«Feghouli, je l'ai connu avec les jeunes de l'équipe de France, c'est un grand joueur !» Très heureux de la consécration de son ami Ryad Boudebouz, le milieu de terrain international français, Marvin Martin, livre ses impressions au Buteur à propos de cette distinction arrachée par son pote. Le meilleur passeur de la Ligue 1 française, l'année dernière, estime que ce Ballon d'Or remporté par l'Algérien de Sochaux est mérité. Marvin nous parle aussi de Sofiane Feghouli qu'il a connu en sélection des jeunes chez les Bleus. Votre pote Ryad Boudebouz est lauréat Ballon d'Or algérien 2011, un commentaire ? C'est totalement mérité, il n'y a rien à dire, je ne dis pas cela parce que c'est mon ami, mais c'est aussi l'avis de l'ensemble des votants pour ce Ballon d'Or. J'ai suivi les votes sur votre site Internet et j'ai vu qu'il était nettement devant. Je pense que si l'on regarde ce qu'il a démontré avec Sochaux et ses énormes qualités, je dirais qu'il aura été bien le meilleur cette année. Il était en concurrence avec Yebda, Djebbour, Mesbah et d'autres ; croyez-vous que cette consécration est logique ? C'est clair, moi je pense que Ryad est le joueur le plus régulier avec son club. Je ne connais pas beaucoup de joueurs algériens qui ont fait ce qu'il a réalisé à Sochaux cette année. Il n'a raté aucun match et il a été souvent décisif. Donc sur le plan purement individuel, il est largement le meilleur. En sélection, tout le monde a vu comment il a réussi son retour avec un but magnifique inscrit contre la Tunisie. L'avez-vous félicité ? Bien sûr, j'ai été très content pour lui. Ryad est passé par une période difficile, après sa mise à l'écart de Marcoussis. Comme vous êtes son complice, racontez-nous comment il a vécu ça ? On va dire qu'il a vécu très mal cette période. Quand on connaît Ryad, on sait que c'est quelqu'un de compétiteur, il a toujours envie de jouer et gagner, que ce soit en sélection ou en club. Ryad aime vraiment son pays, il ne parlait que de ça. L'avez-vous aidé à surmonter cette période ? Bien sûr, c'était un devoir. Qu'est-ce que vous lui avez dit exactement ? J'essayais de lui remonter le moral. Je lui disais qu'après tout, c'était juste un choix du coach pour une période bien définie, que ça arrivait à tout le monde et qu'il ne fallait pas paniquer ni douter, voilà. Il se comportait comment pendant cette période ? Il était franchement étonnant. Il n'a rien lâché, il se donnait à fond à l'entraînement et les jours des matchs. Il avait vraiment envie de retrouver la sélection, et c'est ainsi qu'il a réussi à marquer son retour par un but splendide contre la Tunisie. Avez-vous suivi ce match ? Non, je n'ai pas pu voir l'intégralité de cette rencontre, car j'étais en stage avec l'équipe de France. Mais j'ai suivi tout cela après. J'ai revu le soir même son but sur le Net et franchement, j'étais très content. Parlons de vous, on vous compare à Zidane, cela vous fait quoi ? Je n'aime pas trop les comparaisons. Zidane, il n'y en aura qu'un. C'est vrai que lorsque j'étais petit, je le regardais trop, je l'aimais beaucoup, c'était mon idole, mais je suis encore loin. Et puis, les comparaisons, ça n'aide pas trop le joueur. Vous vivez ça mal, on dirait ? Non, pas à ce point, j'essaye de faire abstraction de tout ce qui se dit et j'essaye de ne pas trop écouter. Non, ça va, je vis ça très bien Si on vous dit qu'en Algérie, vous avez des fans, vous diriez quoi ? Je ne sais pas trop, sincèrement… ! Mais c'est vrai, le fait d'être l'ami de Ryad Boudebouz et depuis qu'on vous compare à Zidane, on s'intéresse à vos performances aussi… Franchement, ça me fait plaisir. D'ailleurs, sincèrement, j'espère aller un jour en Algérie. Ryad m'en parle beaucoup, il me dit que c'est un très beau pays. Justement, on vous attendait à Alger avec Ryad, mais malheureusement vous n'étiez pas en mesure de venir… J'ai apprécié votre invitation. J'ai tout préparé pour être présent à ce rendez-vous, j'ai même établi mon visa, mais malheureusement, c'était difficile pour moi de