Il était près de minuit ce samedi 14 juin lorsque Zoheir Djelloul reçoit un appel de son cousin d'Algérie qui lui annonçait avec toutes les précautions du monde le décès tragique de son jeune frère Smaïl, âgé d'à peine 35 ans. Une mort survenue dans un accident de la route à Meftah, après avoir été percuté de plein fouet par un autre poids lourd vers 16h00. C'était son premier et dernier jour de travail Smaïl Djelloul venait d'être recruté comme transporteur et entamait le jour-même son premier et dernier jour de travail. Le ciel lui est tombé sur la tête aussitôt en apprenant cette horrible nouvelle. Smaïl, son adorable frère avec lequel il partageait tant de choses, son complice de toujours, ne sera plus là à son retour à Alger. L'effroyable scénario que tous les voyageurs craignent venait de croiser le destin de l'entraîneur adjoint des Verts. Tous les joueurs sont allés le consoler dans sa chambre La nouvelle fait le tour de l'hôtel, d'une chambre à l'autre, et au bout d'une poignée de minutes seulement, l'ensemble des joueurs entouraient déjà Zoheir dans sa chambre pour lui apporter leur soutien et compatir à sa douleur. Inconsolable, Zoheir Djelloul trouvera refuge au sein du groupe et de son ami et chef, Rabah Saâdane, qui ne le lâchera pas d'une semelle depuis. Le cheikh usera de toute sa sagesse pour tenter de lui alléger cette douleur, en vain. Une lourdeur apparente à l'entraînement La nouvelle plongea la délégation algérienne dans une affliction totale. L'ambiance n'était plus la même au sein du groupe. Personne n'avait le cœur à plaisanter. Les visages se fermaient et ce groupe qui donnait l'impression de vivre ses meilleurs moments depuis quelques années s'est retrouvé comme freiné dans son élan de jovialité et de bonne humeur créé après la victoire contre l'Egypte. A l'entraînement, une lourdeur apparente avait pris la place de la joie dans laquelle baignaient les Matmour, Ziani, Yahia, Bougherra et les autres. Zoheir n'avait pas assisté aux séances d'hier, bien évidemment. Raouraoua lui a demandé de prendre le premier vol pour rentrer chez lui Les condoléances parvenaient de toutes parts, à commencer par celles de Mohamed Raouraoua qui a appelé le premier Zoheir Djelloul pour lui proposer de prendre le premier vol sur Alger pour être auprès des siens. Le président de la FAF l'a assuré de son soutien le plus absolu, le mettant à l'aise totalement pour prendre sa décision de quitter le groupe ou non. Sa mère lui a demandé de rester auprès de l'équipe Touché par toutes ces marques de sympathie, Zoheir Djelloul appela sa famille pour leur dire qu'il s'apprêtait à les rejoindre le lendemain. Mais au bout du fil, sa mère le pria courageusement de rester auprès de ses joueurs et poursuivre sa noble mission. Il a dû se résigner après ses sages paroles à rester parmi le groupe. Une décision qui a surpris et réjoui tout le monde. Surprise, parce que personne n'avait pensé qu'une maman qui venait de perdre un de ses enfants allait faire un geste pareil et privilégier la carrière professionnelle de son fils au détriment de la douleur familiale. Un geste qui restera gravé dans la mémoire collective, notamment celle de l'équipe nationale, tellement il a touché tous les joueurs. Zoheir ne savait sans doute pas l'effet qu'un tel geste allait avoir chez les joueurs. Ces derniers, revigorés par ce geste de seigneur, ont promis de jouer désormais aussi pour leur confident et tout faire pour gagner contre la Zambie, afin de lui dédier la victoire. L'ambassadeur lui transmet ses condoléances L'ambassadeur d'Algérie en Afrique du Sud, M. Benchikhi, a profité de la visite qu'il a faite à la sélection au Caldonian Stadium pour demander au sélectionneur Rabah Saâdane de transmettre ses condoléances à Zoheir Djelloul, tout en s'enquérant de ses nouvelles. Il a été soulagé d'apprendre qu'il a accepté avec foi ce coup du sort et que son moral va mieux. Saâdane : “C'est à mon tour de le soutenir” Durant la brève discussion qu'il a eue avec l'ambassadeur, Rabah Saâdane a déclaré que d'habitude, c'était Zoheir Djelloul qui le soutenait lorsqu'il faisait l'objet de critiques ou qu'il allait mal. “Je lui ai dit que cette fois-ci, c'est moi qui devais le soutenir et lui rappeler les vertus de la patience face aux tragédies”, a-t-il confié. “Zoheir est un homme croyant et fort et, inch'Allah, il surmontera cette épreuve”, a conclu le coach. F. A. S