«J'accueillerai Feghouli à bras ouverts comme coéquipier et comme compatriote» Alors que les matches amicaux contre la Tunisie et le Cameroun sont pour très bientôt, nous avons recueilli le témoignage de Anthar Yahia qui avait participé à un match épique des Verts contre la sélection camerounaise lors de la CAN-2004. Le défenseur international algérien se rappelle parfaitement de ce match qui avait vu l'Algérie faire sensation dans une CAN où on ne l'y attendait pas. Avant tout, saha aïdek à vous, qui jouez justement en Arabie Saoudite, là où des pèlerins musulmans du monde entier sont présents pour le hadj ! Saha aïdkoum à vous aussi et à tout le peuple algérien ! Je formule le vœu que cette grande fête soit porteuse de sérénité, de piété et de générosité parmi les musulmans de manière générale et les Algériens en particulier. Quant aux hadjis, je leur dis «hadj maqboul» (puisse Dieu agréer votre pèlerinage) et souhaite qu'ils reviennent parmi les leurs en bonne santé après avoir accompli comme il se doit un pilier essentiel de l'Islam. Vous allez affronter le Cameroun avec qui vous avez une histoire particulière puisque vous serez le seul défenseur rescapé de la sélection algérienne qui avait tenu en échec les Lions Indomptables à Sousse lors de la CAN-2004. Vous souvenez-vous de ce match ? Comment ne pas m'en souvenir ? C'est l'un des faits marquants du football algérien. A l'époque, la sélection nationale était en reconstruction sous la conduite de Rabah Saâdane et les observateurs ne donnaient pas cher de notre peau dans un groupe qui n'était pas facile (en plus du Cameroun, il y avait l'Egypte et le Zimbabwe comme adversaires, ndlr). Le Cameroun était tout simplement le champion d'Afrique en titre à l'époque et tout le monde nous donnait comme battus. Or, ces gens-là ignorent que c'est lorsque l'Algérien est acculé qu'il se surpasse et donne le meilleur de lui-même. Nous avions un groupe qui en voulait, constitué d'un mélange savant d'anciens et de nouveaux, et nous avons livré une prestation plus qu'honorable en tenant en échec les Camerounais. Avant le match, vous attendiez-vous à cette performance ? Nous savions que nous pouvions faire quelque chose car, dans le football, tout est possible. Nous avons donc joué sans complexe. Même après avoir été menés au score, nous n'avions pas renoncé et l'égalisation était venue naturellement. C'est dire la force de caractère qui nous animait. Vous aviez comme vis-à-vis un certain Samuel Eto'o, l'un des meilleurs attaquants au monde. Cela vous avait-il impressionné ? A l'époque, Eto'o commençait à se faire un nom dans le football international. Il évoluait à Majorque et il a été transféré au FC Barcelone trois mois plus tard. C'était vraiment un attaquant redoutable et ce n'était vraiment pas facile de le marquer. Nous nous sommes montrés très vigilants, mes coéquipiers et moi, et avons réussi à le neutraliser. Cela dit, la sélection camerounaise était tellement performante que le danger provenait de toute part et c'est pour cela qu'il faut mettre en avant notre performance collective de manière générale. Cela vous fera quoi de recroiser Eto'o la semaine prochaine ? Comme il y aura deux matches, je ne sais pas dans lequel le sélectionneur me fera participer. Si je jouerai face au Cameroun, je serai aussi appliqué face à Eto'o que je l'ai toujours été. Et puis, il n'y aura pas que lui à surveiller. Ce serait une erreur de se focaliser sur un seul joueur. Il y a de nombreux talents au sein de la sélection camerounaise, dont mon ancien coéquipier à Bastia, Alex Song (aujourd'hui à Arsenal, ndlr). Justement, il y a une anecdote au sujet de Song. Dans une interview que vous aviez accordée à l'un des envoyés spéciaux du Buteur à la CAN-2004, vous aviez déclaré que vous aviez gagné un pari que vous aviez fait avec lui… A l'époque, il était encore jeune et il n'était pas international camerounais. Avant de partir à la CAN, il m'avait assuré que nous allions prendre au moins trois buts face à Cameroun et il avait fait le pari que si nous ne perdrions pas