«Sur le terrain, je m'entendais bien avec Nazef, Belkaïd et Bendahmane» «Bezzaz est passé à côté d'une grande carrière» Pourquoi être retourné au CRB par la suite ? C'était par reconnaissance pour ce que ce club m'avait donné et pour ses supporters qui, malgré les années, n'ont jamais cessé de m'applaudir à chaque fois que j'affrontais le CRB. Cependant, j'ai trouvé un climat pourri, avec des dirigeants qui ne connaissaient ni la valeur du club ni celle de ses enfants. Nous avons joué pour le maintien lors de la première saison. Celle d'après, les cadres de l'équipe qu'étaient Badji, Boudjakdji et Ali-Moussa sont partis, mais je suis resté par principe, bien qu'on ne m'ait pas payé l'intégralité de mon dû. Après, il y a eu l'installation d'un directoire constitué de personnes qui m'ont trahi et qui ne sont même pas des enfants du club. Je parle surtout de Ali Farah. Jamais je n'ai critiqué un dirigeant, mais s'agissant de lui, je n'hésite pas à affirmer haut et fort que c'est un menteur. Il avait promis de me remettre mon dû alors que j'allais me marier, mais il a laissé mon père poireauter une demi-journée pour rien. J'ai décidé alors de partir au CA Batna. Le porte-parole du CRB, pour salir mon image, avait déclaré aux médias que j'avais été libéré. Or, j'étais en fin de contrat et j'étais parti de mon propre chef. Avez-vous jamais vu un joueur en fin de contrat être libéré ? Comment a été votre second passage au CAB ? Avant de signer au CAB, j'avais fait un bref passage au RCK, un club qui possède un public connaisseur. A Batna, j'avais trouvé que les mentalités avaient changé avec le changement de dirigeants. C'est pour ça que je n'y suis resté qu'une seule saison. Puis, avec l'aide du regretté Mourad Abdelouahab, j'ai signé au WA Boufarik où j'ai découvert un public passionné par le football. C'était une expérience courte, mais très enrichissante. L'année d'après, j'ai rejoint les rangs du CS Constantine un peu par hasard. Comment cela s'est passé ? Un journaliste avait parlé de moi au président du CSC à l'époque, Mourad Mazar, qui m'a aussitôt appelé car il était à la recherche d'un attaquant. Il faut dire que Mazar avait tout fait pour m'enrôler en dépit de l'opposition de plusieurs personnes au sein de la direction et je l'en remercie. Nous avons fait une excellente phase aller, terminant à la deuxième place derrière le WAT et devant le MCO avec ses stars. Or, Mazar a détruit le groupe lors de la phase retour en créant la zizanie entre les joueurs et en les montant les uns contre les autres. De ce fait, nous avons raté une accession qui était largement à notre portée à cause des intrigues de Mazar, au grand dam du fidèle public du CSC qui ne méritait pas cela. Vous vous êtes senti chez vous au CSC ? Absolument. J'ai été adopté par les supporters et par la population constantinoise de manière générale. Je me suis fait de très bons amis, dont Adel et Akram. J'ai connu un public merveilleux, l'un des meilleurs en Algérie. C'est rare de trouver des supporters aussi fidèles qui suivent leur équipe partout où elle se déplace. Un mot sur le derby constantinois entre le CSC et le MOC ? C'est un derby qui n'a rien à envier aux derbies algérois entre le MCA et l'USMA ou entre le CRB et le NAHD. Il est haut en couleur et toute la ville en parle plusieurs semaines avant et après. En dépit de ce riche parcours dans différents clubs, vous n'avez jamais été appelé en sélection nationale. Pourquoi, selon vous ? J'ai été sélectionné chez les cadets, les juniors et même chez les Espoirs, participant aux éliminatoires pour les jeux Olympiques et les jeux Africains, mais je n'ai été convoqué qu'une seule fois chez les A quand Boualem Charef était sélectionneur. A ce jour, je n'ai pas compris pourquoi on ne m'a pas donné ma chance en sélection nationale. Lors de ma première saison à la JSK, j'avais inscrit 7 buts en 5 matches sans être convoqué, alors qu'un coéquipier qui n'avait inscrit qu'un seul but l'a été ! Jouer en sélection nationale m'aurait certainement ouvert les portes du professionnalisme. Quelle évaluation faites-vous de votre carrière ? La particularité de mon parcours est d'avoir marqué beaucoup de buts décisifs, que ce soit avec le CRB, avec mon but face au NAHD à l'âge de 19 ans, le CAB ou la JSK. De plus, en dépit de ma petite taille, j'étais bon dans le jeu de tête, un exercice que j'ai travaillé au CRB au contact d'un grand spécialiste du jeu de tête, Ishak Ali-Moussa. J'avais aussi le sens du but jusqu'à marquer dans des positions difficiles et dans des coins impossibles. Je pense donc que ma carrière a été positive, même si, milieu ingrat qu'il est, le football m'a fait sortir par la petite porte comme la majorité des joueurs, à l'inverse d'un Billel Dziri qui avait été honoré comme il se doit le jour de son dernier match. Pourquoi, par exemple, la direction du CRB n'a-t-elle pas invité ceux qui avaient remporté la Coupe d'Algérie en 1995 lors de la finale disputée il y a deux ans ? Nous avons joué à une époque où l'Algérie vivait une crise et nous avons contribué à ce que le pays reste debout. En revanche, j'ai trouvé la reconnaissance auprès