deux compétitions. Aujourd'hui, de l'avis même du sélectionneur de la France, Laurent Blanc, Benzema est bien meilleur et plus efficace qu'il ne l'était avant de travailler avec Mourinho. Il était un très bon joueur, il est devenu un grand joueur. Halilhodzic veut certainement s'inspirer de cet exemple pour «dresser» Ziani et Boudebouz afin de tirer le meilleur de leur incontestable talent en sélection. Intelligents comme ils sont, ils ont certainement compris le sens positif de ce message. ------------------------------------------- Chamouska : «Si Halilhodzic avait vu Ziani, il l'aurait appelé sur-le-champ» L'entraîneur d'Al Jaish, le Brésilien Chamouska, n'a pas tari d'éloges sur l'international algérien Karim Ziani, qui a fait un grand match avant-hier face à Qatar en championnat professionnel. Une rencontre qui s'est soldée par la victoire d'Al Jaish (2-1). Ziani, sans conteste le meilleur élément sur le terrain, a largement contribué à ce succès d'où, justement, les éloges de son entraîneur. «Ziani est l'un des meilleurs éléments du championnat. Aujourd'hui, en plus d'avoir accompli convenablement son rôle au milieu du terrain, il a également été décisif dans la récupération où il a joué un grand rôle en défense», s'est exprimé le Brésilien en fin de match. «Il a besoin d'un temps d'adaptation» Le coach d'Al Jaish n'a toutefois pas omis de souligner que son meneur de jeu n'est pas encore au top de son rendement, non pas parce qu'il éprouve des difficultés sur le plan physique, mais «parce qu'il a besoin de plus de temps pour s'adapter au jeu de l'équipe et pour qu'il ait une parfaite cohésion avec ses coéquipiers, et cela viendra avec le temps», explique Chamouska qui a tenu à rappeler que Ziani a rejoint le groupe tardivement. Surpris de la non-convocation de Ziani contre la RCA Concernant la mise à l'écart de l'ex-Marseillais du prochain stage des Verts et du match contre la RCA, l'entraîneur d'Al Sadd s'est montré un peu surpris de la non-convocation de Ziani qui, selon lui, mérite amplement sa place dans l'EN Algérie. «Si Halilhodzic avait vu Ziani aujourd'hui, il l'aurait appelé sur-le-champ», a-t-il dit.