me rendre à Alger sans l'autorisation des dirigeants de mon club. Et si on vous demandait de nous parler de Ryad, vous étiez avec lui au centre de formation, on veut savoir des choses sur son caractère, son comportement et tout… Ryad était un peu en avance sur tout le monde. Sur le terrain, il a toujours su surclasser les jeunes de sa catégorie. En dehors, c'était quelqu'un de mature, c'est ce qui lui a permis de vite grandir. Il a toujours su ce qu'il voulait. C'est un bosseur, il avait un fort mental, il était sûr de lui, et cela résume son fort caractère D'aucuns pensent que Ryad, qui est passé par les petites catégories de l'équipe de France, aurait pu facilement avoir une chance de porter le maillot des Bleus, s'il avait temporisé un peu, avant d'opter pour l'Algérie, surtout que vous formez un duo magique à Sochaux ; est-ce votre avis ? Concernant son choix, je peux vous dire que Ryad, même en étant jeune, songeait à jouer pour son pays d'origine. Après, c'est sûr, vu ses qualités techniques et ses performances actuelles, Ryad, qui est un joueur bourré de talent, aurait pu facilement prétendre à une place en équipe de France à ce moment bien précis de la saison. Il réalise de très belles choses en Ligue 1, il fait partie des meilleurs joueurs en France, donc sa convocation aurait été très logique et souhaitée. Parlons un peu de votre avenir, en votre qualité de joueur international, ne croyez-vous pas qu'il est temps pour vous de passer à un cap supérieur ? J'ai envie de vivre autre chose, je veux passer à un autre cap et disputer la Ligue des champions. Il y a beaucoup de choses à apprendre pour pouvoir préserver ma place en sélection. Parisien que vous êtes, vous avez un faible pour le PSG ? Non. C'est vrai que je suis parisien, je suis né là-bas. Petit, j'étais un supporteur du PSG mais après, que ce soit Paris, Lyon ou Marseille, ça reste de grands clubs qui sont présents régulièrement en Ligue des champions. On parle de vous en Angleterre et en Espagne et on croit savoir que vous préférez la Liga ? C'est vrai que le jeu très technique des clubs espagnols me fascine, mais en Angleterre, il y a de très grands clubs comme Arsenal et bien d'autres qui jouent bien au ballon. En Italie aussi. C'est pour vous dire que je n'ai pas trop de préférence. Feghouli, vous le connaissez ? Bien sûr, on était ensemble en jeune en équipe de France. Parlez-nous un peu de lui ? C'est vraiment un très grand joueur, un gentil garçon qui est très facile à aborder. Tout comme Ryad, il un très bon caractère. Il vient d'opter pour l'Algérie ? Je sais, j'ai lu cela sur Internet. C'est vraiment quelque chose de bien que des jeunes joueurs du niveau de Sofiane (Ndlr Feghouli) optent pour leur pays d'origine, ça va rendre votre sélection plus forte. C'est un Parisien comme vous, vous vous entendiez bien avec lui en équipe de France ? Oui, il est du 93 (région parisienne), on était très amis. Comme c'est un grand joueur, c'est toujours bien d'évoluer à ses côtés. Il était très gentil avec tout le monde, donc il était très apprécié. Attendez-vous à ce qu'il atterrisse dans un grand club comme Valence ? Bien sûr, il a fait partie des joueurs les plus doués de sa génération en équipe de France des U20. Je ne suis pas du tout étonné de le voir jouer dans un grand club. Vous êtes Barça ou Real ? Moi, j'aime le Real Madrid Vous êtes comme Ryad alors ? Absolument, on est potes, donc on partage les mêmes goûts (rires). Vous parlez entre vous deux d'un possible départ pour un même club ? Oui, on en parle souvent, mais bon, c'est l'avenir, on verra bien en fin de saison. On aimerait porter le même maillot l'année prochaine, mais là, nous sommes concentrés à fond sur Sochaux. Vous allez quitter Sochaux ? Je ne sais pas encore, mais il est temps de connaître d'autres sensations. On verra bien. Un dernier mot pour le public algérien ? J'espère que l'Algérie se qualifiera à la CAN-2013. Je leur dis rester derrière mon ami Ryad et de continuer à l'encourager, parce qu'il aime trop son pays.