des supporters, si bien que si je me rends à Batna, Tizi Ouzou ou Constantine, je sais que je serai très bien reçu. C'est le vrai amour, celui des supporters, et il vaut tout l'or du monde. Vous avez souvent marqué contre le MCA. Cela vous a-t-il engendré des problèmes avec leurs supporters ? C'est vrai que j'ai marqué contre le MCA que ce soit avec le CRB, la JSK ou le CAB, mais je n'ai presque jamais eu de problèmes avec les supporters. Je me souviens néanmoins d'une anecdote : au soir d'une large victoire 4-1 réalisée avec la JSK contre le MCA et où j'avais inscrit un doublé, je suis rentré à Alger avec mon frère Fodil et, sur le chemin, nous nous étions arrêtés dans un cyber en haut de la rue Didouche-Mourad. A la sortie du cyber, j'ai trouvé les pneus de ma voiture dégonflés, avec un groupe de jeunes pas loin qui nous observait. Vraisemblablement, c'était des supporters du MCA et ils n'avaient pas digéré que je leur marque deux buts (rires). Pourquoi le MCA rejette-t-il ses enfants ? Pensez-vous que le retrait de Sonatrach a porté préjudice au club ? C'est vrai qu'au Mouloudia, on n'aime pas les enfants du club. Apparemment, c'est une politique au sein du club. Je n'ai pas été le dernier enfant du club à avoir été poussé à partir. Il n'y a qu'à voir le peu d'attention dont sont entourées les jeunes catégories qui ne possèdent même pas un terrain propre à elles pour s'entraîner. Le retrait de Sonatrach a été une erreur et on le constate tous les jours. A mon époque, lorsqu'il y avait Sonatrach, il n'y avait jamais de problèmes de salaires ou de moyens pédagogiques. D'ailleurs, dans toutes les disciplines desquelles Sonatrach s'est retirée, le niveau a sensiblement reculé. Quel est le plus beau match de votre carrière ? Il y en a deux : la finale de la Coupe d'Algérie avec le CRB en 1995 et la demi-finale retour de la Coupe de la CAF face à Africa Sport en 2001. Le plus beau but que vous ayez inscrit ? Ce sont deux buts justement dans ces deux matches-là. Ils ont un point commun : je les ai tous deux inscrits de la tête et dans le même emplacement du terrain. Le meilleur entraîneur avec qui vous avez travaillé ? L'Irakien Ameur Djamil qui possède une grande culture tactique. J'ai aussi beaucoup appris de Mahieddine Khalef et Nasser Sandjak en dépit de la courte période de leur passage. Les meilleurs présidents ? Lefkir et Hannachi. Quelle est la particularité du public de chaque club où vous avez évolué ? Les supporters du MCA et du CSC ont les mêmes particularités : ils sont fidèles et très attachés au club, mais très exigeants au point d'être parfois excessifs envers leurs joueurs. Ceux du CRB sont forts à domicile, au 20-Août : quand ils commencent à chanter, ils donnent des ailes à leurs joueurs alors que l'adversaire sent déjà la défaite. Quant aux supporters de la JSK, ils ont toutes ces qualités en plus d'être reconnaissants envers les joueurs qui mouillent le maillot. Ils ont joué un rôle prépondérant dans les trois Coupes de la CAF que nous avons remportées. Le joueur avec qui vous vous entendiez le mieux sur le terrain ? Lahcene Nazef, avec qui j'ai évolué dans les jeunes catégories du MCA, ce qui a créé des automatismes dont nous avons su tirer profit à la JSK. Il y avait aussi Farouk Belkaïd et Lounès Bendahmane. Le défenseur qui vous a posé le plus de problèmes ? C'est Moulay Haddou. Justement, je profite de cette occasion pour le remercier d'avoir déclaré dans la presse que j'ai été l'attaquant qui lui avait posé le plus de problèmes. Je considère que Aziz Benhamlat et lui étaient les meilleurs arrières gauches de l'époque. Certes, je ne crains aucun défenseur, mais il me fallait beaucoup d'efforts pour le passer. Un joueur qui aurait pu aller loin, mais qui n'a pas brillé ? Incontestablement, Yacine Bezzaz. Il avait un potentiel fou et pouvait vraiment aller très loin en évoluant dans un grand club. Je pense qu'il est passé à côté d'une grande carrière. Y a-t-il un joueur avec qui vous vous êtes battu sur le terrain ? Généralement, j'étais très calme sur le terrain et je ne répondais jamais aux provocations. La seule exception a été une fois où j'avais craché sur un défenseur du RC Kouba parce qu'il m'avait craché dessus quelques instants auparavant. C'était le seul écart de ma part sur un terrain. Que devient Mounir Dob actuellement ? Après avoir terminé ma carrière de footballeur au NARB Réghaïa, j'ai entamé une carrière d'entraîneur après avoir obtenu le diplôme de deuxième degré. J'ai pris en mains quelque temps l'équipe de Draria où j'ai travaillé avec un groupe de jeunes qui a adhéré à mes méthodes de travail, mais je me suis retiré il y a quelques jours à cause de l'absence de moyens. Qu'en est-il de votre vie familiale ? Je suis père de famille. J'ai une épouse adorable et deux filles qui sont toute ma vie, Aya et Maria. Je profite de l'occasion pour les saluer. Je salue également toute ma famille, à commencer par mes parents qui m'ont soutenu durant ma carrière de footballeur, mes frères et sœurs ainsi que la famille éloignée à Texana, dans la wilaya de Jijel, dont je suis originaire. Ma carrière, je la dois aussi à cette région.