par trois buts d'écart, il allait me cirer mes souliers. Après la CAN, à mon retour à Bastia, je suis allé vers lui et je lui ai donné mes souliers de foot à cirer. Le pauvre, il l'a fait (rires) ! Il a tenu parole et c'est tout à son honneur. S'il viendra à Alger, c'est avec plaisir que je le reverrai. Vous aurez aussi comme vis-à-vis l'attaquant Mohamadou Idrissou qui évolue cette saison à Eintracht Frankfurt et avec qui vous avez eu une prise de bec «psychologique» lors du match barrage entre Bochum et le Borussia Mönchengladbach… (Rires) Cela faisait partie de la guerre psychologique dans un match. Je l'ai juste chambré pour le faire sortir de son match et j'avais réussi, mais, en dehors des terrains, nous avons de très bons rapports. Lui aussi, je le retrouverai avec un grand plaisir. Ne pensez-vous pas que ce sont de genre d'anecdotes entre joueurs qui épicent une carrière de footballeur ? Oui, tout à fait. On se chamaille, on se chambre, on se jauge, on se provoque, mais toujours dans le respect et dans la courtoisie. Quelque part, cela fait partie du jeu. Vous allez entrer en stage pour les deux matches amicaux face à la Tunisie et le Cameroun. Peut-on dire qu'après les pépins physiques qui vous avaient fait rater les matches face à la Tanzanie et la République centrafricaine vous serez cette fois-ci apte à jouer ? Inch'Allah. Je me sens en pleine forme et je viens de faire un très bon match avec mon club, le Nassr, face à Al Shabab. El hamdoullah, je me sens bien et il me tarde de retrouver le groupe des Verts et jouer devant notre magnifique public. Nous sommes en phase de reconstruction et tous les matches sont importants dans l'optique de préparer une équipe performante pour les éliminatoires de la CAN-2013 et le Mondial-2014. Deux matches amicaux en quatre jours, c'est une première aussi pour vous… C'est vraiment une très bonne chose. Cela permet d'exploiter toutes les opportunités qui se présentent afin de fignoler la préparation de l'équipe. De plus, nous aurons deux adversaires de valeur, à savoir la Tunisie et le Cameroun, qui demeurent deux grandes équipes d'Afrique. Ce n'est pas parce qu'ils ne seront pas présents à la CAN-2012 qu'ils ne sont pas performants. Même l'Egypte, champion en titre, et le Nigeria n'y seront pas. J'espère que ces deux matches seront enrichissants pour nous. Ces matches verront l'intégration de nouveaux éléments, dont Sofiane Feghouli. Pensez-vous que l'apport de ce dernier sera précieux ? Oui, il peut apporter beaucoup. Je l'ai toujours dit : tout apport positif est le bienvenu. L'essentiel est l'équipe, pas les individus. Nous souhaitons la bienvenue à Feghouli et lui garantissons qu'il se plaira parmi les Verts. Comme vous l'a déclaré mon ami Madjid Bougherra, il se sentira comme s'il était chez lui dès le premier jour. En votre qualité de capitaine et de cadre de l'équipe, vous lui faciliterez la tâche, comme vous l'aviez fait avec les nouveaux qui étaient arrivés ces derniers mois ... Au-delà de ma qualité de capitaine et de cadre, je l'accueillerai à bras ouverts en tant que coéquipier et compatriote. C'est un joueur jeune et talentueux. Son intégration fait partie d'un processus de rajeunissement en douce de la sélection qui fait que la transition entre la génération actuelle et celle de demain se fera naturellement, sans accroc. Terminons avec l'actualité chaude : le sacre de Nadir Belhadj en Ligue des champions asiatique. Cette performance vous réjouit-elle ? Et comment ! Je suis vraiment très heureux pour Nadir. D'abord, parce que c'est un Algérien qui a réussi et, pour moi, tout Algérien qui réussit est une fierté pour le pays. Ensuite, il a démontré qu'on peut jouer dans un club des pays du Golfe et rester performant à un haut niveau. Nadir et Al Sadd ont éliminé des équipes très valables avant de remporter le trophée sur le terrain de son adversaire. De surcroît, ils vont participer à la prestigieuse Coupe du monde des clubs, au côtés des champions des autres continents. C'est la meilleure réponse que Nadir peut donner à ses détracteurs.